Partie III - Chapitre 23 - Jour 49

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Hermione s'était sentie attirée par une paire de bras puissants auxquels elle s'était cramponnée de toutes ses forces pendant que le voile froid les engloutissait, la main de la peur étranglant ses entrailles.


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Moins d'un quart de seconde plus tard, ils avaient atterri sans encombre et toujours enlacés dans un immense jardin boisé sous un ciel menaçant.

Décidément, chaque voile amenait sa tempête, pensa le maître des potions en avisant au loin les nuages déjà lourds de pluie.

Le Serpentard libéra Hermione et projeta un regard fatigué sur les alentours. Plusieurs petits bosquets d'arbres disséminés par-ci par-là les entouraient, de toute évidence rien de dangereux mais quelque chose retint son attention : leur arrangement n'était pas naturel, ou plutôt, ils semblaient avoir été disposés de cette manière pour tenter de paraître naturels.

Et il ne connaissait qu'un seul endroit dans ses souvenirs où la moindre trace de naturel avait été soigneusement calculée : le Manoir de la famille Prince, duquel il avait hérité bien des années avant.

Situé dans le sud de l'Angleterre, le vieux manoir, maintenant en ruine et totalement laissé à l'abandon, avait été construit par deux de ses ancêtres. Ces derniers, poussés par la volonté de l'époque de vouloir des jardins parfaits, s'étaient inspirés de la régularité de ceux à la française, mélangée au désordre anglais afin de donner une nature parfaite.

La demeure était passée de génération en génération jusqu'à parvenir dans les mains de sa mère : Eileen Prince. Severus se souvenait avoir passé les premières années de sa vie dans ce manoir, le temps que son père dilapide la fortune de sa femme en jeux et alcools, puis ils avaient déménagé à l'Impasse du Tisseur. Mais Tobias Rogue n'avait pas hésité à les y renvoyer plusieurs fois lorsque les nombreux coups portés à sa femme se faisaient trop voyants. L'enfant aux cheveux noirs avait donc passé des journées entières à parcourir l'immense jardin, regrettant de ne pas pouvoir y emmener Lily.

"- Nous sommes chez moi, prononça-t-il simplement d'une voix lasse.

- Mais je pensais que...

- C'est un Manoir de famille, la coupa-t-il.

- Oh, je vois... Mais alors comment se fait-il que j'ai pu te suivre ? Murmura Hermione d'une petite voix. Je ne suis jamais venue ici..."

La jeune femme le fixait d'un air peu rassuré. Son cerveau réfléchissant à toute allure.

Comment avaient-ils fait ?

"- Je te tenais contre moi. Voilà pourquoi... Termina le sombre professeur d'un ton doux."

L'aube semblait pointer péniblement le bout de son nez au-delà des hauts arbres sinistres, autrefois taillés avec précision et maintenant tordus, étranglés et étouffés par le lierre. Les sentiers pavés étaient dévorés par la végétation et des racines sinueuses s'infiltraient entre les pierres recouvertes de mousse.

Les statues de marbre qui avaient autrefois orné le jardin n'étaient plus que des restes, reposant de manière macabre dans l'herbe haute, leurs visages sculptés perdus dans le lichen. Un silence pesant, oppressant régnait, seulement brisé par le murmure distant du vent, comme un chuchotement porteur des secrets qu'abritait la vieille bâtisse.

Au bout de la longue allée de gravats désordonnés, s'élevait la façade du manoir.Jadis imposante, elle n'était plus que l'ombre d'elle-même, portant les stigmates du temps et de l'abandon, avec des fenêtres brisées, encrassées, entourées de volets ne tenant plus que par magie et grinçant de la manière la plus lugubre qu'on ait jamais connue.

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