Chapitre 70

323 31 7
                                    

Point de vue inconnu :

C'était le genre de temps où on attendais déjà l'hiver. Nous entrons bientôt en novembre. Et je suis là. A nouveau. Dans ma ville. Dans notre ville. L'eau a coulé sous les ponts. Je ne me sens plus tout à fait chez moi. C'est sans doute l'effet que procure des années d'absence.

Je sens les brise marine, la brise des vagues et qui doucement s'échoue sur les rochers. Quand je franchis le seuil de la maison le sentiment d'être un étranger s'évapore, laissant place à la nostalgie. C'est comme si c'était hier. Contrairement à dehors, ici tout est comme avant. Rien à changer. Chaque détail, aussi petit soit-il, est fidèle au passé. Cette maison est décidément un pont qui relie ces vingtaines d'années passées et moi à présent.

Il y a toujours cette odeur de poussière sur la tapisserie. Ce canapé marocain qui a survécu à nos batailles. Cette télé vieille comme le monde qui diffusait tout en noir et blanc.
Je m'avance dans la salle de séjour en passant le doigt sur la commode en bois de rose qui contenait la porcelaine des invités.

Je suis revenu pour une seule raison.
Pour l'attendre. Elle.

Tous mes plans, mes manigances, mes précédents complots ont mené à ce moment. A cet instant précis. Dans ce lieu, où je guetterai chaque seconde jusqu'à ce qu'elle vienne.

Alors ainsi je pourrai dire que j'ai tout accompli et quitter ce monde en paix.

Point de vue de Lahina

Enfermée dans la chambre d'hôtel je n'ose plus en ressortir depuis l'incident. C'était hier. Encore trop frais pour que je puisse profiter de cette ville active. C'était aussi trop violent. J'ai l'impression que si je quitte cette pièce, je n'aurais aucune protection face à ces filles mondaines qui doivent toutes me détester.

J'entends trois petits coups qui me font frémir. Je sais que ce n'est ni Giovanni, ni le room service qui vient de passer. Hésitante, je colle mon oreille à la porte. Une éternité plus tard je me décide à ouvrir.

- Est-ce que je peux entrer s'il te plaît ? A t-elle dit d'une voix non assurée. Elle a dû percevoir la lueur sceptique dans mes yeux puisqu'elle ajoute:
- Je t'en supplie. Pitié.

Je lui cède allégeance et l'invité à prendre place sur le coin canapé dans lequel j'étais si bien installée avec mon livre avant qu'elle n'arrive.
- Je suis terriblement désolée pour ce qu'il s'est passé hier. Je... n'ai aucune excuse. A part celle d'être amoureuse.

Les larmes pointent les yeux de Maïté si joliment maquillée. J'éprouvais de la peine. Une peine qui remplace aussi tôt la rancune que j'avais envers elle.
Être amoureux. Ça semble pouvoir tout excuser. Je suis la mieux placée pour la comprendre. J'ai fait bien pire par amour. Bien pire.
- J'imagine que tu dois me juger car ce n'est pas de mon mari dont je suis aussi amoureuse.  Mark Olivier, je l'aime bien. Évidemment, sinon, je ne serais pas entrain de me marier avec lui. Mais ce n'est et ne sera jamais à la hauteur de mon amour pour Alexandre.

Elle pleure devant moi sans que je ne sache quoi faire. La consoler sans doute sauf que je ne suis pas douée pour ce genre de chose. Alors je me contente de lui adresser un sourire compatissant en lui tenant la main.
- Et quand je t'ai vu au téléphone avec lui entrain de lui dire que tu l'aimais. Je n'ai pas réfléchi. Je t'en pris, pardonne moi.
- Je ne t'en veux pas. En tout cas, je tiens à être clair. Je ne suis pas amoureuse d'Alex, je suis juste très proche de lui.

Mon cœur n'appartient plus qu'à Giovanni. A lui seul.

- On est si proche que ça peut porter à confusion. Je suis au courant pour votre histoire et je suis désolée pour vous. Pour toi, surtout. Tu te marie alors que ton cœur appartient à quelqu'un d'autre.

Mariée de force pour sauver ma familleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant