Plus que ma vie

Chapitre 13

Noah est arrivé avec 20 minutes de retard, Stanley ne lui a rien dit.

À vrai dire, il avait besoin de lui pour faire la fermeture de ce soir avec Joshua, sa fille est tombée malade, il n'avait personne pour la garder.

Ça fait deux heures qu'on a commencé le service, Noah et moi ne nous sommes pas adressé un seul mot. Lui dire de ne plus s'occuper de ma vie alors qu'il essaye juste de me protéger, la blesser, et un Noah blessé, c'est un Noah qui va t'ignorer jusqu'à la fin des temps.

C'est comment il réagit avec les autres, avec moi, je ne sais pas s'il va m'ignorer interminablement. Du moins je l'espère.

Le bruit de la porte qui s'ouvre puis se ferme me fait lever la tête vers l'entrée.

Aaron vient d'arriver, il me fait signe en se dirigeant vers moi.

Je le détaille en silence, sa démarche élancée, il remet en place le col de sa chemise blanche, oversize, rentrer de façon négliger dans son jean noir avant de passer sa main dans ses cheveux châtain clair en bataille.

Sa main claque sur le comptoir, le bruit de ses bagues qui entrent en contact avec le bois me fait sursauter et m'oblige à lever mon regard vers le sien. 

Je bloque quelques instants sur ses yeux bleus, mais me reprend vite en me raclant la gorge.

– Salut, je te sers quelque chose ?, demandai-je déconcerté.

– Un coca s'il te plait.

Pendant que je lui sers ce qu'il a commandé, il me dit :

— Vendredi, on a parlé de moi, commença-t-il, mais pas spécialement de toi, tu travailles à plein-temps ici ?

– Non, que quelques heures par jours, expliquai-je en lui tendant sa boisson, je suis encore à l'université.

– Dans quel cursus ? attend, laisse-moi deviner, lança-t-il en faisant mine de réfléchir, en droit ?

– Rater le top-model, je suis en art, rigolai-je.

– Comment ai-je pu me tromper, tu as une dégaine à être en art, pouffa-t-il en sirotant son verre.

– Tu dois avoir un examen en fin d'année non ?, continua-t-il, j'ai des connaissances dans ce cursus.

– Oui, soufflai-je en me rappelant que je n'ai toujours pas trouvé de modèle, je dois peindre une personne de mon entourage.

– Tu as trouvé ton partenaire ?

– Pas encore, je ne cherche pas vraiment à vrai dire, dis-je en grattant l'arrière de ma tête.

J'étais fixé sur Campbell et j'ai du mal à me sortir mon idée de la tête.

– Si je peux t'aider à éviter de chercher, déclara-t-il.

On se fixe, lui qui attend une réponse, moi qui essaye de voir s'il blague ou non.

– Tu... tu veux être mon modèle ?, bégayai-je.

– Si tu ne trouves personne, je veux bien, après, on peut essayer, conseilla-t-il en tournant le liquide à l'intérieur de son verre, pour voir si tu es à l'aise et si tu te sens capable de me peindre.

Avant même que je ne puisse répondre, quelqu'un s'installe bruyamment au comptoir.

Ses yeux noirs et sa mâchoire serrée m'annoncent qu'il n'est pas de bon poil.