Adventure Cartel

Chapitre 11

Quand je me réveille, il n'est plus là, je suis déçue. J'aurais aimé me réveiller à ses côtés, je commence à perdre toute rationalité.
Un plateau est déposé sur la table, je me relève et rejoint la table d'appoint. Je n'ai pas très faim, je touche à peine à mon petit-déjeuner. Une femme de chambre le récupère et referme à clef la porte. Je regarde par la fenêtre, des chevaux sont lâchés en liberté, les animaux sont mieux traités que les humains.
Je tourne en rond dans la pièce, quelqu'un frappe et déverrouille la porte. Une jeune femme entre avec un atirail dans les mains.

— Je vais te préparer, tu es de sortie avec le jefe. (Chef)
— Je n'irai nulle part.

Les souvenirs de la veille dans ce club me refroidissent instantanément.

— Parfait, une rivale en moins.

Elle quitte la pièce le sourire aux lèvres, je comprends que ma révolte la réjouie, je prends la place qu'elle convoite tant. L'homme de main boiteux entre dans la pièce, d'un air loin d'être amical. Il me saisit par le cou et me plaque contre le mur, j'ai du mal à respirer.

— La puta m'a dit que tu refuses de te préparer.

Il resserre la prise, j'ai du mal à respirer, je suis au bord de l'évanouissement, il me relâche, je tombe au sol.

— Je te donne vingt minutes!

Il referme la porte, la jeune femme refait son apparition, je me laisse faire cette fois-ci. Elle camoufle les traces de mains du boiteux avec un fond de teint compact, elle s'affaire à me rendre présentable. Je demande des nouvelles d'Alma, elle fait le signe de la croix en riant.
Elle finit dans les temps et me tend une robe moulante et extrêmement courte, je ne me révolte pas. Je rejoins la salle de bain et l'enfile, elle ne cache rien, une robe vulgaire comme tout le reste. Le maquillage est une horreur, j'ai du mal à me reconnaître. Je la soupçonne de l'avoir fait volontairement pour m'enlaidir. Je rejoins le hall, Joshua entre dans la pièce, je vois plusieurs filles trembler. Il s'approche de moi, fixe mon visage et il change de comportement. Il semble envahi d'une rage.

— Paola! C'est comme ça que tu l'as embelli? Enlève-moi cette peinture! Je veux en tirer un bon prix.

Paola me rejoint, tremblante, elle n'affiche plus son sourire triomphant, elle est effrayée. Elle sort des lingettes et me démaquille le visage, je vois ses tonnes de peinture se dissiper sous le passage de ses lingettes.

— Là, on voit son visage de la bomba colombienne.

Je ne réponds pas à sa provocation, je regarde un point imaginaire. Il me saisit par le menton et tourne ma tête vers lui.

— On regarde son jefe puta!
— Je n'ai pas de jefe et je suis encore moins une puta, estúpido!

Son visage s'assombrit, tout le monde suit la scène avec attention. Il me donne un coup au ventre, je tombe au sol, j'ai du mal à reprendre mon souffle.

— Ne me manque plus de respect, ou je vais devoir m'occuper de ton dressage!
— Je ne suis pas un animal!
— La ferme puta! En criant.

Je sursaute. Il est totalement différent du Joshua de la veille. Je ne réponds rien même si l'envie est là. Il me relève brusquement et me tire vers l'extérieur, plusieurs 4X4 sont prêts à partir. Il me fait monter avec lui à l'avant, il conduit. Il allume une cigarette, je toussote. La fumée envahit l'habitacle, il ouvre les fenêtres, je respire de nouveau.

— Arrête putain de me provoquer devant mes hommes!
Je tourne la tête vers lui, les yeux larmoyants.

— Mierda! Tu recommences avec ta sorcellerie!

Je détourne le regard, je l'ignore.
On roule une vingtaine de minutes, on finit par s'arrêter devant un immeuble délabré. Il descend et ouvre la portière. Je le suis vers l'intérieur de l'immeuble. On monte plusieurs étages, on débouche sur un patio, on ouvre une porte où des dizaines de filles attendent, effrayées. Il me pousse à l'intérieur et referme la porte. Je reconnais Alma, elle me saute dans les bras, je suis soulagée de la voir vivante. Les autres filles nous dévisagent à cause de cette effusion de joie.

— Elena, on est dans une merde pas possible!
— J'ai compris.
— Ils vont nous vendre à des monstres.
— On passe d'un monstre à un autre.
— Non, tu n'as pas compris! On va être entre les mains de sadique. Les filles n'y survivent pas.

Je commence à être envahie par la peur, je n'imaginais pas la gravité de la situation.
Joshua se débarrasse de moi, ça me bouleverse plus que de finir entre les mains de sadiques. J'ai du mal à encaisser le choc.