Chapitre 11 - Passé

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Je viens de rentrée du travail et je suis surprise par ma tante qui prépare le repas. Elle ne finit jamais avant moi habituellement. Je lui souris contente de la voir et m'approche d'elle. Elle me salue puis essuie ses mains avec le torchon avant de me serrer dans ses bras. Je lui rends son étreinte. Je range mes affaires et m'assois au comptoir pour l'observer cuisiner. Je n'ai aucune idée de ce qu'elle prépare mais ça sent bon. Elle coupe des carottes en face de moi quand elle entame la conversation.

- J'ai croisé ton petit-ami, aujourd'hui.

Le ton qu'elle a employé n'augure rien de bon.

- Vraiment ? Il m'a rien dit.

- Il ne doit probablement pas s'en souvenir. Il tenait à peine debout.

Je soupire. Il était défoncé. Depuis que son père l'a foutu dehors c'est la descente au enfer. Il est comme ça toute la journée.

- Je veux pas te faire la morale ma chérie, mais tu mérites mieux.

Je ris nerveusement.

- Parce que t'as jamais rien pris quand t'étais jeune ? T'étais une pogue après tout. Dis-je sur un ton moqueur.

- C'est vrai, il m'arrivait de fumer de temps en temps mais je ne touchais pas au drogues dures. Rétorque-t-elle d'un ton réprobateur.

Touché. Je suis curieuse maintenant de connaitre sa jeunesse.

- C'était comment ? Je veux dire vivre ici avec papa.

Elle plonge son regard dans le miens et prend une grande inspiration.

- Dur. C'était dur.

Je l'interroge du regard. Elle hésite avant de finalement se lancer.

- Pour ce qu'il s'agit de moi, j'étais une bonne élève, très sportive mais qui savais quand même s'amuser. Pas comme certaine pense.

Je pouffe de rire et l'écoute avec attention.

- Danny était un fêtard. Il a toujours été très intelligent mais l'école n'était pas pour lui. Il préférait arnaquer les touristes, c'était plus rentable. Mais il avait un tempérament colérique, il fallait pas le chercher. Dès qu'il y avait une bagarre, tu pouvais être sur qu'il en faisait partie.

C'était plutôt surprenant, mon père est du genre à toujours bien se tenir en société.

- Mais le plus gros problème qu'on avait c'était notre père... Un alcoolique et junky qui tapait sur tous ce qui bouge. Il a peu de fois levé la main sur moi grâce à ton père. Il s'interposer toujours. Et ils finissaient dans un état épouvantable, tous les deux. On a pas eu une enfance facile. Et j'imagine que les chiens ne font pas des chats. Et j'en suis désolée. Je n'aurais jamais imaginé qu'il reproduise les même schéma.

Je hausse les épaules. Personne ne pouvait le prévoir. Mais une autre question me vient en tête.

- Comment ils se sont rencontrés ?

Ma tante se mets à sourire.

- Ta mère était une touriste en vacances avec sa famille. Ils se sont rencontrés à une fête et ça a était le coup de foudre. Elle venait à peine de finir le lycée et pourtant elle se voyait déjà marié à lui. Elle a passé tout son été avec lui. Bien sûr ça n'a pas plus à son père, Sandra épousé le voyou du coin, il en n'était pas question. Mais Danny était déterminé. Ça a été long mais il a réussi à impressionner ton grand-père et il a demandé la main de Sandra. Puis il est parti vivre à Columbia et t'as eu quelque année plus tard.

Je souris faiblement à la suite de son récit.

- C'est une histoire digne d'un compte de fée. Si on ne connait pas la suite... Dis-je doucement.

- Mais c'est derrière toi maintenant. Tant que je serais là, ils te feront plus rien.

Je souris de plus belle et elle passe de l'autre coté du comptoir pour me serrer dans ses bras.

*

C'est ma pause du midi et je suis en train de prendre à manger pour Rafe et moi, au resto du coin. Je reçois un texto de lui au moment où je récupère la commande. Il me demande de le rejoindre à une adresse qui met inconnu. Je sors du resto et monte en voiture, j'entre l'adresse dans mon GPS et c'est parti.

J'arrive devant une maison à moitié sur pilotis. Elle est plutôt pas mal mais je ne vois Rafe nulle part. Puis je reçois un nouveau texto me disant d'entrée. Je fronce les sourcils et récupère le sac de nourriture puis ferme la voiture. Je me dirige vers l'entrée de la maison et la porte s'ouvre laissant apparaitre Rafe. Il me fait signe d'entrer ce que je fais puis il referme la porte.

- Où est-ce qu'on est ? Lui demande-je curieuse.

- On est chez les Glisten, ils sont partis en vacances alors la maison est libre.

Je soupire. Il me regarde en fronçant les sourcils.

- Quoi ? Dit-il agacé.

- Tu sais très bien. Si ma tante l'apprend tu vas avoir des ennuis. Déjà qu'hier elle t'as vu défoncer...

- C'est rien ça. Arrête de t'inquiéter.

Il dépose ses lèvres sur les miennes et m'embrasse doucement avant d'intensifier le baiser. Ses mains trouvant leur place sur mes hanches. Je me laisse faire mais finis par couper le baiser à contre cœur.

- Non, vraiment Rafe il faut que tu fasses gaffe.

Il soupire et recule pour s'éloigner de moi.

- Sérieux, elle pourrait t'arrêter !

- Elle le fera pas.

Je l'interroge du regard.

- Je suis pas n'importe qui Ivy, tu sais très bien comment ça marche.

Je soupire à mon tour et détourne mon regard de lui. Il s'approche de moi et attrape mon visage d'une main en serrant mes joues, je le fusille du regard mais ça l'amuse.

- Quoi, tu vas me dire que tes parents ont jamais payé pour couvrir une de tes conneries ou alors peut-être que les flic t'ont jamais arrêter parce qu'ils avaient la trouille de perdre leur job. Arrête de renier tes origines Ivy.

Je repousse sa main. Et le regarde avec mépris.

- Ouais, c'est ça fait moi la gueule parce que j'ai parlé de tes parents. Ils font partie de ta vie il va falloir que tu l'accepte.

Je détourne mon regard et ramasse le sac de nourriture à l'entrée.

- Voilà ta bouffe, bon appétit.

Je pose le sac sur le buffet et me tourne vers la porte d'entrée.

- Tu restes pas ? Me demande-t-il perdu.

- Vraiment ! Dis-je en me tournant vers lui.

Il a l'air de vraiment pas comprendre. Je commence à comprendre ce que ressentais mes amis quand j'étais défoncé à longueur de journée.

- Restes, s'il te plait ?

Je soupire tout en le regardant. Il y a deux secondes, je l'aurais volontiers frappé mais là, il a l'air si vulnérable.

- Je voulais pas te blesser Ivy.

- Je sais...

- Je le pensais pas.

- Je sais...

- Je veux pas être sans toi. C'est notre moment à nous le midi. C'est le seul moment où je suis bien. Je t'en prie ?

Je soupire une dernière fois.

- D'accord...

Un sourire illumine son visage et je ne peux m'empêcher de sourire à mon tour. Je récupère le sac de nourriture tandis qu'il s'approche de moi avant de passer son bras autour de mes épaule. Il nous emmène dans le salon pour qu'on puisse enfin manger. 

Ne construis pas ta vie autour de lui- OBX Rafe CameronOù les histoires vivent. Découvrez maintenant