~ Chapitre 44 ~

1.9K 98 11
                                        


Après quarante-huit heures d'hospitalisation, Catherine a enfin été libérée. Ces deux jours ont semblé durer une éternité, mais la voir enfin sortir de cet enfer me soulage autant que cela me plonge dans une profonde inquiétude. Elle peut vivre avec moi, pour le moment, mais à quel prix ? Nous sommes constamment sous surveillance. Le commissaire de police n'a rien laissé au hasard, et je sens le poids de son regard dans chacun de mes gestes. Depuis que j'ai pris la décision de ramener Catherine chez moi, tout est scruté, tout est interprété. Il passe régulièrement devant ma maison, comme pour s'assurer que je ne cache rien. Parfois, j'ai l'impression qu'il m'observe même à distance, peut-être depuis sa voiture garée plus loin. Cette pression constante est insoutenable. Mais pour Catherine, je suis prête à supporter ça.

Cependant, je n'arrive pas à ignorer cette tension persistante. Ramener Catherine ici, c'était prendre un risque énorme, et ce n'est qu'un début. Il y a Leyla, cette femme qui plane comme une ombre sur nos vies. J'ai dû convaincre Catherine de ne rien dire à la police à propos de ce qu'elle sait sur Rosaline. Ce silence, je l'ai négocié avec Leyla en échange d'un marché fragile. Mais je sens que cet accord pourrait voler en éclats à tout moment. Leyla est convaincue que je la fais chanter, et peut-être n'a-t-elle pas tort. Je lui ai donné vingt-quatre heures pour réfléchir, mais son silence depuis lors est assourdissant. Pas de message, pas d'appel. Rien. Ce mutisme est une réponse en soi.

Je ne veux pas être la cause de sa perte. Ce n'est pas dans mes intentions de la voir tomber, mais elle doit assumer ses choix. Elle a fait des choses impardonnables, et si elle finit un jour derrière les barreaux, ce sera uniquement à cause de ses propres actes. Pourtant, je lui ai laissé une chance, une seule. Et maintenant, son silence me pousse à croire qu'elle me méprise, qu'elle me teste. Si c'est le cas, elle le regrettera. Je ne serai pas indulgente une seconde fois.

Dans le salon, Catherine est assise, les genoux repliés contre elle, le regard perdu dans le vide. La télévision est allumée, mais elle ne regarde rien. Ses yeux rouges et gonflés trahissent des heures de larmes, des heures à ressasser des pensées sombres. Son visage, marqué par la tristesse et la fatigue, est presque méconnaissable. Ses lèvres, sèches et tremblantes, murmurent parfois des mots inaudibles. Elle est rongée par la culpabilité. Je le vois, je le sens. Elle croit que tout ce qui est arrivé à Rosaline est de sa faute. Ce poids qu'elle porte la consume lentement, et je ne sais pas comment l'en libérer.

C'est alors que mon téléphone vibre, brisant ce silence pesant. Je le prends rapidement, et un numéro inconnu s'affiche à l'écran. Mon cœur s'accélère. Je sais que c'est elle.

Nouveau message

Salut, c'est moi, Leyla.
J'ai réfléchi à ta proposition, même si le temps que tu m'as accordé est écoulé.
Je suis d'accord pour vous rendre votre chère Rosaline, sauf qu'il y a une petite complication. Je ne peux pas t'en dire plus ici. Il faut qu'on se voie dans une dizaine de minutes.

Je relis le message plusieurs fois, cherchant à en déchiffrer les sous-entendus. Leyla a enfin répondu, mais pourquoi maintenant ? Pourquoi ce revirement soudain après son silence ? Mon instinct me dit de me méfier. Elle n'est pas du genre à se plier si facilement. Si elle veut me rencontrer, c'est qu'elle a quelque chose derrière la tête. Mais je n'ai pas le choix.

Envoyer un message

Salut ! Je ne peux malheureusement pas sortir. Il y a un flic devant ma maison. Il vérifie toutes les cinq heures qu'il n'y a rien de suspect, à cause de l'enquête.
Il se peut même qu'il me surveille de loin, qui sait.
Il n'y a rien que tu ne puisses me dire par téléphone ? Fais vite, le temps presse.

Quelques secondes plus tard, la réponse arrive. Leyla est en ligne.

Nouveau message

Ok ! Rosaline a accouché par césarienne. Le bébé et elle se portent bien. Le problème, c'est que Rosaline refuse de partir sans son bébé.

𝑳𝒆 𝑴𝒂𝒓𝒊 𝑫𝒆 𝑴𝒂 𝑺œ𝒖𝒓( en cours)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant