Ch. 28 : L'épidémie (troisième partie)

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- T/P ! crie Jungkook caché par le ventre proéminent du Duc.

- Jungkook ! criais-je à mon tour. Lâchez-moi ! ordonnais-je au garde qui emprisonne mon bras dans sa main.

Alors que mon amour fait son apparition dans mon champs de vision, le grand Duc l'empêche de m'approcher. Je scrute son beau visage tuméfié, son œil poché, sa lèvre fendue, sa pommette rouge ... Les larmes brûlent mes yeux. Que lui ont-ils fait ? Pourquoi l'avoir passé à tabac ? Il ne venait que demander de l'aide. Il n'était pas un danger pour eux. Elles déferlent sur mes joues, je tente de les essuyer mais elles sont trop nombreuses.

- T/P, souffle-t-il son regard inquiet sur moi. Je vais bien, m'assure-t-il.

Comment pourrait-il aller bien ?

- Que lui avez-vous fait ? enrageais-je en dévisageant le Duc. Pourquoi ne répondez-vous pas ? hurlais-je à son encontre.

L'homme reste statique devant moi, ses yeux rivés sur moi, il ne dit rien, ne se défend pas, n'ordonne pas non plus. Il semble vouloir sonder mon âme avec son regard bleu perçant. Ses prunelles rétrécies me scrutent, il me toise ...

- Laissez-la s'en aller Monsieur le duc ! le supplie Jungkook. Mettez-la à l'abri pour la nuit et veillez à ce qu'elle rentre demain à la première heure, implore-t-il.

Le Duc Franckois, sortit de sa torpeur par les paroles suppliantes de son ex-gendre, lève un bras menaçant en direction de Jungkook. Je parviens à me dégager de mon geôlier mais je trébuche, et alors que la main est prête à s'abattre sur mon amour, une voix féminine interrompt la scène.

- Cela suffit ! ordonne-t-elle sur un ton autoritaire.

Tous les regards se tournent vers elle, une belle dame vêtue d'une robe du même bleu que l'uniforme des gardes, fait son apparition dans l'encadrement de la porte. Elle fixe d'un œil mauvais son époux.

- Cela suffit, réitère-t-elle plus calme. Ce pauvre homme à bien assez souffert en perdant sa femme et son fils. Ne crois-tu pas qu'il serait temps de tourner la page, d'aller de l'avant et de permettre au jeune Comte Jeon d'en faire autant ?

La main du Duc s'abaisse immédiatement, ses bras ballants font se voûter son dos, dans cette posture on pourrait croire que toute la misère du monde lui incombe. Je reste tétanisée par la peur du moindre faux pas, de la moindre parole maladroite. J'ancre mon regard à celui de Jungkook qui s'apprête à se relever de sa chaise.

- Mon enfant, glisse la Duchesse en s'accroupissant à ma hauteur et en saisissant mes épaules. Ne restez pas ainsi. Le sol est froid. Vous attraperiez mal, dit-elle en m'invitant à me redresser.

Elle me guide vers un canapé près d'un feu de cheminée crépitant.

- La pauvre petite est frigorifiée. Trouvez lui une couverture et descendez en cuisine chercher du thé chaud, ordonne-t-elle au garde posté devant l'entrée.

Je la remercie timidement mais je n'ose affronter son regard. La Duchesse saisit délicatement mon menton pour m'obliger à la regarder. Ses yeux semblent surpris lorsqu'ils se posent sur moi, elle parait scruter chaque parcelle de ma personne et dans un murmure elle énumère.

- Son nez, ses yeux, ses lèvres pleines, sa mâchoire délicate, même la couleur de ses cheveux est identique ...

Paniquée par l'inventaire qu'elle fait de moi, je me tourne vers Jungkook pour chercher un allier mais il parait lui aussi troublé. La pièce se fait silencieuse, seul le résonnement de nos respirations dénote avec l'atmosphère pesante. Je déglutie péniblement et cherche un moyen de sortir de cette tourmente angoissante.

Monsieur Le ComteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant