Ch. 7 : La tempête

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C'est mon premier jour de repos depuis mon arrivée au château, je profite de cette journée ensoleillée pour me promener sur les terres de Monsieur le comte. Le domaine est vaste, principalement bordé d'une forêt, j'y découvre une clairière où file un cours d'eau dont la clarté n'a rien à envier au ciel sans nuage de ce début d'après-midi. Je m'installe sur la berge pour laisser mes pensées filer au rythme de l'onde paisible. Par moment, une truite fait son apparition avant de poursuivre son chemin, trop paresseuse elle se laisse porter par le courant et ainsi donne à mes yeux le temps d'admirer les couleurs de ses écailles dont le soleil s'amuse à en égayer les teintes arc en ciel. Mes songes divaguent, ils se perdent dans l'analyse que je fait de cette nouvelle vie qui m'est offerte. Le temps passé près de mon oncle et de sa femme est enfin révolu, Monsieur le comte m'avait demandé s'ils m'avaient mis à l'abri, ils l'avaient fait, par obligation plus que par charité chrétienne. Ce couple sans enfants n'avait de cesse de me répéter quel boulet j'était pour eux, je n'étais à leurs yeux qu'une charge, une bouche à nourrir. Pourtant, je m'efforçais chaque jour de combler leurs attentes, de me rendre utile, je nettoyais, je cuisinais parfois même je mendiais pour rapporter une miche de pain mais ça n'était jamais suffisant. Il leur en fallait toujours plus, alors à l'âge de 17 ans ils m'avait vendu comme couturière à un marchant peu scrupuleux qui exploitait mes talents. Mon salaire en totalité reversé à mon oncle, il ne me restait qu'une misère pour me nourrir, je logeais chez mon patron qui ne m'avait installé qu'une paillasse dans le fond de l'atelier, trop épuisée par le manque de commodités et les heures de travail forcé, j'avais fini par m'enfuir. De retour chez mes bourreaux, j'avais été installée dans la cave, laquelle était toujours humide mais bien plus confortable que mon dernier couchage. Ma tante semblait moins virulente que son époux, elle m'ignorait, ne se préoccupant de moi que pour m'ordonner telle ou telle tâche. Son regard éteint, et son attitude passive me paraissaient moins enviable que ma situation. Elle m'attristait lorsque je croisais ses yeux vitreux, sans expression, elle semblait attendre autre chose de la vie, peut-être que si elle avait croisé le chemin du Seigneur Hoseok elle aurait été plus joyeuse, elle aurait compris le sens de la vie, comment l'accueillir à bras ouvert, la croquer à pleines dents ... A l'évocation de ces belles paroles, un sourire étire mes lèvres. Jamais je n'aurais imaginer rencontrer des personnes comme Hoseok, Taehyung ou Yoongi, ces trois hommes énigmatiques, chargés de bienveillance sont des soleils pour cette maison, ils y sont comme chez eux sans jamais s'imposer, laissant Monsieur le comte rester maître de son domaine. Jungkook, quel homme charismatique, ce beau brun à la carrure athlétique toujours sur la réserve et pourtant si imprévisible. Parfois d'humeur joyeuse, il rayonne et son sourire semble emplir une pièce entière, j'apprécie cette facette de lui. Il apaise et dissipe les tensions juste en apparaissant, son regard rieur fait rougir les plus timides et sa voix teintée de velours adoucit les cœur. Mais quand son humeur s'assombrit, le maître est contrarié, ses traits fermés et ses muscles crispés, me donnent la chair de poule. Il devient froid et son ton est dur, les ordres sont données pour être minutieusement exécutés. Il devient intransigeant, ne tolérant aucune incartade, aucun écart, pas d'excuses possible et dans ces moments mon cœur se serre pour lui. On devine aisément la peine qui le consume, je voudrais le consoler et lui faire savoir qu'il n'est pas seul. Parce qu'en vérité, les gens qui travaillent sur le domaine du comte sont aussi de fidèles sujets qui se préoccupent de son bien être.

Mon visage dirigé vers le soleil, les yeux clos, plongée dans mes pensées, je n'entends pas le pas cadencé du cheval qui s'approche. C'est son hennissement qui me tire de ma rêverie. Je rouvre les yeux, surprise d'être interrompu dans un endroit si paisible, mes yeux mettent un certain temps à s'adapter à la luminosité avant de découvrir Monsieur le comte sur un canasson à la robe noir de jais. Le portrait en pied qui me fait face est digne d'un De Vinci, son regard rivé au mien, Jungkook n'a rien à envier aux statues grecques antiques. Les rayons de l'astre jouant dans ces cheveux, ses prunelles sombres chargées d'une intense réflexion, il est simplement beau, de ces beautés simples à qui il ne suffit que d'être ...

Monsieur Le ComteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant