Chapitre 51 - Sommeil léger

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ISAAC

Pour qu'elle me rattrape plus facilement, j'ai préféré ralentir la cadence. À vrai dire ni elle ni moi ne sommes en position de courir durant des kilomètres vus le nombre de verres qu'on a bu. Lorsque je sens son souffle contre ma nuque et sa main qui m'agrippe l'épaule, je prends conscience que la tempête est déjà de retour.

Je m'arrête et me tourne pour lui faire face avant de recevoir un coup de sa part. Sa rage à mon égard semble plus forte que sa peine lorsque ses deux billes noires me mitraillent.

— Cali : Je te déteste ! Tu n'imagines même pas à quel point j'te déteste !

Comme si je ne l'avais pas remarqué. C'est sur que toi t'es beaucoup plus agréable, hein. Ça saute aux yeux...

— Isaac : Je sais, ouais. Mais si ça peut te rassurer, je ne suis pas fan de ton état non plus.

Cali redresse son visage face au mien tout en expirant assez fort pour me montrer son agacement. Sans rien dire, elle s'installe en tailleur en plein milieu de la rue sur les pavés humides.

— Cali : Rends... Rends-moi mon sac et pars loin de moi !

Je ne peux pas m'empêcher de rire nerveusement à l'entente de ses mots. Elle pense réellement que je suis un enfoiré au point de l'abandonner dans ces conditions à la vue de tous les détraqués qu'on peut rencontrer ?

Je lève les yeux au ciel avant de m'accroupir à sa hauteur pour qu'elle comprenne mon message.

— Isaac : Je vais te rendre ton sac, mais je ne te laisse pas seule ici.

À bout de force, ma jolie brune teste de me repousser. Je saisis l'opportunité pour la soulever et la bascule sur mon épaule. Forcément, Cali essaye de se débattre du mieux quel peu pour que je la descende. Tentatives de coups de pied accompagnés de ses putains d'index dans les côtes qui ont tendance à me crisper la mâchoire.

— Cali : Lâche-moi tout de suite ! Je te déteste. Je te déteste ! JE TE DÉTESTE !

Son cri me fait aussitôt changer d'avis, c'est l'heure de passer au plan B. Je la descends face à moi avant de coller son dos contre mon torse en appuyant ses lèvres à l'aide de ma paume de main. Sa respiration s'accélère, mais je ne cède pas.

Par la haine qui l'envahit, elle serre de toutes ses forces mon poignet afin que je la laisse tranquille. Pourtant, je sais très bien que ce n'est pas ce qu'elle souhaite. La preuve en est lorsqu'elle s'écroule de tout son poids contre mon thorax en explosant en sanglots.

C'est à cet instant que je lui fais confiance et que je retire ma main de ses lèvres afin de la tourner une nouvelle fois face à moi. Ses bras encerclent ma taille d'une intensité qui en dit long sur ses émotions. Elle ne fait pas semblant et laisse parler son cœur meurtri. Toutes ces raisons sont valables pour que je la serre davantage contre moi, il est nécessaire qu'elle se sente en sécurité à mes côtés.

— Isaac : Allez, viens... On rentre.

Son visage secoue timidement de droite à gauche pour prétendre à un non, alors qu'elle pense le contraire.

— Isaac : Si, si, on rentre.

— Cali : J'suis... j'suis pas fati... fatiguée...

— Isaac : Tu préfères continuer à te la jouer coriace ou récupérer ton sac ?

Elle essuie les dernières larmes mélangées à son maquillage contre mon sweat déjà bien trempé. Cette fois, mademoiselle me répond d'un hochement de tête positif. C'est à cet instant que je ne peux pas m'empêcher de la compresser davantage contre moi avant de lui déposer un baiser sur le haut de son crâne.

ALCHIMIE.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant