Chapitre 2

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Au bout de quatre heures de route, le car s'arrête pour faire une pause. Je suis Maria vers le restaurant de la station service, elle nous commande des quesadillas, on s'installe et on discute. Elle ne pose pas ses yeux sur moi quand elle me parle, elle fixe l'environnement autour de nous. Elle semble surveiller les alentours.

— Où vas-tu Elena?
— À Acapulco.
— Très belle ville, tu as des amis qui t'attendent?
— Non, j'explore le pays.
— C'est super.
— Et toi Maria?
— Je m'arrête à Mexico. Je dois rejoindre une amie.
— Tu comptes t'y installer?
— Oui, un nouveau départ.

On mange rapidement notre plat et on rejoint le car qui va repartir. Tout au long du trajet, elle se dévoile peu à peu. Elle a une petite fille avec un narcotrafiquant d'un cartel voisin. Elle me parle uniquement en anglais.
Après huit heures de route, on entre dans la ville de Mexico. Maria veut absolument me faire visiter la ville. Je tente d'y échapper mais elle est coriace, je finis par céder et je sens que je vais le regretter.
Elle arrête un taxi, on monte et on rejoint l'ancienne ville, dans un quartier malfamé.
Je ne suis pas sereine, elle le remarque et tente de me rassurer. J'ai déjà fréquenté ce genre d'endroit pour les besoins d'une enquête, mais je n'y ai jamais séjourné.
On atterrit devant un immeuble défraîchi, très typique de ce quartier défavorisé.
On monte au troisième étage, une jeune femme très jolie nous ouvre. Je suis mal à l'aise.

— Alma montre la chambre à notre invité.

La fameuse Alma me conduit devant une pièce, elle me laisse me rafraîchir. Je me douche, me change et je les rejoins dans le salon. Elles ont posé à manger, je me restaure avec appétit. Ces plats me rappellent les repas du dimanche, chez mes parents, c'est délicieux.

On entend quelqu'un défoncer la porte, Maria affiche un visage inquiet. Elle me dit de rester silencieuse, on ne bouge pas, on entend les mouches voler.
On tend l'oreille, il n'y a plus de bruits derrière la porte, on se détend, mais ça ne dure pas.
Il défonce la porte, un homme aux cheveux et sourcil épais entre et pointe son arme dans notre direction. Deux hommes le rejoignent, des membres d'un cartel, je comprends assez vite dans quoi j'ai mis les pieds.

— Esta aqui puta! ( tu es ici pute).
— Hijo de puta!

Il la gifle, je m'interpose. Il me reluque et affiche un sourire malsain. Il me ramène à lui, touche mes cheveux bruns et les tire, j'étouffe un cri de douleur.

— Puta! Tu as des amis américains?
— Vete a la mierda! ( va te faire foutre).

Il lui assène une deuxième gifle, elle tombe au sol par la violence du coup, je l'aide à se relever.

— Où est mon argent!
— Je ne l'ai pas!
— Va dire ça au patron! Allez on les emmène toutes!

J'interviens.

— Attendez! Je n'ai rien avoir là-dedans. Vous me laissez en dehors de vos merdes.
Il rit.

— Il ne fallait pas suivre ces putanas.
— Vous êtes complètement malade.

Il me gifle violemment et je finis au sol.

— Adresse-toi encore comme ça à moi salope,tu auras une balle entre les deux yeux.
— Je tâcherai de m'en souvenir.

Les hommes nous conduisent vers un 4x4 vitres teintées noires. On nous jette à l'arrière, je regarde Maria. Nous sommes effrayés, je sais plus ou moins ce qui m'attend, je vais finir violée ou prostituée pour le jefe .(chef)
Nous roulons une trentaine de minutes, on finit vers une hacienda, surveillée par des dizaines d'hommes. La voiture s'arrête, on nous fait descendre et on nous pousse à avancer vers l'intérieur. On atterrit dans une maison très luxueuse, de nombreux hommes armés jusqu'au cou me regardent avec un air mauvais.

On nous pousse sur un des canapés, on attend dans un silence religieux. J'entends des bruits de pas lourds, quelqu'un pénètre dans la pièce, je pose mes yeux sur lui. Un grand latino brun tatoué, un teint hâlé, des yeux marron clair qui me fixent comme son prochain jouet.
Il me sourit et s'approche de moi. J'observe les réactions de ses hommes, ils ont peur de lui, je viens probablement de tomber sur un dégénéré.

— Une américaine? Avec ses yeux , ses cheveux noirs bouclés et ce corps de bomba? Tu dois avoir des origines latina.
— Cabron! ( batard).

Il se met à rire, comme s'il avait entendu la meilleure blague de sa vie.

— Tu vas me plaire cariña ! ( chérie)
— Dans tes rêves, bastardo ! ( salaud)

Il me saisit par les cheveux, je crie de douleur et il rapproche son visage du mien.

— Ecoute-moi puta, je te pardonne pour cette fois, mais utilise encore un seul mot dans ta belle bouche de suceuse, je t'explose le crâne.

Je tremble en acquiesçant de la tête. Il se reconcentre sur Maria. Il lui demande où est son argent, elle reste silencieuse. Un de ses hommes la frappe violemment.
Je la regarde avec désespoir, elle finit par lâcher le morceau. Son argent est en lieu sûr, un des hommes l'emmène. La colocataire de Maria, Alma, est traînée de force vers l'extérieur, je m'attends au pire.

— Toi, tu seras ma puta la colombienne.

Il a deviné mes origines, je suis impressionnée. Il dégage un tel charisme presque hypnotisant. Une femme s'avance vers moi.

— Tu me la prépares pour ce soir.

Elle acquiesce en hochant la tête. Elle m'aide à me relever et me conduit à l'étage. On pénètre dans une grande chambre. C'est la chambre de ce jefe . Elle me sort une tenue du dressing, je fais les grands yeux. En vingt-six ans, je n'avais jamais enfilé ce genre de tenue, pas même dans l'intimité avec mon ex.

Adventure CartelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant