Ch. 46 : Je t'aime

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" Ne me quittes pas ... "

Ses mots résonnent en moi, je suis affaiblie, totalement anéantie par cette épreuve de laquelle nous semblons sortir et pourtant sa main caressant ma joue me soulage. Elle apaise mon émoi, mon cœur parait moins lourd dans ma poitrine. J'analyse progressivement sa requête et je ne peux m'empêcher d'y voir une éclaircie au bout du tunnel. Nous n'avons rien décidé, nous n'avons rien envisagé, nous n'en sommes qu'à la possibilité d'une réconciliation. Mon oncle lui a parlé de mes histoires de famille mais il n'en a pas les tenants et les aboutissants. Jungkook ne connait probablement que les grandes lignes, sera-t-il en capacité d'accepté l'inacceptable ? Quoi qu'il en soit, il m'a rappelé à ses côtés, je lui dois la vérité qui se cache derrière ma naissance. Ma tête posée contre lui, les yeux fermés, je savoure cet instant qui n'appartient qu'à nous lorsque le vacarme d'une porte claquée nous sort de notre bulle, nous nous redressons attendant que l'intrus vienne jusqu'à nous. Le panneau du petit salon s'ouvre sur le visage enragé de Yoongi hurlant le nom de ...

- JUNGKOOK !!!!

Il s'avance menaçant vers nous, son regard rivé à son interlocuteur. Jungkook m'oblige à passer derrière lui comme s'il craignait pour ma vie. Je me réfugie dans son dos mais déjà Yoongi le saisi par la col pour le balancer littéralement par dessus la table basse. De nature plus chétive que Jungkook, sa force semble décuplée par la colère qui l'anime. Jungkook perd l'équilibre et roule sur le sol, son assaillant se rue sur lui et empoigne les pans de sa veste. Je m'apprête à m'interposer lorsque les bras de Hoseok et Taehyung, que je n'avais pas entendu arriver, m'en empêchent.

- Tu dois les laisser régler ça entre eux, me conseille l'ancien boxeur.

- La violence n'a jamais rien résolu, l'implorais-je d'intervenir.

Il me regarde désolé mais me maintient afin que je n'interfère pas entre les deux hommes maintenant occupés à se cogner dessus.

- Comment as-tu pu ! hurle Yoongi tout en assénant un coup de poing dans la mâchoire de son ami.

Il s'acharne, un deuxième coup puis un troisième maintiennent le Comte au sol. Ce dernier semble recevoir les attaques comme une punition à laquelle un fautif se soumet en repentance. Mes yeux me brûlent, je veux les arrêter, je ne comprends pas ce qui se joue je veux seulement qu'ils s'arrêtent. Je les supplie mais embarqué dans un excès de colère Yoongi poursuit.

- Je l'emmènerai loin de toi ! Tu ne lui feras plus jamais aucun mal ! crie-t-il.

A l'évocation de cette dernière phrase Jungkook semble sortir de son état léthargique et prend le dessus sur son ami. Il renverse la tendance et se retrouve au dessus de Yoongi toujours aussi colérique. Dans un premier temps, il tente de le résonner.

- Je me suis excusé, semble-t-il l'implorer de se calmer.

Mais rien y fait. Le notaire parvient à se dégager et s'élance pour lui flanquer un coup de pied dans le ventre. Jungkook est à nouveau propulsé au sol, les mains posées sur son abdomen il se redresse en grimaçant.

- Tu ne la mérites pas ! continue-t-il de crier.

Jungkook parvient à l'immobiliser et à cet instant le visage de Yoongi devient plus triste. Des larmes coulent le long de ses joues, il semble vaincu mais il ajoute.

- Putain ! Comment as-tu pu lui dire ces choses horribles ?

Mon cœur se fend d'entendre sa plainte et j'ordonne à Jungkook de le lâcher. Il s'exécute laissant à terre le pauvre homme retranché dans son chagrin.

- Sortez, priais-je les trois hommes.

Seule avec lui, je m'agenouille pour m'approcher de lui. Ses yeux perdus dans le vague continuent de pleurer. J'essuie ses joues pour tenter de le ramener à la réalité, il réagit, me regarde, se saisit de mes mains et m'attire à lui pour m'enlacer. Je dégage mes bras pour encercler ses épaules, les siens entourent ma taille se resserrent un peu plus. Tous les deux assis sur le tapis du salon, nous restons un moment sans bouger, sans parler, ni même nous regarder. Je sais ce que Yoongi ressent pour moi depuis ce jour où il a déposé ce baiser dans mon cou mais je n'ai jamais cherché à nourrir ses sentiments. J'ai toujours voulu le préserver mais je comprends ce soir que j'ai lamentablement échoué.

Monsieur Le ComteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant