Chapitre 32 - Cherchons-nous amèrement.

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On entre dans la salle de jeu de Val. Cali détache sa main de la mienne face aux autres et ça me convient. Les regards sont rivés sur nous et ces trois visages me sont inconnus. Quant à la reloue, elle n'hésite pas une seule seconde à rejoindre son Superman au sein de cette méridienne orange. La brune et la blonde sont installées chacune sur un pouf XXL aux couleurs fluo.

En faisant abstraction du monde l'espace d'un instant, j'analyse les éléments qui m'entourent. J'avais oublié à quel point cette pièce située au sous-sol regorge de trésors et de souvenirs, tout en restant dans son jus. Les murs blancs ne sont plus visibles à cause de toutes ces photos, ces affiches de cinémas et les tas de billets de concert et de festivals qui y sont accrochés. Je remarque que le flipper Jurassic Park semble intact, contrairement aux fléchettes et au babyfoot qui ont été bien plus amortis. Le plus fou reste le pan de mur où est appuyé le canapé. Cette fameuse galaxie psychédélique peinte à l'aide des vieux rouleaux et pinceaux que son père nous avait filés. Je me souviens qu'on était totalement défoncé et qu'on se prenait pour des artistes. Avec les années qui se sont écoulées et avec le recul, je trouve qu'on n'était pas ridicule dans notre créativité. J'hallucine de voir que ce tapis géant en forme d'œuf au plat est toujours là, tâché par les innombrables soirées plus scandaleuses les unes que les autres.

Cali tapote mon épaule, ce qui me fait sortir de mes pensées.

— Cali : Tu te mets où ?

J'analyse vite la situation pour l'écarter de toutes formes de dangers. Il reste une place sur la méridienne et elle sera mienne. Il n'est pas envisageable que ma jolie brune se trouve à côté du gars qui se la joue mystérieux avec sa capuche sur la moitié de son crâne. En le fixant, je vois à quel point il dévore Cali du regard. Et je suis certain qu'elle ne s'en rend même pas compte. Ne t'en fais pas le ténébreux, ton sourire va s'estomper dès l'instant où tu m'auras à tes côtés.

— Isaac : Je te laisse le pouf, tu seras mieux installé.

Nathalie Portman affiche un rictus à la commissure de ses lèvres et se positionne face à moi pour s'exprimer sans être entendue.

— Cali : Bonne réponse, je n'avais pas envie que tu sois au milieu de ces jolies filles.

Sans que j'aie le temps de réagir, Cali compresse la dernière phalange de mon index avant de prendre place. Je ris discrètement suite à son action et m'installe à mon tour. Par politesse je fais un salut général qui m'est rendu et me présente pour savoir à qui j'ai affaire. Bien entendu, je ne parle pas des deux nanas en face de moi, mais de l'autre à la capuche.

— La brune : Moi c'est Victoria.

Sympa son déguisement de Mercredi Adams en version moderne. Un large sourire s'étire sur son visage et ses yeux vert bouteille pétillent. J'imagine que l'alcool doit couler dans ses veines depuis quelques heures déjà. En tout cas, j'ai l'impression que c'est la mode les brunettes à frange. Mais elle c'est une frange rideau, à la différence de Cali qui en a une pleine. Quoi qu'il en soit, ma Nathalie Portman est la plus canon.

— La blonde : Camille.

Une Harley Queen à la poitrine bien trop généreuse qui paraît bien plus triste que l'originale. La blonde aux yeux bleu océan s'amuse avec ses couettes sans me fixer un seul instant lors des présentations. Elle non plus ne semble pas être déterminée pour jouer. Mais je me demande bien ce qui la tracasse autant ?

— Le ténébreux : Jacob.

Lui non plus n'a pas de déguisement. Il me tend la main que je lui serre fermement sans lui offrir le moindre sourire. Il a une belle gueule et ça m'emmerde. Son visage fin à la mâchoire bien dessinée, ses cheveux épais et bruns en mode coiffé/décoiffé et ses yeux bien noirs... Ouais, je peux le considérer comme un danger ce connard ! En bonus, lui aussi à un putain d'anneau en argent à l'oreille.

ALCHIMIE.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant