~ Chapitre 41~

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L'air de l'hôpital était glacial, lourd, presque oppressant. Chaque minute semblait s'étirer comme une éternité alors que je restais assise dans ce couloir blanchâtre, le regard rivé sur cette porte fermée qui me séparait d'elle. La jeune fille que nous avions secourue, moi et Lili, hurlait encore dans mes souvenirs, sa détresse s'accrochant à mes pensées comme une ombre qui refuse de partir.

Je m'appelle de la pauvre Marie que j'étais. Et ce soir-là, en voyant cette enfant en sang, j'ai cru que mon passé était revenu pour me hanter.

Quand le médecin m'avait annoncé qu'elle avait été violée, tout mon être s'était figé. Je n'entendais plus rien, sinon le grondement sourd des souvenirs que je voulais enterrer. J'ai pensé à Leyla. À Rosaline. À toutes ces vies brisées à cause de nous. J'avais péché, oh oui, j'avais péché. Mais qui pouvait vraiment fuir son passé ? Ce soir, face à cette enfant martyrisée, tout remontait, comme un torrent incontrôlable.

Les années d'avant...
Leyla et moi formions un duo infernal. Je ne sais plus quand tout a dérapé, mais l'argent nous avait rendues aveugles, insensibles. Nous avions promis à des filles innocentes une vie meilleure, des rêves, des promesses tissées dans le mensonge. Elles nous faisaient confiance, mais au bout du chemin, il n'y avait que des monstres. Des hommes prêts à tout payer, même l'irréparable. Certaines filles étaient si jeunes, des vierges sacrifiées sur l'autel de nos profits. Nous nous en fichions. Les cris, les supplications... On les étouffait sous le poids des billets.

Parmi elles, il y avait Rosaline. Une amie, une victime, une complice malgré elle. Tombée enceinte après avoir été forcée, elle voulait avorter. J'étais pour, mais Leyla avait un autre plan. Une manipulation sordide, une vengeance insensée : forcer Daniel, son mari, à payer. Rosaline avait fini par disparaître dans les ténèbres de cette machination, piégée par l'emprise de Leyla. Et Ariane, sa sœur, avait disparu elle aussi, comme un fantôme avalé par cette spirale de violence.

Il était presque minuit. L'infirmière qui m'observait depuis un moment finit par s'approcher :

— Vous avez l'air préoccupée... Tout va bien ?

— Oui, tout va bien, mentis-je d'une voix rauque.

Elle repartit, mais à cet instant, le médecin tant attendu fit enfin son apparition. Je me levai d'un bond.

— Elle s'est réveillée ? demandai-je précipitamment.

— Oui, mais vous ne pouvez pas la voir pour l'instant. Elle est encore trop faible.

Il se retourna pour s'éloigner, mais je m'interposai.

— Je vous en prie, laissez-moi juste la voir.

Il fronça les sourcils.

— Qui est-elle pour vous ? Vous réalisez que si vous me cachez quoi que ce soit, la police sera impliquée. Elle a été victime d'une agression gravissime. Qui lui a fait ça ?

Je sentis mon cœur rater plusieurs battements.

— C'est... c'est ma cousine, improvisai-je d'une voix tremblante.

— Et qui lui a fait ça ?

— Je n'en sais rien...

— Suivez-moi dans mon bureau, m'ordonna-t-il froidement.

Je n'avais pas le choix. À l'intérieur, il s'installa face à moi, un regard perçant, presque accusateur.

— Où avez-vous trouvé cette fille ?

— J'étais en voiture avec une amie, expliquai-je. Elle a surgi de nulle part, en hurlant au secours. Deux hommes la poursuivaient. Nous l'avons sauvée et amenée ici.

𝑳𝒆 𝑴𝒂𝒓𝒊 𝑫𝒆 𝑴𝒂 𝑺œ𝒖𝒓( en cours)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant