Mon cœur s'emballe à nouveau, mais qu'advient-il de moi ?
Impossible de faire semblant, je le désire ardemment. Une tension s'est emparée de tout mon être, le désirant intensément.
Et pourtant, j'étais engagé dans une relation avec R.
Pourquoi ne pas quitter R, dans ce cas ?
Parce que nous partagions un appartement, parce que j'étais enchaîné par une dépendance affective pernicieuse, et qu'il n'y avait eu absolument rien entre V et moi.
Enfin... Je me le répétais autant que possible, persuadé que V n'était qu'un ami, que mes sentiments envers lui n'étaient qu'une illusion créée par mon esprit, lassé d'une routine écrasante.
Cependant, à mesure que les jours passaient, nos échanges par messages et nos rencontres quotidiennes chez lui avec un ami à lui se multipliaient.
Nous jouons à GTA et Call of Duty avant de retourner en cours.
Son ami, à un moment, sentit la tension sexuelle entre nous devenir si palpable qu'il préféra s'éclipser, nous laissant seuls.
Mon dieu, à quel point je fantasmais sur lui, c'était mon jardin secret, un trésor caché.
J'attendais avec impatience le lendemain, rien que pour le voir, et pour une fois, les lundis scolaires ne me semblaient pas une corvée, mais une opportunité de le retrouver.
Nos conversations se poursuivaient sans interruption, même les week-ends.
En rentrant à l'appartement avec R, j'avais l'impression de ne plus être qu'un meuble.
R était devenu un compagnon de canapé, et la routine avait effacé toute trace de romance, du moins de mon côté.
Nous ne discutions plus de rien, il était affalé sur le canapé, les yeux rivés sur la télévision. Je lui proposais régulièrement des activités pour rompre la monotonie, mais il déclinait systématiquement en prétextant la flemme.
"Non, la flemme."
Nous n'étions pas compatibles sur ce point.
Certains aiment la routine, moi, j'aime vivre des moments passionnés, sortir et m'amuser avec mon partenaire comme s'il était mon meilleur ami, et non mon acolyte de pantoufle.
J'avais besoin de cette instabilité pour ressentir la stabilité dans ma vie.
V était semblable à moi, et nous commencions à faire des choses insensées ensemble, surtout lors de nos soirées avec la classe les jeudis.
Je passais la nuit chez lui, sans que rien ne se produise entre nous.
Complètement éméchés, nous nous aventurions à faire des bêtises dans la rue, comme dérober des décorations de Noël.
En réalité, il n'y avait rien à l'intérieur de ces faux cadeaux, ma vision d'enfance est déçue de cette information.
Nous dansions et discutions jusqu'à l'aube, c'était extraordinaire, un véritable renouveau.
Pourtant, je ressentais de la culpabilité en pensant à R.
Il savait que je parlais à V, car je ne pouvais mentir ou dissimuler des choses. Il n'en parlait pas beaucoup, de toute façon, il ne parlait guère en général.
Mais la goutte d'eau de trop avec R survint lors de notre voyage à Amsterdam pour célébrer nos deux ans de relation.
Je lui avais simplement demandé de réserver un restaurant, une petite chose tranquille. Il ne l'avait même pas fait.
À notre arrivée, il évitait les discussions au bar, n'aimant pas parler. J'avais envie de fumer un peu, après tout, c'était Amsterdam, mais il refusait. J'ai fini par fumer seule, me rappelant avoir l'écran de la télévision qui diffusait une vidéo de nouilles asiatiques tout en étant complètement défoncé, tandis qu'il dormait.
Pathétique.
De même, j'ai dû le pousser à visiter des musées, il ne voulait rien faire, sinon marcher, en évitant à tout prix de parler.
Pour ma part, j'adorais discuter. Une fois, il m'a même dit : "Tu sais, tu pourrais te taire, on n'est pas obligés de parler tout le temps."
Pour moi, les silences étaient trop proches de la mort, je ne les supportais pas.
Je me suis dit à ce moment-là que si je serai partie là-haut avec V tout aurait été différent.
On aurait encore fait n'importe quoi et j'aurais arborer mon plus beau sourire à ses côtés, non pas cette mine boudeuse que j'avais avec R.
À ce moment-là, nous avons parlé avec V, tout au long de mon week-end à Amsterdam.
Il me manquait tellement, alors que nous nous étions quittés le vendredi.
J'avais bien entendu essayé de discuter avec R de son total désintérêt pour tout cela, mais ses réponses se résument à un silence pesant.
Et puis, après ce week-end catastrophique, deux semaines se sont écoulées et ça a été la soirée, la soirée de trop.
Celle qui se déroulait chez mes parents, avec R, des amis à moi, et V.
Vous sentez que les problèmes se profilent à l'horizon ? Bien que je n'en aie pas pris conscience à ce moment précis.
Nous avons commencé par boire quelques verres, puis beaucoup trop.
J'ai eu la "brillante" idée de proposer à tout le monde de se rendre jusqu'à l'aire de jeu située à 800 mètres de chez moi.
C'était devenu une habitude entre mes amis et moi de conclure nos soirées de cette manière.
C'était le moment-clé de la soirée, nous mettions la musique "Paname on arrive", complètement ivres, avec un flash à la main, et nous chantions à tue-tête dans la rue en nous dirigeant vers l'aire de jeu.
Il nous arrivait souvent de ne jamais atteindre cet endroit, car nous étions bien trop alcoolisés.
Comme d'habitude, R a décidé d'aller se coucher à ce moment-là. Il n'avait presque rien dit de toute la soirée, préférant rester plongé dans son téléphone.
Alors que, autrefois, il faisait des efforts, à présent, il ne montrait plus aucun intérêt. J'avais l'impression d'être acquise, au même titre que notre appartement et ses meubles.
Je découvrais son vrai visage, celui de la routine, et cela m'effrayait profondément.
Nous sommes donc partis, mes amis, V, et moi, en direction du parc.
Nous avions fait le pari avec V que je ne parviendrais pas à le faire vomir. Et, cette nuit-là, pour la première fois, il a fini par vomir.
Ne sous-estimez pas ma capacité à tenir l'alcool, malgré ma taille de 1m56.
Quoi qu'il en soit, nous sommes arrivés à l'aire de jeu, assis sur une rambarde du skate park, sirotant de la Cîroc à la cerise.
À ce moment-là, je ne sentais plus du tout ma gorge.
Mes amis ont commencé à suggérer que nous rentrions, mais V et moi étions complètement ivres, et nous continuions à faire n'importe quoi, à nous chahuter.
Et puis, je ne sais pas vraiment comment c'est arrivé, mais nous nous sommes embrassés.
En nous embrassant, nous sommes tombés... Nous sommes tombés, roulant ensemble par terre sur le sol, devant mes amis, qui étaient abasourdis et choqués par la situation.
Mais le pire était encore à venir.
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Fragments d'un discours amoureux
Romance« Suis-je amoureux ? Oui, puisque j'attends. L'autre, lui, n'attend jamais. Parfois, je veux jouer à celui qui n'attend pas ; j'essaie de m'occuper ailleurs, d'arriver en retard ; mais à ce jeu, je perds toujours : quoi que je fasse, je me retrouve...