Chapitre 8

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J'essaie de sortir quand on me rattrape par le bras.

Tu vas où comme ça ?, me questionna-t-il.

Écoute Sohann, soufflai-je, j'aimerais rentrer chez moi, je suis fatigué.

Il me lâche en refermant la porte, je le regarde sans réellement comprendre ce qu'il est en train de faire.

Noah et Mia dorment ici, fait de même ?, proposa-t-il légèrement hésitant.

Pour dormir où ? sur le canapé ?

Il se retourne vers son lit et me le montre de ses deux mains comme si c'était évident que je dors ici.

Je t'arrête, hors de question que je dorme ici, va savoir ce que tu as fait dans ton lit.

Il pouffe en secouant la tête avant de se poser sur la commode.

Tu viens de te taper l'une de tes meilleures siestes de ta vie, ne fait pas ton difficile maintenant que tu sais que c'est mon lit.

Je vais faire mon difficile et rentrer chez moi, le provoquai-je en souriant.

Alors laisse-moi te raccompagner, proposa-t-il en s'approchant.

J'ai 20 ans, je vais retrouver ma route comme un grand garçon.

Oui, mais tu pars de chez moi, de ma soirée, s'il t'arrive quelque chose, je l'aurai sur la conscience, donc s'il te plait laisse-moi te raccompagner.

J'accepte et le regarde se changer en étant discret sur mes coups d'œil que je lançais sur son corps.

Elle en a de la chance cette April.

Tient et met ça, on va y aller à moto, tu vas avoir froid juste avec ton t-shirt, dit-il en me donnant une veste.

Mes yeux jonglent entre la veste et lui.

Il relève les yeux vers moi avec un sourire en coin.

Mon cœur rate un battement.

Ça te ferra une troisième veste dans ton armoire, se moqua-t-il.

Le voir rire me donne une sensation étrange dans la poitrine.

Depuis qu'il s'est changé, aucun son n'est sorti de ma bouche, juste des expressions faciales ou des mouvements de tête.

On sort de la chambre, en passant devant une porte, Sohann me la montre en me faisant comprendre que Noah est ici.

Je l'ouvre en étant le plus discret possible, Noah est allongé sur le lit en étoile avec un bras et une jambe sur Bailey.

J'ouvre grand les yeux.

Bailey ?!

Je me retourne vers Sohann ahuri, tandis que lui hausse simplement les épaules.

Ça n'a pas l'air de le choquer plus que ça.

Il est soit au courant de quelque chose, soit il s'en fout ou, soit il ne sait pas à quel point Noah ne vit que pour Bailey.

La dernière option m'étonnerait, toute l'université est au courant jusqu'à la direction de l'établissement.

Tu comptes dormir sur le montant de la porte ou tu décides de te ramener ici ?, demanda-t-il à plusieurs mètres de moi.

Je referme la porte et part en trottinant pour revenir à sa hauteur.

Arriver dehors, il me tend un casque que j'essaye désespérément de mettre.

Attends, je vais t'aider, souffla-t-il.

Tout mon corps se crispe quand je sens ses doigts toucher ma mâchoire, quant à lui, il retire ses mains comme si notre contact l'avait brûlé.

Voilà, on peut y aller, dit-il en évitant mon regard.

Et toi ? tu n'en mets pas ?, demandai-je en le voyant monter sur la moto.

J'en ai qu'un seul, donc si monsieur pourrait arrêter de poser des questions et enfin monter.

J'enjambe la moto et pose mes mains sur mes cuisses. Je sais que je devrais me tenir à lui, mais trop gêner, je préfère faire l'ignorant.

Je l'entends souffler avant de le voir prendre mes bras et de les enrouler autour de sa taille.

Quand il démarre, je manque de basculer en arrière, alors avec le peu de courage qu'il me reste, je décide de resserrer mon emprise sur lui.

Je fronce les sourcils quand je remarque qu'il sort du quartier.

Il recule sa tête vers moi avant de dire :

Fais-moi confiance, d'accord ?

Je hoche la tête, sans être réellement serein.

J'étais justement en train de penser qu'il m'emmenait dans l'état voisin pour me tuer.

Je rigole intérieurement de mes pensées et regarde autour de moi, quand je vois qu'on passe devant le panneau Belmont Shore.

Les rues sont illuminées, certaines supérettes sont toujours ouvertes et quelques personnes traînent devant les bars.

Je lance mon regard sur le dos de Sohann avant d'y poser ma tête.

On se connait depuis deux jours et je me sens étrangement bien avec lui, aussi bien qu'avec Noah.

Tu te sentais bien aussi avec Éden et pourtant...

Oh! Isaac, tu peux descendre.

Je sors de mes pensées et entend les bruits des vagues.

Tu es venu ici pour me noyer ?, rigolai-je.

Te pousser dans l'eau, c'est te noyer ?

Oui, je ne sais pas nager, l'informai-je.

Il rigole, mais s'arrête en remarquant que j'étais sérieux.

Attends, sérieusement ? a ton grand âge ?, interrogea-t-il.

C'est bon, on ne peut pas savoir tout faire, je suis doué pour d'autres choses, haussai-je les épaules.

Comme quoi ?, demanda-t-il.

Ça, tu le seras quand on sera un peu plus intimes, lançai-je avant d'avancer.

Il reste planté à sa place, je me retourne et place mes mains sur mes hanches.

Tu viens ou tu comptes dormir sur ta moto ?

Arrivé à mes côtés, il me bouscule, je le bouscule en retour avant de me mettre à courir.

Je tourne légèrement la tête et le vois courir aussi.

Merde ! je n'ai pas de cardio.

Après plusieurs mètres, je me retrouve sur le sol, c'est en regardant à terre que je réalise que c'était son pied qui m'a fait chuter.

Enflure.

Il rigole tout en étant essoufflé.

Pour un sportif, il est à deux doigts de perdre ses poumons.

Je me redresse pour lui tirer le pied et l'embarquer dans une chute également.

On se retrouve tous les deux allongés sur le sable à rire.

Je me sens bien.

On tourne nos têtes l'un vers l'autre avant de sourire.

Je me sens vraiment bien même.

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