Ch. 49 : Un nouveau tournant

182 9 6
                                    

Voilà près de trois heures que Yoongi, Taehyung et Hoseok étaient enfermés dans le bureau de Jungkook. Les trois amis arrivés à la hâte au petit matin avaient demandé audience auprès du Comte. Je n'avais pas été avertie de leur visite et je ne savais pas de quoi il en retournait mais un mauvais pressentiment m'assaillait dès lors.

- Que peuvent-ils bien raconter ? fulminais-je dans mon coin.

- Probablement une situation d'urgence, me répond Madame Chang qui s'active dans sa cuisine comme si de rien n'était.

Je tourne en rond manquant plusieurs fois de bousculer l'un ou l'autre des commis de cuisine et cela commence sérieusement à agacer la cheffe des lieux.

- Voudriez-vous bien vous asseoir un instant, me prie-t-elle.

- Comment le pourrais-je alors qu'il se joue quelque chose qui m'échappe ?

- Les dames ne sont pas faites pour les affaires ou la politique. Restez sagement à votre place et bientôt Monsieur viendra vous réclamer.

- Est-ce ainsi que vous envisagez la place des femmes dans notre société ? demandais-je un peu choqué de ses propos.

- Ce n'est pas moi qui l'ai décidé mais bien les hommes ! Je n'y peux rien si notre pays n'est gouverné que par eux. Comment pourrait-il en être autrement sans aucune femme pour nous représenter ?

Elle n'a pas tord. Aucune femme n'a jamais accédés à des fonctions ministérielles. Nous sommes sous le joug d'une royauté au pouvoir. Et l'ensemble de notre gouvernement n'est que le pâle reflet de sa majesté puisque il exerce son pouvoir au nom du roi. Je souffle de lassitude devant ce constat peu honorifique de notre condition amoindrie par le patriarcat. Mais je n'en reste pas moins anxieuse de la situation qui préoccupe autant ces quatre hommes enfermés depuis des heures dans ce bureau. Excédée et trop impatience, je me dirige dans le couloir pour les rejoindre quant au même moment ils se décident à sortir de la pièce d'où une fumée de cigares consumés s'échappe. Leur mine est défaite, les traits sont tirés, les front plissés par l'inquiétude. L'hiver est à nos portes et la guerre l'accompagne, c'est la déduction que j'en tire lorsque mes yeux se posent sur ceux de Jungkook. Il s'avance vers moi, passe son bras autour de mes épaules et me demande de descendre en cuisine prévenir que nous aurons de la visite dans les jours à venir. Je m'affaire sans demander mon reste, je comprends qu'il n'est pas temps de badiner et que la situation critique exige de l'efficacité et du sang froid.

- Nous ne pourrons attendre plus longtemps, informe Hoseok lorsque j'entre dans le petit salon.

- Je ne crois pas qu'il faille se précipiter, lui répond Jungkook.

- Personne ne parle de se jeter dans la gueule du loup sans réfléchir mais je te rappelle qu'ils sont déjà postés derrière la frontière.

- Est-ce que la Duchesse de Franckois est en danger ? me renseignais-je.

Les yeux de mon époux s'abaissent pour ne fixer que le sol et cette manière qu'il a de mordiller sa lèvre indique que j'ai vu juste.

- Nous devons la rapatrier ici, exigeais-je.

- Nous le ferons en temps voulu mon ange. Pour l'heure rien ne presse. La déclaration n'est pas encore parvenue au roi. Il nous faut nous préparer à toutes éventualités.

- Je ne comprends pas pourquoi nous devrions attendre.

- Il est probable que je t'envoie en France, répond-il sans me regarder.

- Tu envisages quoi ?

- J'ai fait parvenir une missive à la Duchesse de Montjoie. Je suis à peu prêt sûr qu'elle n'y verra aucun inconvénient.

Monsieur Le ComteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant