Chapitre 16

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Arrivé à l'appartement, j'enlève mes chaussures tachées de mon sang avec le bout de mes pieds.

En voyant l'entrée rangée, j'en conclus que la tornade n'est pas encore rentrée de son sport et qui doit seulement avoir Mia quelque part dans l'une des pièces.

Les lumières sont éteintes, seule la lumière de la télé allumée éclaire faiblement la pièce.

Mon téléphone vibre dans mes mains pour la septième fois. Je soupire en voyant de nouveau le prénom de Sohann apparaître sur l'écran.

J'ignore son appel une fois de plus et m'avance près du salon, Mia est allongée sur le sofa avec quelques paquets de bonbons posés sur son ventre.

En sentant ma présence, elle tourne sa tête avant de pousser un cri strident.

Isaac, mais dans quel état tu es ?, paniqua-t-elle en se levant pour venir vers moi.

Ce n'est rien Mia je-

Va t'installer, j'arrive te soigner, me coupa-t-elle en allant dans la salle de bain.

Je m'installe gêner comme si ce n'était pas chez moi. Elle arrive rapidement et s'installe devant moi pour sortir sur la table basse tout ce qu'elle a besoin pour me soigner.

Elle penche ma tête après avoir déposé du liquide sur une compresse et la dépose mon nez.

Je recule mon visage en grognant de douleur.

Outch ! Ça pique ton truc, me lamentai-je.

Ne fais pas ton enfant, dit-elle en me claquant la main, viens là et explique-moi ce qui sait passer.

Pendant que je continue de souffrir entre ses mains, je lui ai expliqué ce qui m'était arrivé.

Tu as une idée de qui ça pourrait être ?, questionna-t-elle en collant un pansement sur l'arête de mon nez.

Je n'ai que Sohann en tête, mais je ne suis pas sûr.

Campbell ?!, s'étonna-t-elle, il peut être bagarreur, assez impulsif, mais il serait incapable de te faire du mal Isaac.

C'est justement ce que j'essaie de me dire, mais les coïncidences sont un peu trop nombreuses.

Le pseudo, la brève description, le fait qu'il ne m'est pas lâché du regard à notre première rencontre, qu'il n'a pas été là de la journée, mais exactement là au moment où ça m'est arrivé, son téléphone soi-disant oubliait et ses phalanges abîmées c'est beaucoup pour ne pas le soupçonner.

Tiens en parlant de lui, constata Mia en voyant mon téléphone vibrer.

Je raccroche puis le range dans ma poche et la vois me regarder dans l'incompréhension.

Je n'ai ni envie de le voir ni de lui parler.

Elle acquiesce d'un signe de tête et m'enlève mon haut plein de sang et le jette au sol.

Ça sonne à la porte, je regarde Mia pour savoir si elle attendait quelqu'un et me dit :

Ça doit être ce gros boulet de Noah qui a encore oublié ses clefs.

Je pouffe, Noah, c'est celui qui râle quand on oublie nos clefs, mais qui est aussi celui qui les oublie à longueur d'année.

Le temps qu'elle parte ouvrir, je regarde ma hanche, ou je me suis pris le coin de la table.

Je baisse légèrement mon pantalon pour mieux voir et surtout pour que le tissu arrête de frotter sur l'hématome qui commence à se créer.

Demi-tour, il ne veut pas te voir, expliqua Mia, toujours à la porte.

Je m'immobilise. Il n'a pas osé se pointer ici ?

Il arrive dans le salon en ignorant ce que Mia venait de lui dire et dépose son regard sur ma hanche, j'aperçois toute sa mâchoire se serrer.

Tu ne sais pas répondre au téléphone ?, lâcha-t-il en restant droit devant moi.

Tu as su y répondre, toi, il y a une heure ?, rétorquai-je en le fusillant du regard.

Il s'accroupit en posant ses mains sur chacune de mes cuisses. La vision de ses phalanges me hérisse les poils, je lui recule ses mains doucement.

Après plusieurs secondes sans réaction de sa part, il lève sa main, j'ai un mouvement de recul avant de sentir le dos de sa main caresser ma joue.

Je ne te ferai jamais de mal Isaac, murmura-t-il en faisant descendre son pouce sur le coin de ma bouche.

Mes yeux jonglent entre les siens et ses lèvres. Son contact me brûle la joue, mais me fait du bien.

Faites comme si je n'étais pas là, se manifesta Mia, mais préserver mon innocence.

Sohann claque sa langue sur son palais et tourne sa tête sans pour autant regarder Mia.

Dégage ! va danser le Bollywood dans ta chambre, pesta-t-il en revenant à moi.

Quoi ? sale traître, tu m'as promis de jamais en parler, se plaignit-elle.

Il lui lâche un regard noir, elle se raidit et lève ses mains en l'air et dit :

C'est bon l'aigrie, je vais dans ma chambre.

La voir trottiner jusqu'à sa chambre me fait lâcher un ricanement.

Qu'ai-je mérité dans la vie pour avoir deux locataires pareils ?

Sohann me regarde en souriant, je me stoppe pour reprendre un visage neutre.

Pourquoi tu me regardes comme ça, dis-je, gêné en fuyant son regard.

T'es mignon quand tu rigoles.

Mes joues chauffent, je ne sais pas quoi lui répondre, alors je change de conversation comme si je n'avais pas entendu ce qu'il venait de me dire.

Pourquoi ta main est comme ça ?, demandai-je en touchant ses phalanges du bout des doigts, pas peur de lui faire mal.

Comme je te l'ai dit, j'ai vu mon père, souffla-t-il en fixant sa main, et comme je te l'ai déjà expliqué à la plage, je n'ai vraiment pas une bonne entente avec lui.

Je hausse les sourcils en comprenant le sens de sa phrase.

Il s'est battu avec son père ?

Écoute, je vais te le répéter, je ne te ferai jamais de mal Isaac, commença-t-il en prenant ma tête entre ses mains, je suis certes impulsif, je pourrai m'énerver facilement si la moindre chose m'irrite, mais jamais, je ne poserai la main sur toi.

Ses paroles font battre mon cœur à une vitesse que j'ai l'impression qu'il va se détacher.

Je te demande de me croire, s'il te plaît.

J'acquiesce en posant ma main sur son avant-bras, toujours tendu vers ma tête.

Je prends le risque de lui faire confiance, le risque de le voir se foutre de moi, et surtout le risque de m'abattre si jamais, c'est vraiment lui.

Mais c'est un risque que je veux prendre.

Il se soulève pour être à mon niveau, son souffle qui s'abat sur mon visage me fait réaliser qu'il est à quelques centimètres de mes lèvres.

Je déglutis difficilement et avance ma tête jusqu'à ce que nos lèvres se frôlent.

La porte d'entrée s'ouvre dans un fracas, ce qui nous oblige à nous écarter l'un de l'autre, et Noah se présente devant nous, tout essoufflé.

Plus que ma vie Où les histoires vivent. Découvrez maintenant