𝑳𝒆 𝑴𝒂𝒓𝒊 𝑫𝒆 𝑴𝒂 𝑺œ𝒖𝒓( en cours)

~ Chapitre 61 ~

Annie et moi étions allongées sur le canapé, chacune plongée dans son téléphone, absorbées par nos propres pensées, lorsque la porte s'ouvrit brusquement. Leyla entra, et la surprise fut totale. Nous nous redressâmes toutes les deux, choquées de la voir là. Elle avait juré de ne jamais remettre les pieds dans cette maison, surtout après ce qui s'était passé entre elle et Daniel.

Je m'apprêtais à lui lancer une pique, à lui dire qu'elle pouvait bien retourner d'où elle venait si c'était pour se moquer de nous parce que Daniel est en prison. Mais avant que je ne puisse ouvrir la bouche, elle sourit d'un air mystérieux et, d'une voix calme, elle lança :

— Ariane, tu ne sais donc pas que Daniel n'est pas en prison ?

Ces mots me frappèrent comme un coup de poing. Daniel, pas en prison ? Non, impossible. Je ne pouvais tout simplement pas croire ce qu'elle disait. Leyla, après tout, était une experte en manipulation, et elle adorait jouer avec les gens comme des marionnettes. Elle avait menti tant de fois que la méfiance était presque instinctive à son égard.

— Voyons, Ariane, continua-t-elle en s'approchant, Daniel a fait croire à tout le monde qu'il était en prison. J'ai appris ça récemment aussi.

Mon cœur battait la chamade. Était-ce un autre de ses jeux tordus ? Non, Daniel ne nous aurait jamais fait ça. Il n'aurait jamais abandonné sa propre sœur, ni moi. Mais l'assurance dans la voix de Leyla, la certitude qu'elle exprimait, commença à semer le doute en moi.

Annie, assise à côté de moi, avait les yeux écarquillés. Je pouvais voir qu'elle aussi commençait à douter. Leyla poursuivit, faisant tout son possible pour nous convaincre, nous détaillant des anecdotes, des histoires qui semblaient étrangement cohérentes. Et peu à peu, malgré ma méfiance, quelque chose en moi vacilla.

Puis, elle nous fit une proposition. Une proposition à laquelle je ne m'attendais pas.

— Si vous ne me croyez pas, je peux vous conduire là où il se trouve. Vous le verrez de vos propres yeux.

Je serrai les poings. Tout en moi criait de ne pas la suivre, que c'était un piège. Leyla ne pouvait pas être digne de confiance, c'était une certitude. Mais Annie... elle commençait à montrer des signes d'hésitation. Elle voulait retrouver son frère.

— Ariane, s'il te plaît, supplia-t-elle, et si elle dit vrai ? Si Daniel est vraiment là, on ne peut pas laisser passer cette chance.

Je tentai de lui expliquer qu'il y avait trop de risques, mais Annie ne voulait rien entendre. Elle était déterminée. Elle voulait voir Daniel, et rien ni personne ne pouvait la faire changer d'avis.

À contrecœur, je finis par céder. Nous montâmes à l'étage, changeâmes rapidement de vêtements, puis suivîmes Leyla à sa voiture. Je sentais mon estomac se nouer alors que nous montions à l'arrière. Leyla, au volant, gardait son calme habituel, ce calme qui cachait toujours quelque chose de sinistre.

La route semblait interminable, et chaque kilomètre parcouru renforçait ma certitude que nous étions en train de tomber dans un piège. Plus nous roulions, plus cette sensation de malaise grandissait. Annie jetait des coups d'œil inquiets vers moi, ses mains tremblaient légèrement sur ses genoux.

C'est alors que je les remarquai. Deux voitures, roulant à nos côtés, s'approchant un peu trop près pour que ce soit une simple coïncidence. Mon cœur s'emballa encore plus. Je savais que c'était les hommes de Leyla, qu'ils étaient là pour s'assurer que nous ne tentions rien.

Annie me regarda, son visage blême, réalisant enfin ce que je craignais depuis le début.

— C'est un piège, murmura-t-elle, la voix tremblante.