Chapitre 21

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On passe la soirée à discuter avec Alma. Elle m'apprend que Maria joue double jeu, c'est une des maîtresses d'Eduardo. Je suis envahie par une rage, d'avoir été trahie et doublée, je tiendrais ma vengeance.  Le jour se lève, nous déjeunons en comité réduit, Diego est reparti à Mexico pour gérer les affaires de Joshua. Alma est fatiguée par la traque, elle s'en va se réfugier chez des amies à elle. Les adieux étaient difficiles,  j'espère avoir de ses nouvelles, un des hommes de Diego l'accompagne.

Je me prépare pour aller retrouver Steve, je regarde les heures s'écouler au ralenti, le temps semble se jouer de moi.  Joshua m'accompagnera, je ne sais pas pourquoi il souhaite m'aider, je me suis mise toute seule dans ce merdier en faisant confiance aux mauvaises personnes. Je ne comprends pas l'intérêt qu'il me porte.

C'est l'heure du rendez-vous, je suis assise à une table dans le café Révolution. L'heure affiche 14 heures, je scrute la salle, Joshua est en retrait.
Je vois la bouille de Steve entrer dans la salle, la pression redescend, il s'avance vers moi. Je lui saute dans les bras, il resserre la prise, on rejoint la table.

— Qu'est-ce que tu as foutu, bordel?
— Les choses me sont tombées dessus Steve!
— Tu es dans un merdier pas possible, ton nom est dans toutes les bouches des narcotrafiquants du pays, il te traque!
— Je l'avais remarqué, il faut me faire sortir du pays.
— On y travaille avec les autorités.
— Steve il faut faire vite.

Steve remarque la présence de Joshua, il écarquille les yeux.

— Qu'est-ce qu'il fait là?
— Il m'aide, il prend des risques.
— Tu vas avoir de gros soucis.
— Steve, j'y suis déjà.
— Bon, je te laisse ce numéro, il est sécurisé, tu m'appelles pour avoir les infos.
— Merci Steve. Appelle mes parents, rassure-les.
— Bien.

Il quitte le bar,  je rejoins Joshua, quand on entend des détonations. Joshua se jette sur moi et me plaque au sol. C'est une vraie boucherie, des tireurs de balles touchent  et blessent des clients attablés.
Joshua sort son arme et tire dans le tas, nous sommes en mauvaises postures , il sort  une arme et me la tend, je la regarde médusée.

— On se réveille Elé!

Je me reconnecte à la réalité, me saisis de l'arme, relève la tête et tire sur  un des hommes. Il tombe au sol, je cible un autre, il s'écroule. On se faufile en rampant vers l'arrière-boutique. On se relève, il me tient la main et me tire vers une ruelle. Il fracasse une vitre d'une voiture, on monte dans la voiture, il connecte deux files, la voiture démarre, il accélère.
On roule une heure en silence, je refais la scène en boucle, les tirs, les blessés par ma faute . En quelques semaines, ma vie a basculé dans un cauchemar éveillé.

— Ton ami va t'aider?
— Oui, je dois le recontacter dans quelques jours.
— On va se planquer d'ici là. On franchira la frontière.
— Tu vas venir avec moi?
— Oui, j'ai mes contacts à Los Angeles. 

Je regarde le bras de Joshua, sa blessure saigne, il faut lui désinfecter et suturer. Je lui demande de s'arrêter à une pharmacie, j'achète le nécessaire, on rejoint un motel en bordure de la ville. On entre dans la chambre, je m'écroule sur le canapé, Joshua rejoint la salle de bain.  Il ressort une vingtaine de minutes plus tard, il s'est douché. Je le fais assoir, je vérifie sa blessure, les sutures en sauté. Je désinfecte la plaie, il ne bouge pas d'un iota, je me saisis de l'aiguille et du fil stérile.

— Tu veux un anesthésiant?
— Non.
— Je vais commencer.

Il hoche la tête pour toute réponse, je tremble, et me ressaisis. Je commence à suturer, il fronce légèrement les sourcils, il a mal. Je m'applique et essaye d'écourter ce moment, je finis  et je coupe le fil. Je pose un pansement chirurgical. Il reprend ses esprits et sort de la chambre. Je rejoins la salle de bain, l'eau me fait un bien fou, je prends mon temps et profite de ce moment d'accalmie.
Joshua revient  dans la chambre, je sors de la salle de bain, il me tend un sac, des vêtements de rechange et des produits d'hygiène. Je file me changer, je me sens nettement mieux dans mes habits propres.
Il a apporté à manger, on se nourrit en silence. Plus tard dans la soirée, il est au téléphone avec Diego, Eduardo a augmenté la prime , je suis passée à deux millions de pesos. Tous ses hommes sont à ma recherche, je suis dépitée. J'ai peur de ce qu'il m'arrivera entre ses mains, j'ai déjà eu un avant-goût. Je suis marquée à vie, je réfléchis à des futilités comme à la chirurgie réparatrice pour m'enlever cette horreur sur mon bas ventre. Je finis par m'écrouler de sommeil.

Adventure CartelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant