Ch. 8 : Les dégâts

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La nuit fut agitée par une tempête, l'orage gronda jusque tôt ce matin m'empêchant de fermer l'œil. Et avec cela, mes pensées obnubilées par le comte ne m'ont pas permis de me reposer, c'est donc de bonne heure que je descends pour préparer les petits déjeuners. Charlotte et Madame Chang sont les premières à me rejoindre. Le nez penché sur une marmite de lait chaud, je les entends papoter dans le couloir qui débouche sur la cuisine. Elles énumèrent les différents dégâts causés par les vents violents de la veille.

- Les hommes vont avoir beaucoup à faire aujourd'hui, s'enquière la cuisinière. Nous allons préparer des repas copieux et des sandwichs pour les aider au mieux.

- T/P ?

- Hum ? répondis-je à charlotte alors que je goûtais le lait aromatisé à la vanille.

- Je ne t'ai pas vu rentrer de ta promenade hier. Tu es allée de quel côté ?

Je mets un moment avant de lui répondre. Je n'ai pas l'intention de lui révéler que Monsieur m'a raccompagné à cheval et encore moins qu'il m'a aidé à me sécher. Je ne veux pas que des ragots circulent à notre insu alors même qu'il n'y a rien à colporter.

- Je suis rentrée juste avant l'averse, j'ai baladé sur les terres du domaine. Rien de plus, ajoutais-je espérant avoir suffisamment nourri sa curiosité.

- C'est bien ce que je pensais ... finit-elle par lâcher.

L'angoisse me gagne, que sous-entend elle ?

- Jérôme a cru t'apercevoir sortir de la grange durant l'orage. Je lui ai dit qu'il s'était trompé !

- Oui, avec les bourrasques de vent et les éclairs , il s'est sûrement mépris.

Confuse de mon mensonge, je garde les yeux sur la casserole qui commence à bouillir, je la retire du feu pour verser son contenu dans de petits ramequins.

- T/P ?

- Oui Charlotte ?

- Lors de notre prochain congé, que dirais-tu de m'accompagner en ville ? J'ai besoin d'un nouveau chemisier et si je ne me trompe, il serait temps de changer le tien également !

Soulagée qu'elle change de sujet sans prêter attention à ma mine coupable, j'accepte sans ciller son invitation. Ensemble, nous attrapons les deux plateaux pour nous diriger vers la salle à manger où Monsieur et ses amis nous attendent pour se nourrir.

- Nous allons devoir remettre des tuiles, remplacer plusieurs vitres et monter au grenier constater l'étendu des dégâts causés par la pluie.

Alors que Monsieur le comte faisait l'inventaire des travaux de la journée à ses amis, Charlotte et moi disposons les plats devant eux. Les regard soucieux dirigés vers Jungkook en disent long sur l'intérêt que lui porte chacun d'eux.

- Je n'ai rien de mieux à faire que de t'aider aujourd'hui, l'informe le Seigneur Hoseok.

- Il en va de même pour moi, ajoute Maître Min Yoongi.

- Quant à moi, je prévois de terminer ma tournée en début d'après-midi, je me rendrais disponible dès que je le pourrais, poursuit le docteur. En parlant de tournée, elle commence ici ... finit-il par dire avant de me regarder.

Je comprends qu'il fait référence à ma brûlure.

Le Docteur et moi quittons ensemble la pièce pour nous rendre dans les cuisines afin que ce dernier ausculte ma main. D'habitude si aimable et chaleureux Kim Taehyung parait plus renfrogné, je pourrais le croire en colère si je ne l'avais pas vu, un instant plus tôt plaisanter avec ses amis.

- Asseyez-vous ! m'ordonne-t-il en pointant du menton un tabouret près de la fenêtre.

Je m'exécute tout en cherchant à le dévisager pour décrypter son humeur. Il défait la gaze, passe un chiffon humide pour nettoyer la blessure et observe attentivement quelque chose qui n'est plus visible. Très perturbée par son attitude, je brise la glace.

- Docteur Kim, quelque chose ne va pas ? Ai-je dit ou fait quoi que se soit pour vous contrarier ? l'implorais-je.

Il lève ses beaux yeux sur moi, il les fixe aux miens et me répond.

- Pourquoi est-ce que vous m'appelez par mon nom alors que Hoseok ...

Je ne le laisse pas terminer sa phrase qu'un rire nerveux m'échappe. Je l'étouffe dans ma main mais c'est peine perdue, mes yeux larmoient et je n'arrive pas à me contenir.

- Je rêve ou vous êtes en train de vous moquer de moi ?

Je secoue la tête de gauche à droite pensant avoir calmer mon émoi mais le fou rire me reprend et j'éclate d'un rire sonore qui font se retourner les domestiques présents. Piqué au vif, le docteur me saisi le bras pour m'entraîner dehors. Les poings sur les hanches, il me dévisage attendant une explication de ma part. Enfin je recouvre mon calme.

- Je suis navrée Docteur ! Je n'avais aucunement l'intention de me moquer de vous, seulement la mine vexée que vous affichez est assez cocasse. Le Seigneur Hoseok m'a demandé de m'adresser à lui dans ces termes ! Rien de plus !

- Alors il n'est pas votre favori ?

- Qu'entendez-vous par là ?

- Je pensais que nous étions amis ? répond-il désabusé.

- Et nous le serons si vous le souhaitez Monsieur, tentais-je de le rassurer. Vous êtes deux hommes tout à fait charmants et je vous espère une vie riche d'amour avec une jeune dame de votre rang.

- Je peux donc en conclure que Hoseok n'a pas l'avantage sur moi ? parade-t-il plus enjoué.

- Vous êtes incorrigible Docteur Taehyung, répondis-je pour le voir à nouveau sourire.

                                                                                 °°°°°

Plus tard dans la matinée, Madame Chang, nous charge d'apporter une collation aux hommes qui travaillent à l'extérieur. Charlotte se dirige vers la grange où Jérôme et Hoseok dégagent les ballots de foin trop humides pour rester à l'abris de la lumière. Ils les enfourchent pour les disposer dans une charrette qui les ramènera plus tard dans la clairière en plein soleil. Quant à moi, je grimpe sur une échelle en bois appuyée contre un mur de la maison pour déposer un en-cas à Monsieur le comte et Monsieur Min qui effectuent le remplacement des tuiles cassées durant la tempête. La chaleur qui suit un orage est souvent étouffante, l'air encore chargé d'humidité nous fait suffoquer et c'est sans surprise que je découvre Monsieur Jeon torse nu agenouillé sur le toit. Je saisi l'instant pour observer l'individu en catimini, son corps sculpté se pare de reflets dont l'astre du jour fait scintiller les gouttes de sueur pareil à de petit diamants. Je suis subjuguée par la vision qui m'est offerte, je savais Monsieur bel homme et je comprends l'intérêt qu'il suscite chez la gente féminine.

- T/P ! Descendez immédiatement de cette échelle, m'ordonne Monsieur le comte.

Sa réplique, qui me sort de ma torpeur, me fait monter le rouge aux joues. Je finis de gravir les derniers échelons pour déposer les sandwichs près d'eux. J'évite le regard brûlant de Monsieur Jeon, qui je crois me fusille de ne pas avoir obtempéré, et je croise celui de Min Yoongi qui semble s'amuser de la situation.

- J'ai comme l'impression que cette demoiselle n'en fait qu'à sa tête Jungkook !

- En effet, et cela commence sérieusement à me déplaire ! ajoute ce dernier.

- Auriez-vous préféré que je laisse cette pauvre Madame Chang vous porter votre en-cas ? demandais-je sarcastique avant de redescendre.

Alors que je retrouve le sol sous mes pieds, Monsieur le comte, debout sur le toit m'interpelle.

- T/P ! Rendez-vous utile. Montez au grenier et voyez ce qu'il y a à y faire, je vous rejoins dans un moment.

Je hoche la tête pour lui signifier que c'est entendu et me dirige dans la direction indiquée.







Monsieur Le ComteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant