Chapitre 23 - Parlons peu, parlons bien.

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Après les évènements de la veille, je me sens cafardeux. Moi qui d'habitude ne ressasse pas et qui m'en branle des conséquences, c'est une tout autre saveur aujourd'hui. Cette putain de saveur amère au fond ma gorge, celle que je hais le plus. Je m'en veux d'avoir été une pourriture avec Niko parce que c'est quelqu'un d'intègre et droit. Soyons clair, que ce soit Sasha ou moi on ne le mérite pas. Maintenant j'en ai conscience et je crois aux secondes chances.

Mon regard est plongé dans la série The Boys, mais moi je suis ailleurs. Je suis déconnecté et j'en prends connaissance dès l'instant où je me prends la fumée de mon joint dans l'œil. En me frottant les paupières, je repense à l'envoi surprise de Cali. Je n'ai aucune idée de ce qui m'attend au travers de cette lettre, mais je n'ai pas pu résister à lui envoyer mon adresse. Au moins, je serais fixé.

Pile quand j'attrape mon tél. celui-ci vibre, Jill m'appelle.

Conversation téléphonique :
Isaac : Salut DJ.
Jill : Ben... C'est quoi cette petite voix-là ?

Malheureusement, elle me connait assez pour détecter la moindre faille qui s'y présente.

Isaac : Y a pas de petite voix.
Jill : Tu sais, peut-être que tes disquettes ça fonctionne avec les autres, mais tu ne vas pas me la faire à moi.
Isaac : T'as mis ta casquette d'Inspecteur Gadget, c'est ça ?
Jill : Te fous pas de ma gueule, je ne suis pas un lapin de six semaines. T'es pas en forme depuis ton retour. C'est quoi le problème, c'est Cali ? Niko ? Ou alors t'es —

Quand DJ s'inquiète, elle dit tout haut toutes sortes de pensées qui lui traversent l'esprit. Et ça me prend plus la tête qu'autre chose. Sans y prêter attention, je compresse mon portable dès qu'elle enchaîne ses questions à la con.

Isaac : C'est bon passe, tu m'as pété le crâne.

Elle explose de rire.

Jill : Tu vois quand tu veux ! À tout de suite mon loup !
Fin de la conversation.

C'est une plaie lorsqu'elle s'y met. Si t'as une légère blessure, elle n'hésite pas à prendre le couteau pour l'ouvrir davantage. De son point de vue il faut libérer la parole pour être en accord avec soi-même. C'est à cause de ses bouquins et de ses vidéos spirituelles si elle est autant à fond. Moi ça m'emmerde. En conclusion, j'ai beau être balaise pour cacher mes émotions, avec elle ça ne marche pas.

En déposant la fin de mon pétard dans le cendrier, je sens mon portable vibrer.

Cali :
Bonjour toi 🙂. C'est bon, j'ai tout envoyé à l'instant. Je ne sais pas trop comment tu vas réagir, mais tant pis. Haha ! Il faut vivre en prenant des risques ! N'est-ce pas ?

Mon cœur s'agite et un sourire m'échappe à la lecture de ses mots. Le problème dans tout ça c'est que tu me fais poser des questions sur ce que je ne veux pas voir... Tout simplement parce que tu n'étais pas prévue dans mes équations. En prime tu m'intrigues et je n'arrive pas à te retirer si facilement de mon crâne.

Après avoir tourné à plusieurs reprises mon anneau argenté pendu à mon lobe, j'ai trouvé quels mots posés. L'humour, la curiosité et l'intrigue.

Isaac :
Tu m'as envoyé un colis piégé ? Haha... J'ai hâte de voir ce que tu me réserves en tout cas ! Sache que tu pousses ma curiosité à rude épreuve 🤔. Même si une partie de moi a peur de ce que ça pourrait être, pour être franc.

Cali :
Ha ha ha ! Oui c'est ça, comment t'as deviné aussi vite ? Hm, peur carrément ? 😞... Et je peux savoir pourquoi ?

J'écris et j'efface mon texto à plusieurs reprises. J'aimerais répondre spontanément comme d'habitude, mais je bloque. Je n'y arrive pas et ça me gonfle. Je balance mon tél. sur la table basse avant de m'affaler avec nonchalance dans mon canapé. Respire Isaac, tout va bien se passer.

ALCHIMIE.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant