Chapitre 24 : être Volage

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Évidemment, j'ai passé la nuit avec lui, blottie contre son torse, enveloppée de son bras qui semblait vouloir me garder toute entière près de lui. Sa peau portait encore l'empreinte de notre soirée, légèrement parfumée, mêlée aux effluves d'alcool qui flottaient toujours autour de nous.

Nous étions simplement là, nos corps enlacés, nos respirations s'accordant à un rythme apaisant. L'excitation était présente, vibrante, presque insoutenable, mais nous avons laissé le sommeil nous gagner. Du moins, c'est ce que je croyais, car V m'avouera plus tard qu'il n'avait pas fermé l'œil de la nuit, incapable de calmer son esprit, pris dans l'effervescence de ce qui nous arrivait.

L'écho de la culpabilité

Au petit matin, la culpabilité revint me visiter, comme elle le faisait à chaque fois. R était là, dans ma tête, fidèle et constant, mais tellement terne en comparaison. Avec V, tout semblait plus éclatant, plus vivant, comme si j'émergeais d'un long sommeil. Il me faisait ressentir à nouveau cette intensité qui m'avait manqué, ce feu qui consumait, mais illuminait tout sur son passage.

Et pourtant, cette lumière venait avec une ombre écrasante. Je savais que je trahissais quelqu'un qui ne méritait pas cela. Mais cet interdit, loin de me freiner, rendait tout encore plus grisant.

C'était tellement gratifiant d'explorer des territoires inconnus au-delà de simples baisers, de savourer le temps que nous passions ensemble, si précieux, alors que nos obligations respectives nous rappelaient à la réalité. V n'était qu'une échappatoire, me permettant de renouer avec celle que j'étais, avant.

Une complicité naissante

Les jours suivants, une sorte de routine s'installa entre nous. Chaque midi, je trouvais une excuse pour me rendre chez lui. Nous nous embrassions, nous lovions sur son lit, regardant des vidéos. Rien de plus ne se passait au début, mais déjà, son ami, qui partageait parfois ces moments avec nous, se fit de plus en plus rare. Je savais qu'il avait compris.

Pour le reste du monde, V et moi n'étions que des amis. Personne ne devait savoir, surtout pas nos camarades, car certains connaissaient R. Le moindre murmure aurait suffi à tout détruire, et je n'étais pas encore prête à affronter ce chaos.

Mais tôt ou tard, la vérité finit toujours par éclater. Elle grimpe lentement les escaliers pendant que le mensonge prend l'ascenseur.

Quand tout changea

Un après-midi pluvieux, nous avons séché un cours pour rejoindre son appartement. Nos pauses déjeuner étaient devenues trop courtes pour satisfaire ce désir insatiable de partager plus de temps ensemble.

Dès que nous sommes entrés, nos lèvres se sont cherchées. Cette fois, nous n'avons plus retenu nos gestes. Nous avons franchi une limite, et c'était grisant, terrifiant, irréversible.

Mais lorsque je suis rentrée chez moi, dans cet appartement que je partageais avec R, la culpabilité me rongea encore plus. Chaque pas dans cet espace commun semblait hurler mon infidélité.

L'apprentissage de l'intimité

Durant une semaine de stage commune, j'ai trouvé un prétexte pour rester chez V. Ces nuits ensemble nous offraient enfin une liberté totale, sans limites imposées par l'urgence du temps ou la peur d'être surpris.

Au début, notre complicité sexuelle était maladroite, V manquait d'expérience. Il me disait même parfois : « Peut-être que nous ne sommes pas faits pour nous accoupler. » Cette remarque m'avait arraché un rire, sur le moment.

Mais à force de découvrir l'un et l'autre, ces moments prirent une dimension nouvelle. Ils devinrent extraordinaires, non pas seulement par l'acte lui-même, mais par ce qu'ils représentaient : une libération, une redécouverte de moi-même à travers l'autre.

Et pourtant, à chaque instant partagé, je sentais que je détruisais quelque chose en moi, quelque chose d'essentiel, de moral. Je trahissais mes principes, mes valeurs, tout ce que j'avais cru défendre.

Une soirée marquante

Un vendredi soir, après une longue semaine de stage, nous avons décidé de sortir en ville. Avec R, ce genre de soirées n'existait plus depuis longtemps. Il détestait les fêtes, et encore plus les moments où l'alcool rendait tout plus léger.

Mais avec V, tout était différent. Nous nous sommes retrouvés dans un pub irlandais, enchaînant bières et conversations. Chaque mot échangé semblait ajouter une couche de complicité à notre relation.

Quand le bar a fermé, je ne voulais pas que la soirée prenne fin. Nous avons alors eu l'idée, un peu folle, de chercher un magasin encore ouvert. Nous avons trouvé un petit commerce de nuit, où un homme nous vendit de l'alcool dans des conditions presque clandestines.

Le canapé des confidences

Errant dans la ville, nos regards se sont posés sur un canapé abandonné, trônant au milieu d'un trottoir, étrange vestige d'une vie passée. Il ressemblait étrangement à celui de la série Friends.

Nous nous sommes assis là, nos bières à la main, échangeant nos pensées sous le regard intrigué des passants.

Il semblait que seule l'immensité du monde extérieur pouvait accueillir notre relation, car si nous nous conformions strictement aux normes sociales, je n'étais rien de plus qu'une infidèle trompant son copain.

Cependant, l'extérieur transcendait cette réflexion superficielle de la sphère sociale ; pour nous, nous n'étions que deux amants, partageant nos tourments aussi librement que nos bières.

Et puis vint l'heure de rentrer, à contrecœur.

Fragments d'un discours amoureuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant