Partie I - Chapitre 1 - Jour 2

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Hermione reprit connaissance longtemps après le choc. Elle n'avait même pas encore ouvert les yeux que, déjà, les images violentes des dernières heures fusaient dans sa tête :

Les corps déchiquetés.

Démembrés.

Éventrés.

Les jeunes sorciers criant de terreur en voyant leurs camarades tomber un à un.

Les géants piétinant tout sur leur passage.

Les araignées grouillant par dessus les piles de cadavres qui s'entassaient déjà.

Les loup-garous entaillant maintes et maintes gorges innocentes.

Les sortilèges fusant de toute part, tels des feux d'artifices assassins.

Et Lord Voldemort, ses yeux rouges ressortant sur la pâleur de son visage inhumain. Ses longues robes noires tachées de sang et de poussière blanche flottant derrière lui. Son sourire, parfait reflet de la noirceur et du sadisme qu'il abritait, s'étirant à chaque nouvelle victime dont il arrachait la dernière parcelle d'âme.

Et Rogue.

Ses premières pensées furent à son égard. Revoir son cou lacéré par Nagini, le voir se vider de son sang, agonisant dans le hangar à bateaux.

Et elle, impuissante, car le sortilège de Voldemort surpassait toutes les sortes de sortilèges médicaux. Les premiers soins qu'elle continuait d'appliquer inlassablement ne faisant que retarder de quelques secondes le moment fatidique. Ce moment qu'elle redoutait depuis longtemps, le moment où son âme glisserait hors de son enveloppe corporelle pour aller rejoindre les nombreuses autres emportées par cette nuit meurtrière.

La Gryffondor espérait naïvement qu'il avait survécu grâce aux premiers soins qu'elle avait pratiqué. Mais au fond d'elle, Hermione savait pertinemment qu'ils n'avaient pas été suffisants et, qu'à moins d'un miracle, il était probablement mort ou agonisant en attendant que le poison ne contamine la dernière goutte de son sang. A cette pensée, une larme solitaire roula sur sa joue.

Ils ne pouvaient pas le perdre.

Ou plutôt, elle ne voulait pas le perdre. Severus Rogue méritait de recevoir la reconnaissance qui lui était due pour ses nombreux sacrifices. Peut-être pourrait-il avoir un procès honnête et ensuite se retirer pour une vie tranquille ? Il pourrait ainsi profiter d'une liberté entièrement méritée et surtout, personne ne pourrait plus lui dicter sa vie, ni ses choix.

La Gryffondor se sentit à nouveau partir et se laissa entraîner sans opposer de résistance dans les bras de Morphée, espérant un sommeil réparateur. Elle s'éveilla en même temps que les rayons du soleil qui la réchauffèrent agréablement.

Hermione se releva lentement et s'adossa contre la grosse racine qu'elle avait heurtée la veille en tombant. Étrangement, aucune plaie, ni contusion n'ornait sa nuque, et l'ensemble de son corps semblait en parfaite santé. Aucune égratignure ni cicatrice n'était venue s'ajouter au détestable souvenir de Bellatrix Lestrange sur son avant-bras.

Prêtant attention à l'environnement autour d'elle, la Rouge et Or s'aperçut qu'elle avait atterri dans une grande clairière lumineuse, tapissée d'un épais tapis d'herbe drue. Repensant au château, l'idée d'être dans la Forêt Interdite effleura son esprit mais fut bien vite balayée par le manque de concordance entre les deux paysages. Cette forêt ne convenait pas.

Peut-être était-ce une partie assez éloignée de la lisière où elle avait l'habitude de se promener ?

Autour d'elle, aucun grand arbre noir se dressant jusqu'au ciel, aucune immense racine abritant une tribu d'araignées géantes. Ni même d'immenses chevaux squelettiques, présages de mort.

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