L'air est lourd, chargé d'une odeur qu'il remarque aussitôt :
« Ça sent bizarre ici... »
Une pensée me traverse l'esprit : c'est l'odeur du sexe, cette empreinte intime et impalpable qui flotte dans l'air, inévitable et tenace.
Pour dissiper l'ambiance suffocante, il ouvre la fenêtre. Les volets laissent entrer une lumière éclatante qui m'aveugle brièvement, comme si la réalité s'invitait brutalement dans cette scène de faux-semblants.
Un au revoir encombré de culpabilité
R s'assied près de moi sur le lit, son regard lourd de mots qu'il s'apprête à prononcer. Je sais ce qu'il va dire. C'est la fin. Il veut mettre un terme à notre relation.
« On serait mieux en bas », lui suggéré-je, incapable de supporter ce moment ici, dans cette pièce où V se cache, tapi dans mon placard, à quelques centimètres de nous.Nous descendons au salon, fermant symboliquement la porte derrière nous pour entamer cette conversation longue et douloureuse. R m'offre un bouquet de tulipes et un ours en peluche en guise d'adieu.
Sa douceur et son attention rendent ce moment encore plus insupportable. Mes pensées ne cessent de revenir à V, enfermé dans mon placard, silencieux de ce qui se joue ici.
R me regarde avec une sincérité désarmante et s'excuse :
« Je suis désolé de ne pas avoir été à la hauteur. »Mais il l'a toujours été. C'est moi qui ne l'étais pas.
Sa bonté exacerbe ma culpabilité. Pourquoi suis-je incapable de lui rendre cet amour qu'il me donne ? Je ne suis pas celle qu'il mérite. Je ne suis celle qu'il ne faut à personne en ce moment.
Après deux heures d'échanges, nous nous disons au revoir. Il me demande un baiser d'adieu, que je lui donne, avec une étrange amertume. Il repart, laissant derrière lui le double des clés et un amour que je ne mérite pas.
Le secret dévoilé ?
Alors que je m'apprête à refermer la porte de notre histoire, un bruit sourd retentit à l'étage.
Mon cœur rate un battement.
« Il y a quelqu'un ici ? », me demande R, intrigué.
« Non, sûrement le chat », menti-je avec un aplomb fébrile.R semble hésiter, mais finit par partir. Pourtant, son silence, son regard... il semblait savoir.
La vie avec V : passion et chaos
De retour à l'étage, je découvre V, toujours recroquevillé dans mon placard, absorbé par un jeu sur son téléphone.
Il me regarde avec cet air détaché, comme si rien ne s'était passé.Après cet épisode, ma relation avec V devient une évidence, bien qu'elle ne porte pas encore le nom de « couple ». Il est la brèche par laquelle s'échappe une part de moi que j'avais oubliée. Il fait ressortir mes bons côtés tout en embrassant mes zones d'ombre.
Avec lui, tout est une fête. Nous fumons, buvons, rions, faisons l'amour. Encore et encore. Nos corps se cherchent partout, tout le temps, au point d'arriver régulièrement en retard en cours.
Cette passion frénétique nous pousse dans des situations embarrassantes. Sa mère nous a déjà surpris. Pire encore, sa propriétaire, entrant un week-end pour une visite d'appartement malgré ses refus, a trouvé notre lit défait et nos corps à demi-nus. Une honte absolue.
Mais malgré l'intensité de ces moments, une amertume persiste. V me demande souvent :
« Est-ce que tu m'aimes ? »
Je ne peux pas répondre. Je ne sais pas.Le poids du passé et l'illusion du présent
Nous partons en vacances au Cap d'Agde avec des camarades de BTS. Le soleil brûle ma peau et réveille une blessure enfouie. Je comprends enfin d'où vient ce vide en moi, mais je ne sais toujours pas comment le combler.
Je repense à cette nuit-là, au traumatisme que je n'ai jamais su nommer. Je repense à S, à ce que j'ai détruit par mes choix.
Je ne peux m'empêcher de me dire que je ne suis pas une bonne personne. Que je ne mérite pas l'amour qu'on m'offre. V comble un vide, mais il ne peut réparer ce qui est brisé en moi.
Allongée sur cette serviette de plage, sous un ciel bleu éclatant, des larmes silencieuses roulent sur mes joues. Pourquoi ressens-je cette culpabilité insidieuse ? Pourquoi ai-je l'impression que tout est de ma faute ?
La décision impossible
De retour de vacances, la réalité me rattrape. V me parle d'un appartement, d'un avenir ensemble.
Mais je ne sais pas. Je suis figée. Une part de moi l'aime, une autre le rejette.
Je suis là, entre deux mondes. Entre l'ombre et la lumière. Entre ma douleur passée et une vie que je n'arrive pas à reconstruire.
Et je reste ainsi, incapable de choisir, incapable d'avancer, attendant que le temps prenne cette décision à ma place.
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Fragments d'un discours amoureux
Lãng mạnLes souvenirs sont comme des éclats de verre : fragments éparpillés, tranchants, impossibles à assembler sans se blesser. Pendant longtemps, j'ai refusé de les regarder, de les toucher. Je vivais parmi ces morceaux éparpillés de ma vie, évitant soig...