Le Souffle du loup

Chapitre 7

Kieran

Comme prévu, j'avais communiqué les informations sur la présence d'une nécromancienne en ville. Le briefing fut donc consacré aux détails de l'opération minutieuse, car l'endroit était étroit et peu stable. Au moindre coup ou sort trop puissant, nous finirions ensevelis sous les décombres. La stratégie établie, nous allâmes passer une tenue entièrement étanche, incluant un casque complet, avant de nous diriger vers l'armurerie où nous délaissâmes nos armes à feu, inutiles sur les nécromanciennes, pour privilégier des doubles épées. La créature que nous nous apprêtions à combattre, à l'instar de ses congénères, ne possédait aucun organe viable et donc vital. Rien qu'une balle ne puisse grièvement endommager. Pour la tuer, le seul moyen était la décapitation.

Nous suivîmes ensuite Sitjaq jusqu'à notre véhicule de fonction avant de prendre la direction de Pioneer Square. Les autorités avaient été prévenues de notre intervention, car si l'existence du monde surnaturel était inconnue de la majorité, il en était autrement pour tous les officiers supérieurs. Les mettre dans la confidence était indispensable afin de leur permettre de nous couvrir auprès de leurs collègues et de la population en inventant des situations plausibles pour justifier nos actes – comme une importante fuite de gaz nécessitant l'évacuation d'un quartier entier. L'exercice étant particulièrement pénible, ils nous demandaient toujours d'être discrets tout en sachant que nous le serions. C'était assez amusant de voir leurs mines inquiètes à l'annonce de chaque mission importante. Lorsque Rowe, notre directrice, avait annoncé la possibilité que les trottoirs du centre-ville s'effondrent ce soir, son interlocuteur avait pâli, nous avait-elle confié, avant de rappeler que cela ne devait en aucun cas arriver.

Sur place, nous enfilâmes nos casques équipés de vision nocturne puis pénétrâmes en file indienne dans le Seattle Underground, Sitjaq en tête. Si j'étais celui qui avait vu la nécromancienne, mon chef possédait la meilleure connaissance des lieux. En plus d'y être déjà venu plusieurs fois, il avait en amont de la mission étudié le terrain et repéré les points faibles et les pièges. Dans des endroits clos comme celui-là, la principale précaution à prendre était de sécuriser une porte de sortie, car se retrouver bloqués signerait notre arrêt de mort. Mon collègue Wyatt resta donc à l'arrière d'où il ne bougerait pas afin, le cas échéant, de pouvoir venir nous soutenir ou appeler des renforts.

Le pas léger et sûr, nous avançâmes avec prudence dans cet environnement où ne perçait aucune lumière. Mes sens s'étaient tellement affûtés que ma respiration semblait faire un vacarme d'enfer. La nécromancienne avait déjà senti notre présence, nous le savions. La première attaque viendrait d'elle, raison pour laquelle nous avions déjà nos épées en mains. Le tout, maintenant, était de deviner où et quand la créature passerait à l'offensive.

Nous étions reliés par radio, pourtant personne ne parlait. Le silence entre nous ajoutait à l'impression d'isolement, de claustrophobie naissante, même, car nous gardions à l'esprit la possibilité que les rues de Seattle s'effondrent sur nous sans que personne ne puisse nous sortir vivants des décombres. La pression psychologique était donc importante. Ce fut sans doute pour ça qu'un mouvement soudain à côté de nous nous fit sursauter. Pourtant, un examen minutieux des lieux n'indiqua aucune présence en dehors de la nôtre.

Pour l'instant.

Un peu plus tendus encore, nous reprîmes notre avance. La nécromancienne jouait avec nos nerfs pour nous faire perdre nos moyens. Le savoir nous obligea à raviver notre concentration à son maximum. Hors de question de la laisser gagner sur ce terrain-là. Ni sur aucun autre, d'ailleurs.

Nous passâmes d'une section à une autre grâce à une palette aux extrémités mises en évidence par une couleur différente. Une passerelle en bois, sécurisée par des garde-corps, nous ouvrit un passage sûr vers le reste des souterrains.