Au hasard

Chapitre 4

Suite aux explications de Charlie, les deux hommes passèrent une semaine ensemble dans la location de l'hawaïen qui pût poser toutes ses questions à son petit-ami et apprendre à le connaître. Steve apprit au sorcier à se servir d'un téléphone portable et Charlie emmena le soldat dans le quartier magique de New York.

Quand la semaine se termina, le départ de Charlie fut un vrai déchirement pour les deux hommes, mais tous deux étaient bien décidés à se donner les moyens nécessaires pour que leur relation fonctionne.

La deuxième semaine de Steve au studio, lui parût longue sans Charlie, mais au moins il ne tremblait pas, n'avait pas de maux de tête et n'était pas assailli de doutes, seul le manque lui pesait. Il fut soulagé quand son amant lui envoya un message de Roumanie de son nouveau téléphone portable pour lui dire que les appels ne passaient pas. Malgré cette nouvelle, le soldat fut ravi de lire ces mots car le sorcier craignait que ce ne soit pas du tout possible d'utiliser l'appareil moldu dans la réserve de dragons.

Les deux hommes échangèrent de nombreux messages, atténuant quelque peu la sensation de manque qu'ils ressentaient, mais ce qui aida Steve fut surtout de reprendre le travail. Le soldat cloisonnait son esprit lorsqu'il était en mission et ne se concentrait plus que sur celle-ci, Charlie acceptait de ne pas recevoir de nouvelles durant ces périodes, préférant savoir son âme-sœur entièrement concentré sur son objectif et son retour en vie. Steve envoyait quelques messages quand il le pouvait, mais surtout le prévenait dès qu'il avait plus de deux jours de permission pour que le rouquin l'emmène chez lui.

Steve avait adoré découvrir la réserve où vivait Charlie, son chalet, ses collègues et surtout les dragons. Le sorcier l'avait pris derrière lui sur un balai pour approcher de ces géants, tout en restant à une distance raisonnable, mais Steve avait été grisé par le vol et la vue de ces créatures. Il avait aussi été très bien accueilli par l'équipe de son amant qui lui avait raconté bon nombre d'anecdotes sur lui au cours des repas ou verres qu'ils avaient partagés ensemble.

Un soir, après trois jours en Roumanie, Steve, jaloux, demanda au dragonnier de lui parler de ses amants passés car il avait compris de toutes ces anecdotes venant de ses collègues qu'il en avait eu beaucoup. Surpris, Charlie répondit avec honnêteté, mais cela blessa le plus jeune qui réalisa que le sorcier, de cinq ans son aîné, avait mis ces années à profit. Il fallut beaucoup de temps et de patience à Charlie pour le convaincre que ses anciens amants ne signifiaient plus rien pour lui et qu'il se moquait bien que Steve n'ait eu que peu d'expérience avant lui et qu'avec des femmes. Le dragonnier parvint à calmer son amant et tout ça fut mis derrière eux, mais les anecdotes partagées par ses collègues ne mentionnèrent plus jamais ses anciennes conquêtes.

Tous deux trouvèrent leur routine et malgré les risques qu'ils prenaient dans leur travail respectif et les blessures qu'ils récoltaient, ils parvenaient à ne pas se faire un sang d'encre pour l'autre, jusqu'en 2010.

Cette année-là, leur équilibre faillit voler en éclats. Steve était en mission en Corée du Nord lorsqu'il reçut un appel d'un terroriste, celui-ci tenait son père en otage et malgré qu'ils ne s'étaient pas parlés pendant de longues années, il voulait à tout prix éviter sa mort. Cependant, son équipage fut attaqué et la personne que le terroriste voulait en échange de son père mourut sous ses propres balles, provoquant l'exécution du père de Steve. Le soldat rentra à Hawaï pour les funérailles de son père et pour arrêter le responsable, sauf qu'il n'avait pas prévu de se retrouver à la tête d'une équipe d'enquêteurs ayant carte blanche de la gouverneure pour résoudre ses enquêtes.

Le soir où il récupéra enfin sa maison d'enfance, il réalisa le tournant drastique que venait de prendre sa vie. Il envoya un message court à Charlie et s'assit sur un transat sur la plage, une bière à la main. Moins d'une heure plus tard, deux bras forts s'enroulèrent autour de lui et un torse musclé se collait à son dos. Les larmes se mirent à couler sur ses joues sans qu'il ne puisse les contrôler et il raconta à son homme ce qui s'était passé dans sa vie durant les jours précédents.

"Tu veux donner une chance à cette nouvelle carrière ? lui demanda Charlie quand les paroles et les larmes de Steve eurent tari.

- Au moins le temps de trouver Hesse et de l'envoyer derrière les barreaux.

- Pourquoi ai-je l'impression que je vais me faire plus de soucis pour toi qu'avant ? plaisanta-t-il à moitié sérieux.

- Au moins tu sauras où me trouver.

- Je ne suis pas certain que tu apprécierais de me voir débarquer à l'improviste.

- Et pourquoi pas ?

- Tu ne m'as jamais présenté à personne."

Steve se retourna dans les bras du rouquin, il savait que c'était vrai, mais il n'avait jamais eu l'impression que ça dérangeait son homme et refusait que l'armée soit au courant pour son couple. Il sentait au plus profond de lui qu'ils ne devaient pas découvrir l'importance de Charlie dans sa vie.

"Je n'aime pas vraiment voir les copains militaires lorsque je suis en permission, ce sera peut-être différent ici.

- On verra."

Charlie ne laissa pas le temps au militaire de se demander si ce fait le contrariait ou pas et l'embrassa avec tendresse. Steve répondit en gémissant et en glissant ses mains sur la peau tachetée avant d'entraîner son amant dans sa chambre. Cette nuit-là, le sorcier lui fit l'amour tout en douceur à plusieurs reprises dans la nuit, jusqu'à ce qu'il s'endorme contre son torse.

Steve sentit une main le secouer gentiment quelques heures plus tard et sourit.

"Il n'y a qu'avec toi que je dors aussi profondément.

- Tu peux, je veillerai toujours sur toi.

- Et tu places toujours un sort pour nous réveiller s'il se passe quoi que ce soit, rit le brun avant de bailler et de refermer les yeux.

- Désolé dragoste, tu dois te préparer."

Steve, qui avait perdu la notion de ce qui lui était arrivé les jours précédents grâce aux bras de son amant, se rappela qu'il devait enterrer son père. La mort dans l'âme, il se leva, prit une douche militaire et se prépara.

"Marie n'a pas donné de nouvelles." constata-t-il, déçu en découvrant qu'il n'avait pas de message de sa sœur.

Charlie ne dit rien, mais vint le prendre dans ses bras. Steve y puisa le support dont il avait besoin, avant d'être pris d'un doute.

"Tu viens ?

- Si tu le veux, oui. Je peux rester jusqu'à demain.

- Oui." souffla le brun.

Steve avait besoin du soutien de son âme-sœur, d'autant plus avec l'absence de sa sœur. Ils n'eurent pas le temps d'échanger plus que la sonnette retentit. La famille McGarrett située sur le continent venait d'arriver et Steve n'eut plus le temps de parler avec Charlie avant la fin de la journée, l'accueil, la messe, l'enterrement, et la réception s'étaient enchaînés avec le défilé des proches, des amis et anciens collègues ainsi que la nouvelle équipe de Steve. Le sorcier s'était tenu un peu en retrait, aidant à l'organisation et au déroulé de la journée sans pour autant énoncer qui il était, quand on lui posait la question, il disait "un proche de Steve" sans préciser la nature de leur relation. Personne ne creusa, hormis Danny Williams, un des nouveaux coéquipiers du militaire, qui le regarda avec un peu plus d'insistance, mais ne dit rien.

Steve se montra fort et impassible toute la journée, mais s'effondra à nouveau dans les bras du sorcier lorsqu'ils furent seuls. La magie leur permit de ne pas avoir à se soucier du rangement ce soir-là et ils passèrent la nuit à prendre soin d'eux.

Cependant, la séparation le lendemain matin fut plus difficile que d'habitude, Charlie avait un mauvais pressentiment dont il fit part à son amant. Steve lui promit d'être prudent, mais cela ne suffit pas à calmer son inquiétude. Ce fut donc le cœur serré, avec la certitude de passer à nouveau de longues semaines sans se voir et la crainte que quelque chose n'arrive que le dragonnier repartit pour la Roumanie.

Steve se plongea dans son travail avec passion, rien ne vint confirmer l'appréhension de Charlie pendant plusieurs semaines jusqu'à une soirée que le soldat n'avait pas vu arriver et un danger auquel il ne se serait jamais attendu.