4. F.U.D

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Nous sommes assisses dans le canapé devant un film depuis environ 1 heure, c'est calme.

Trop, le silence c'est le prologue des problèmes, le moment où tu prends dangereusement conscience que quelque chose se prépare ; que tu es stupidement prise au piège.

Car le silence n'est jamais vraiment un hasard.

Si j'ai horriblement pris conscience du poids du silence étant jeune, j'avais déjà remarqué l'étrange comportement de ma colocataire depuis une dizaine de minutes. Comme si un simple mot sorti de sa bouche pouvait la tuer. Moi, j'attends patiemment qu'elle se décide à me dire ce qui la rend nerveuse.

Soudain, elle se lève quelques secondes avant de se rassoir sans commentaire, mon regard se dirige vers elle avec un air interrogateur. Elle me voit et soupire, je prends la télécommande de la télé et fais pause sur le film avant de la reposer lentement et délicatement sur la table basse blanche.

Je me remets bien sur le canapé, et attends l'air de dire « je t'écoute ».

- Hier, il m'a passé son numéro et..

Je la stoppe dans son élan, je sais très bien de qui elle parle mais c'est déjà hors de question.

- Non, Asma.

Elle fronce les sourcils et rouvre la bouche pour continuer prenant soin d'éviter mon regard remplit d'un avertissement sans âme.

- Et il nous invite à une boite de nuit pas loin de la fac.
Ah non ! Je me suis pas ridiculiser pour revenir pleurer à ses pieds.

Trop c'est trop, je commence à m'enflammer en me levant du canapé en furie laissant sortir des jurons de ma bouche quand une phrase me fige nette.

- J'AI DIT OUI ! Gueule-t-elle au dessus de mon vacarme.

- T'as fait quoi ? Je-redemande frôlant la crise cardiaque.

- J'ai dit oui, redit-elle, plus sûre d'elle.

Je me laisse tomber sur le canapé en faisant passer mes mains sur mon visage, exténuée.

- J'en ai rien à faire c'est non.

Asma se lève et se met sur les genoux face à moi, les mains en prière prête à me supplier.

- Alleeeer s'il te plait Arte' ! On peut pas faire retour arrière alors que sa fait deux ans qu'on est là et que tout le monde pense qu'on est associables !

Mes traits de visage se durcissent, elle joue la mauvaise carte et je crois bien qu'elle en a conscience. Un sujet douloureux que j'aborde rarement parce que les autres pensaient avoir raison.

« Arrête c'est surmontable » « Elles sont justes jalouses » « C'est pour rire, crois moi, ça va passer »

Mon cul oui, qu'est ce qu'ils en savent eux ?

Jamais ils n'ont eu a vivre ça, jamais ils ne comprendront ce qu'on ressent. Jamais ils verront l'effet que ça fait.

C'est comme si tu disais à un condamné à mort ; « ce n'est pas douloureux, t'inquiète pas » qu'est ce que vous en savez ? Les têtes que vos guillotines ont coupées sont venues vous le dire peut être ?

Non !

- Tu te rends compte que tu a accepté l'invitation d'un mec bourré de fric qui nous fait des avances ? Et puis, vaut mieux avoir un petit groupe d'amis fidèles qu'un grand groupe de connards.

Elle secoue la tête et fait un signe de main en l'air comme pour balayer ce que j'avais dit.

- Je lui fais confiance, et tout le monde n'est pas horrible.

𝐇𝐔𝐃𝐒𝐎𝐍 - tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant