𝑳𝒆 𝑴𝒂𝒓𝒊 𝑫𝒆 𝑴𝒂 𝑺œ𝒖𝒓( en cours)

~Chapitre 59~

Il est 19h47. Le silence est lourd, mais je ne me laisse pas submerger. Les mots de Caleb résonnent encore dans mon esprit : "Simon a été capturé." Ces cinq mots, prononcés avec une froideur calculée, m'ont frappé comme un coup de poing. Je n'ai pas eu besoin de demander plus de détails sur ce qu'il savait ; son ton suffisait à indiquer que la situation était grave.

Je m'assieds devant la table du salon, fixant le journal d'appels de Simon. Ces appels, récupérés grâce à Caleb et à ses contacts, ne sont pas seulement une liste de numéros. Ils sont des preuves. C'est à travers eux que j'ai découvert l'impensable : Ben. Un nom que je n'avais jamais entendu auparavant, un homme que Caleb lui-même ignorait jusqu'à maintenant. Et pire encore, les liens entre Ben et Leyla, ma propre femme.

Leyla... Depuis combien de temps me ment-elle ? Depuis combien de temps joue-t-elle un double jeu ? Je serre les dents, repoussant la vague de colère qui menace de m'envahir.

Je prends mon téléphone et appelle Caleb. Cette fois, c'est à moi de poser les questions.

— Daniel, répond-il après deux sonneries. Je suis en pleine réunion avec mes gars, qu'est-ce que tu veux ?

— Simon. On a quelque chose de nouveau ?

— Pas encore. Ce Ben, si c'est vraiment lui qui est derrière tout ça, a effacé ses traces depuis des années. Je te l'ai déjà dit, Daniel, il n'existait même pas pour nous avant aujourd'hui.

Je prends une grande inspiration, parlant avec calme malgré la tempête intérieure.

— Ce journal d'appels, Caleb. On sait que Leyla est liée à lui.

Il y a un silence au bout du fil.

— Oui, je l'ai vu. Je ne voulais pas te le dire comme ça, mais... Tu sais ce que ça implique, Daniel.

— Je sais, dis-je d'une voix froide. Et c'est pour ça que je vais m'en occuper moi-même.

— Ne fais rien de stupide, Daniel. Ce genre de situation... ça demande de la prudence.

Je raccroche sans répondre. Prudence ? Caleb n'a pas encore compris qu'on n'a pas le luxe d'attendre. Chaque minute qui passe éloigne Simon un peu plus.

Je quitte mon appartement, déterminé. La nuit est froide, mais je marche d'un pas rapide, ma destination claire dans mon esprit. Le bar de la 12e avenue. Ce lieu, autrefois synonyme de souvenirs heureux, est maintenant un point de convergence pour toutes mes questions.

Quand j'entre, l'odeur familière de tabac et de bière éventée m'accueille. L'endroit est calme, presque vide. Je m'approche du comptoir, mais avant même de pouvoir commander, une voix que je connais trop bien retentit derrière moi.

— Tu es prévisible, Daniel.

Je me retourne lentement, croisant le regard de Leyla. Elle est assise à une table au fond, dans l'ombre. Ses traits sont fatigués, mais ses yeux restent aussi perçants que d'habitude.

— Toi, dis-je simplement, avançant vers elle.

— Moi, répond-elle, esquissant un sourire en coin. Assieds-toi.

Je m'exécute, croisant les bras en la fixant.

— Alors, c'est toi.

— Moi quoi ? demande-t-elle calmement, son regard ne vacillant pas.

— Simon. Tout ça. C'est toi, Leyla.

Elle incline légèrement la tête, un sourire presque amusé sur les lèvres.

— Tu devrais choisir tes mots avec soin, Daniel.

— Arrête tes jeux, rétorqué-je froidement. Pourquoi Simon ? Pourquoi ?