Chapitre 38

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— Quel charmante jeune fille tu nous emmènes là!
— Ah celle-ci est particulière.
— Même contre la signature de ton permis de construire.

Le gouverneur semble marquer des points, Eduardo hésite. Il va m'échanger contre un permis de construire.

— Non Viktor, celle-ci est réservée.

Réservée? J'ai du mal à saisir. Qui m'a réservé? Je crains le pire.

— C'est bien dommage.

Je baisse le regard, je ne supporte pas leurs regards salaces sur moi. On s'éloigne du gouverneur, on rejoint une tablée d'hommes assis. Je m'assois à ses côtés, ce sont des personnalités publiques. Je suis choquée, je reconnais la plupart des personnes assises autour de cette table. Ils sont soudoyés au pot-de-vin, mes yeux fixent chacune des personnes à table.  Eduardo me libère pour le reste de la soirée, je rejoins le buffet pour calmer ma faim. Je n'ai rien avalé depuis deux jours.  Certaines femmes me regardent avec insistance quand je me rue sur les petits fours, je suis affamée.  Je déambule au milieu de ces gens corrompus jusqu'à l'os, j'immortalise chacun des gens présents.

Je fixe la porte d'entrée qui est surveillée par des hommes d'Eduardo, je me résigne à ne rien tenter. Je pose une dernière fois mes yeux sur la porte d'entrée, Diego. Puis il y a une coupure de courant, des tirs, c'est le moment opportun pour tenter quelque chose, ça ne se reproduira pas deux fois. Je cours vers une sortie, les personnes crient et se bousculent. J'y suis presque quand quelqu'un me saisit par le bras, c'est terminé, j'ai épuisé ma seule chance de fuir.  Mes épaules s'affaissent, l'homme de main me tire vers l'extérieur, il veut sûrement  me livrer à Eldiablo.

— Elé!
— Joshua.
D'une voix cassée.

— Oui, c'est moi!
— Oh mon dieu. J'ai cru que c'était un de ses hommes.
— Suis-moi!
— D'accord!

Je retrouve espoir, le cauchemar va prendre fin. On court vers sa voiture, il me cache à l'arrière.
Je reste allongé jusqu'à ce qu'il m'autorise à me relever, je le rejoins à l'avant. Je suis tellement soulagée. Je n'y croyais plus, il est venu me délivrer de ce porc.

— Ça va Elé?
— Oui maintenant ça va.

Il semble anxieux, il n'arrête pas de regarder le rétroviseur. On roule une vingtaine de minutes, on s'arrête dans un coin isolé. Il coupe le contact et se tourne vers moi, il m'attire à lui. Mes lèvres se posent sur les siennes. Je suis envahie par toutes sortes de sensations: du soulagement, de la joie, de l'amour. Le mot est dit, je suis amoureuse de cet homme. Je suis effrayée, mes sentiments me semblent inappropriés. Je suis amoureuse de l'interdit. Toutes ces émotions me submergent.

— Tu me fais confiance Elé?
— Oui.
— Bien. Il t'a touché?

Je baisse le regard, je me sens honteuse, sale, mes yeux se remplissent de larmes quand je repense à ce souvenir.  Il relève mes yeux vers lui, je le fixe intensément. Il tape sur le volant, je sursaute.

— L'enfoirée !
— Calme-toi! Il n'est pas allé jusqu'au bout.
— C'est censé m'aider à me calmer?
— Je l'ai subi, tu n'as pas été mise à nu par un homme répugnant.
— Tais-toi!

Il sort de la voiture, il crie et brise la vitre de la voiture.  Je sors le rejoindre pour essayer de le calmer.

— Josh calme-toi!
— Me calmer? Il a posé ses sales pattes sur toi! Je t'avais dit de ne pas le faire!
— Tu ne te rends pas compte de ce que je vais y gagner!
— Alors c'est que ça qui t'intéresse la gloire et ton prix littéraire?
— Tu ne comprends rien Josh! C'est la chance de ma vie.
— On ne se comprend plus Élé. Tous ces risques pour un prix!

Je reste silencieuse, il n'est pas prêt à discuter. Il garde trop de rancœur. Je le laisse se calmer et rejoins la voiture. Il s'assoit sur le capot, le regard dans le vide. Il finit par revenir, il démarre, sa colère ne s'est pas calmée. Je finis par m'assoupir.

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