Chapitre 13

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Je me réveille le cœur lourd, je me vois dépérir entre les bras de cet homme qui n'a aucune once d'humanité. Une jeune femme vient me chercher et m'emmène à la cuisine. Mama me sert à manger et me glisse un mot sous l'assiette. Je comprends que nous sommes épiés, je le récupère discrètement et le plonge dans mon sous-vêtement.
Je mange en silence, la tête dans mon assiette. Je finis rapidement et regagne ma chambre. Je récupère le mot, et déplie le papier:

« Dans 5 jours quelqu'un te fera sortir ».

Je jette le papier dans les toilettes et tire la chasse d'eau. Je commence à reprendre espoir. Diego vient me chercher, il m'emmène auprès d'Eduardo. Je le suis docilement, il s'est bien comporté avec moi.
Il ouvre une porte, un bureau, Edouardo est assis derrière le bureau, pendant qu'une fille lui fait une gâterie. La bile me monte à la bouche, je réprime la nausée, il me regarde avec provocation.

— A quatre pattes puta!
— Va te faire voir trouduc!

Un des hommes fonce sur moi et me rue de coups. Je tombe au sol.

— Il faut tout lui apprendre à cette américaine! Apportez-moi les outils pour lui montrer à qui elle appartient désormais.

Deux de ses hommes quittent la pièce, je m'attends au pire. Je suis effrayée intérieurement, mais je ne laisse rien paraître. De longues minutes s'écoulent, un des hommes finit par revenir avec un outil de marquage pour bétail. Je tente de fuir, mais on me retient, on me maintient fermement. Un des hommes approche le fer vers mon visage, je tremblotte, il rit. L'un d'eux me relève ma robe jusqu'au ventre, je transpire et ferme mes yeux. Il pose le marquage sur le ventre, je crie de douleur, l'odeur de chair brûlée me provoque des hauts les cœurs. La douleur est si forte que je m'évanouis.

Quand je me réveille, je suis dégoulinante, je suis brûlante. Je mets quelques minutes à retrouver la raison. Je fouille dans ma mémoire, le souvenir du marquage me bloque la respiration.  Je comprends assez vite que la blessure a dû s'infecter. J'enlève le drap, j'ai un bandage. Une femme entre dans la pièce avec un attirail pour désinfecter ma blessure.

— Avez-vous mal?
— Oui.
— Je vais vous donner un antalgique et un antibiotique.
— Merci. 

J'avale les médicaments et je sombre. J'alterne phases d'éveil et de sommeil plusieurs heures.
Quand je me réveille, je n'ai plus de douleur, je n'ai plus de fièvre, les médicaments ont fait effet.
La même femme entre dans la pièce et vérifie mon état.

— Je suis restée combien de jours dans cet état?
— Deux jours.

Il ne m'en reste plus que trois, avant qu'on ne me libère. Je me relève, rejoins la salle de bain. Je me regarde, j'ai de gros cernes en dessous des yeux, mes joues sont creusées,  mes cheveux gras.  Je prends une douche, j'enlève le bandage,  il m'a marqué de la lettre E sur le bas de mon ventre. Je m'effondre, puis je suis envahie d'une rage. Il m'a mutilé, je resserre les jointures de mes mains.

Je désinfecte la blessure, je remplace le bandage et je rejoins la cuisine. Diego m'interpelle.

— Dans trois jours.

Je hoche la tête. Je comprends que c'est le fils de mama. Quand elle me voit, elle me prend dans ses bras, elle était inquiète. Elle me pose une assiette bien garnie, j'avale quelques bouchées. Je n'ai pas faim, je suis trop empressée de quitter cet enfer.
La journée se passe au ralenti, un des hommes d'Eduardo vient me chercher et m'emmène en terrasse. Je vois le visage d'Eduardo « Eldiablo » me fixer avec moquerie, le mien est plein de haine.

— Tu sais enfin à qui tu appartiens?
— A un connard sadique.

Un des hommes de mains m'attrape par les cheveux, me jette au sol et me traîne jusqu'à Edouardo. Eduardo allume un cigare, il m'observe, j'ai attisé sa curiosité.

— Jetez-la dans le sous-sol pour lui montrer qui est son jefe désormais!

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