CHAPITRE 24 - OBSCURITÉ GRANDISSANTE

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« When there's no light to break up the dark, That's when I, I, I look at you»
When I Look At You – Miley Cyrus

- Noam –

Le paysage défile sous mes yeux à une vitesse ahurissante. Le décor de la grande ville de Biloxi prend peu à peu forme à travers la fenêtre du bus et j'ignore si j'ai fait le bon choix.

Les vacances de Noël se sont entamées en un rien de temps, et ma famille d'accueil a insisté pour confirmer ma présence. C'était sans négociation possible, il était inconcevable que je passe une fête familiale seul.

C'est pourtant ce que j'ai fait toute ma vie, je n'ai pas l'habitude de ce genre de chose. Je n'ai jamais eu de chance en terme de famille, et lorsque je tombe sur la perle rare je suis constamment sur la défensive à cause des expériences précédentes.

J'ignore même tout du mot « amour » que ce soit familial ou romantique, et je suis fatigué de vivre dans l'ignorance de tout ça alors que les adultes de mon âge ont déjà poursuivi leur première relation.

Le bus poursuit sa route dans mon quartier, après 5h de trajet en alternant les différents bus je suis presque apaisé de me retrouver à Biloxi.

À l'approche de mon arrêt, je discerne déjà ma famille d'accueil à l'extérieur du véhicule. C'est peut-être ridicule, mais je ressens une chaleur soudaine au niveau de mon cœur que je ne parviens pas à expliquer, j'ignore si je trouve ça agréable mais ce n'est pas douloureux.

Je descends du bus, valise en main, et j'admire ce paysage et l'air frais de ma ville natale qui frappe mon visage.

Je parviens à peine à m'adapter à ce changement d'environnement qu'Ava m'enlace immédiatement. Je reste crispé par ce geste qui me gêne énormément, les contacts physiques sont très peu désirés de mon côté.

- Je sais que tu détestes ça, c'est exactement pour cette raison que je t'en fais un, tu es du genre à ne jamais oublier les moments que tu as détestés.

Je grimace intérieurement face à son analyse sur mon comportement qui est évidemment correcte. Anne et Gille m'offrent des sourires qui me conviennent parfaitement puis Ava me libère et m'observe comme une énigme qu'elle essaierait de comprendre.

- Tu as changé. Dit-elle.

- Tu trouves ?

- Je ne sais pas ce que c'est mais c'est clair que tu as changé.

Je ne relève pas son commentaire jugeant qu'il s'agit simplement de son imagination ou mon absence prolongée qui a causé son entêtement sur le sujet.

Gille récupère ma valise, est-ce que c'est ce qu'un père ferait ?

- Nous avons fait des cupcakes à la maison pour ton retour, si tu as faim n'hésite pas d'accord. M'annonce Anne.

Est-ce qu'une mère le ferait ? Je ne sais pas, et je ne le saurai probablement jamais. Je ne cesse de me questionner sur le rôle d'une famille lorsque mes pensées s'attardent sur ceux qui ont tant subi en ma compagnie mais qui m'ont malgré tout gardé sous leur toit.

Ils ne se sont pas laissés abattre par l'ado désagréable qui repoussait tout le monde, ils se sont laissés attendrir par le petit garçon qui rêvait chaque année que le père noël lui offre une famille.

C'était ridicule de ma part de penser qu'un personnage imaginaire puisse me donner une famille, mais il a été créé dans l'unique but de faire rêver l'enfant, et c'est ce que j'ai fait, rêver.

À mon retour dans la résidence je constate que l'ambiance chaleureuse qui m'apaisait autrefois est toujours la même et c'est ce dont j'avais besoin pour mon retour.

Les mots que tu m'as laissésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant