– Tu as laissé passer ta chance de gagner des points pour l'examen de fin d'année, Isaac, lança monsieur Smith en s'enfonçant dans son siège.Aujourd'hui, on est vendredi, on devait présenter l'avancée de notre projet.
– Je sais, soufflai-je, énervé de cet enfoiré de Camsann, j'ai eu un problème qui a fait que je n'ai pas pu commencer mon projet.
Mensonge, il était très bien commencé.
Assis devant lui, mon pied n'arrête pas de claquer contre le sol de la pièce. Ses regards furtifs vers mes gestes répétitifs me font comprendre que ça l'agace. Mais je n'arrête pas pour autant.
Hier en rentrant du bar, Camsann m'a envoyé une photo de mon tableau, enfin de ce qu'il en restait...
En arrivant à l'appartement, Mia venait à peine de rentrer et Noah était encore au travail. Je me suis précipité dans ma chambre et je n'ai pu que constater l'état de la pièce. Il ne s'en était pas seulement pris à mon tableau, mais à ma chambre entière.
Pendant plusieurs heures, je me suis posé la question de comment il a pu rentrer dans l'appartement jusqu'à que Noah rentre et me dise qu'il n'était pas sûr d'avoir fermé à clefs à son départ.
Depuis hier, je ne reçois que des excuses de Noah. Qui se dit être responsable de ce qui est arrivé, que s'il avait fermé la porte en partant, j'aurais pu présenter aujourd'hui mon projet.
Je ne le tiens en aucun cas responsable, seulement cette enflure de Camsann.
– Les mois défilent plus vite que tu ne le penses Isaac, dépêche-toi de commencer et n'oublie pas que tu as des points à rattraper par rapport aux autres.
J'acquiesce d'un signe de tête. Je n'ai pas trop de choix de toute façon.
Monsieur Smith tapote sur le clavier de son ordinateur, je suis les mouvements de ses doigts et commence à examiner son bureau.
Un cadre est posé sur l'une des grandes étagères positionnées derrière lui. Une photo de lui et ce que je pense être sa femme et son fils. Mon cœur se comprime directement, j'envie ce garçon d'avoir encore son père près de lui.
– Bien, je pense que c'est bon pour moi, reprit-il en déposant à plat ses mains sur le bureau, tu peux y aller, on se revoit plus aujourd'hui alors, je te souhaite de bonnes fêtes de fin d'année.
Je le remercie et récupère mon sac que j'avais vulgairement déposé sur le pied de ma chaise.
En sortant, j'aperçois Sohann marcher au bout du couloir, les mains dans les poches et un casque sur les oreilles, avec une April qui lui parle à sa gauche.
Il ne semble pas lui prêter attention, ce qui la rend hystérique de là où je suis.
Je décide de dévier mon regard, il manquerait plus qu'April me prenne de nouveau en grippe aujourd'hui. Alors, j'enlève mon sac de mon épaule et lève ma jambe pour le déposer sur ma cuisse, puis récupère une sucette qui traîne dans le fond.
– Ah Isaac !, m'interpella Sohann en arrivant vers moi en trottinant.
Si je voulais passer inaperçue auprès de la blonde, c'est rater.
– Tu faisais quoi là-dedans ?, demanda-t-il en lançant une œillade à la porte de monsieur Smith.
– Il voulait me voir pour un devoir, rien d'important, mentis-je.
Je ne lui ai pas parlé de ce qui s'était passé hier soir. Je préfère qu'il ne soit pas au courant pour le moment.
Il ne me semble pas convaincu de mon mensonge, mais ne dit et change de conversation.
– Tu viens voir le match ce soir ?
Noah m'en avait parlé brièvement ce matin, il est déterminé à ignorer Bailey depuis l'histoire du salon. Alors, il a décidé de supporter Campbell ou Coleman pendant le match.
– Tout dépend de l'heure ?, dis-je en jouant avec le cordon de ma veste, je travaille à vingt heures.
Il fouille ce qui me semble être son sac de basket et en ressort un maillot qu'il me jette sur la tête.
– C'est à dix-huit heures.
Je récupère le maillot en rigolant et examine le vêtement.
– Qui t'a dit que je voulais te supporter ?, plaisantai-je en voyant son nom inscrit dessus.
Il lève son regard vers moi avec un sourire en coin.
– Supporte qui tu veux, dit-il en récupérant le maillot.
Je lui retire directement des mains avant de le placer sur mon épaule.
– C'est à moi maintenant.
Il ricane, ses fossettes apparaissent et me font réaliser une fois de plus à quel point il est beau. Il n'a jamais été mon style de mec, j'ai toujours eu une préférence pour les blonds aux yeux clairs avec un caractère calme. Tout le contraire de lui, qui est assez colérique sur les bords.
– J'aimerais que tu continues à me mater comme ça, mais je dois y aller, à plus Za-ki, articula-t-il mon surnom en partant.
– Ne m'appelle pas comme ça, grognai-je.
Depuis qu'il a appris que ma mère m'a surnommé comme ça sur le message, il ne fait que l'utiliser. Ce n'est pas que je n'aime pas ce surnom, c'est juste que j'ai l'impression d'entendre ma mère quand il le prononce.
Je passe près d'une poubelle pour y jeter mon emballage de sucette que j'avais compressé dans ma main pendant notre échange. Et accélère pour être à l'heure à notre dernière heure de cours de la semaine.
En déambulant dans les couloirs, je croise Bailey avec une fille main dans la main, je plisse les yeux. C'est elle Ariah dont Noah m'avait parlé en début d'année à mon arrivée.
Elle est jolie, un peu trop belle pour un mec comme Bailey d'ailleurs.
Elle est légèrement mate de peau, ce qui met en valeur ses grands yeux verts et elle a les traits du visage fin. Pendant une demi-seconde, je me suis demandé si ce n'était pas la sœur de Liam.
Bailey me regarde avec insistance. Même s'il a toujours été clair avec Noah, qu'il lui a toujours dit qu'il ne se passerait rien entre eux, je ne peux que ressentir de la peine pour mon meilleur ami.
Je passe près d'eux en les ignorant, j'ai bien du mal à gérer mes fréquentations, je ne vais pas me mêler de ceux des autres.
En arrivant dans la salle, je rejoins Noah qui était en train de gribouiller quelque chose sur le coin de son cahier, la tête maintenue par la paume de sa main.
– J'ai vu Bailey, chuchotai-je sans mentionner la fille qui était à ses côtés.
– Hmm, avec Ariah, je suppose, dit-il, complètement détaché du monde.
Je ne lui réponds pas alors, il relève la tête vers moi et remarque que je n'ose pas lui confirmer.
– La porte est ouverte, déclara-t-il en me la montrant d'un mouvement de tête, ils sont passés devant.
Je pince mes lèvres d'un air désolé. Il aura beau accumuler des relations durant sa vie, si ce n'est pas Bailey ça n'ira jamais pour lui.
Il a fréquenté il y a quelques semaines Joshua, en pensant qu'il arriverait à passer à autre chose et enfin arrêter d'être fixé sur Bailey. Sauf que ça n'a duré que trois jours, il est vite revenu au point de départ et à tout stoppé du jour au lendemain avec notre collègue de bar.
– Tu es sûr de vouloir aller au match ce soir ?, demandai-je.
– Oui, confirma-t-il en hochant la tête, je vais normalement réussir à y survivre.
Il rigole à la fin de sa phrase, ce qui me rassure légèrement.
Une grande agitation prend part dans la salle à l'arrivée de Madame Johnson. Je me redresse de ma chaise et sort mes affaires que j'avais bourrées dans mon sac le matin et vole un crayon quatre couleurs à Noah, qui n'en reverra jamais la couleur.
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Plus que ma vie
De Todo[BxB] Isaac, vingt ans, est de retour en Californie après avoir passé dix ans en France avec sa mère, il retrouvera son meilleur ami d'enfance et débutera son année à l'université Long Beach. Université ou Isaac est en contact depuis plusieurs mois...