31. Le prix de la mort

91 9 0
                                    

Artémis Rozenn Hudson.

Mon père est mort. C'est pour ça qu'un rire résonne dans l'air.

Je crois bien que c'est le mien.

Je sens les mains de quelqu'un me pousser et je trébuche alors que mes jambes semblent fonctionner toute seules.

Je me relève, les genoux en sang, les larmes brouillent ma vue.

Je pleure ?

Pourquoi est-ce que je pleurerais ? Ma vie est digne d'un conte de fée.

Pourquoi tous en doute ? Parce que ton père est en vie.

Mais non. Moi je sais bien qu'il est mort. Je veux dire, il y a un corps dans le cercueil.

Et ma mère, elle, jamais elle se fera du mal sans raison précise.

Bien sûr que si il est mort, parce que durant toute ma vie je ne l'avais pas senti aussi vivant.

Il est partout, dans toutes les discussions, dans tous les meubles, dans tous les regards. Dans tous les bouquets de fleurs.

Je cours et je ne sais pas quand je m'arrêterai. Je cours et j'esquive des hommes en noir. Je cours et le seul mot qui résonne dans mon esprit c'est maman.

Maman ne m'aurait jamais menti. Maman ne serait pas capable de vénérer un homme en vie. Maman ne pourrait m'infliger cette souffrance.

Je sens l'odeur des plantes traverser mon corps alors que je me sens tanguer comme si mon bateau commençait à se faire engloutir.

Je porte mes mains à ma tête, alors qu'un cri de désespoir s'empare de mon corps.

Il est vivant.

C'est impossible.

Pourquoi il ne serait pas revenu ?

Pourquoi aurait-il falsifié sa propre mort ?

Il y avait des corps dans la voiture.

Des putains de cadavres.

Maman et lui s'aimaient. Je venais de naître. C'était sa voiture, son téléphone. Son portefeuille. Ses vêtements.

Il m'a donné mon nom.

Artémis.

Jamais il n'aurait du faire ça ; ça m'a brisé.

On ne peut pas abandonner sa fille à la merci d'une femme malade.

Il y a quelqu'un dans la tombe. Quelqu'un qu'on prie, me murmurais-je à moi-même alors que mes genoux flanchent.

Je laisse mes doigts tirer l'herbe comme si ça allait apaiser ma souffrance.

J'ai l'impression que tous les membres de mon corps me font mal. Il me tire, m'épuisent et pourtant je leur sens une énergie nouvelle.

On ne revient pas vivant de ce genre d'expérience.

Mon cœur menace d'exploser.

Alors pourquoi je le sens s'apaiser ?

Pourquoi je me sens mieux ?

Alors que mon géniteur est vivant.

C'est impossible, Artémis.

Il est mort.

Il est parti avec ma mère.

Pourquoi lui aurait-il le privilège d'en revenir sain et sauf ?

𝐇𝐔𝐃𝐒𝐎𝐍 - tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant