Chapitre 17 : un souvenir indélébile S

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Le message de S résonnait en moi comme une sentence irréversible :

« Écoute Laura, ça ne va pas le faire entre nous. J'ai senti en t'embrassant qu'il n'y avait plus rien, à part de la déception et une grande tristesse. J'ai bien vu que c'était réciproque pour toi, ça n'avait pas l'air de t'atteindre. J'ai pris ma décision. Je ne veux pas qu'on réessaie, je crains d'avoir à nouveau mal. Je crois que nous ne sommes pas compatibles. Quand nous sommes ensemble, nous allons droit vers un chaos sentimental. »

En rentrant chez moi, j'étais en miettes. Ma mère, bien qu'elle n'ait pas pour habitude d'insister, avait vu sur mon visage que quelque chose n'allait pas.

« Tu n'as pas l'air bien, Laura. Tu veux en parler ? »
Je lui avais répondu d'un ton qui se voulait détaché, accompagné d'un sourire forcé :
« Non, ça va. Juste la fatigue de la rentrée, c'est tout. »

Derrière la porte de ma chambre, le barrage avait cédé. Mes larmes coulaient sans fin, et dans mes écouteurs, Midnight City de M83 tournait en boucle. Chaque note semblait calquée sur les battements douloureux de mon cœur. Les souvenirs avec S défilaient, précis et cruels. Je revoyais notre complicité, nos rires, nos discussions infinies. Tout cela se superposait à la réalité froide de sa décision.

Je me murmurais à moi-même des "Si seulement..." :
« Si seulement je pouvais tout recommencer... Si seulement j'avais fait les bons choix... Si seulement je n'avais pas été aussi naïve. »

Mais les  "si" ne changent rien. Et cette nuit-là, je me suis effondrée, engloutie par la douleur.

L'acouphène du vide

Quand S a fini par me bloquer, il n'y avait plus que le vide. Un néant oppressant qui s'insinuait dans chaque pensée, chaque instant de mon quotidien.
C'était comme un acouphène émotionnel, ce bruit incessant qui envahit tout. Pas un silence apaisant, mais un vacarme intérieur : des bourdonnements, des sifflements, des grésillements. Ce vide ne faisait pas taire la douleur, il l'amplifiait, comme un écho sans fin.

Le piège du cerveau

Et mon cerveau, pensant bien faire, m'a trahie. Il m'a fait oublier les disputes, les doutes, les instants difficiles. Il m'a laissé me souvenir uniquement des rires, des regards complices, des moments où j'avais l'impression que le monde tournait autour de nous.

C'est une mécanique humaine. Nous oublions la douleur pour survivre. Nous ne nous rappelons plus exactement la souffrance d'une fracture ou d'une chute. Nous gardons juste une image floue, édulcorée.

Avec S, c'était pareil. Mon cerveau me projetait des souvenirs lumineux, déformant la réalité, m'empêchant de tourner la page. Chaque image heureuse ravivait mon besoin de lui, me faisait douter de mes choix.

Une quête pour combler le manque

Je ne pouvais pas oublier S, alors j'ai essayé de compenser. Je voulais vivre, avec quelqu'un d'autre, tout ce que je n'avais pas pu vivre avec lui. Voyager, rire, partager des instants authentiques et sans fin.

Mais rien ne comblait ce manque. Rien n'effaçait la sensation d'avoir perdu une part de moi-même.

L comme ancrage

Pendant ce temps, L était toujours là, à la périphérie de ma vie. On s'appelait tous les soirs. Ce n'était plus de l'amour, ni même de la complicité. C'était une routine rassurante, une bouée à laquelle je m'accrochais pour éviter de sombrer complètement.

La lente agonie

Deux mois se sont écoulés, et je flottais dans un quotidien sans but, sans couleur. La Laura souriante et pleine de vie semblait avoir disparu. Mes amis le remarquaient, me demandaient si tout allait bien.

Et puis, un jour, j'ai croisé R. Un nouveau chapitre commençait, mais l'ombre de S était toujours là, tapie dans un coin de mon esprit, sifflement incessant de cet acouphène qui refusait de se taire.

Fragments d'un discours amoureuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant