Monsieur Le Comte

Ch. 54 : Capitaine Kim

- Etes-vous certains de ne pouvoir en apprendre davantage ?

- Madame je vous le répète ... Personne n'est en mesure de nous rapporter plus d'informations ! s'agace le jeune homme derrière son guichet.

- Avez-vous envoyé un messager ? Quelqu'un pour ce rendre compte de la situation ?

- Je ne fais que suivre les directives et elles sont claires. Personne ne retourne sur le front pour le moment !

- Quand ? Quand notre majesté accordera de son temps à cette requête ? Quand estimera-t-il que des hommes ont encore besoin de son soutien ? m'énervais-je.

La mine déconfite de mon interlocuteur m'indique qu'il ne pourra m'en dire plus au sujet du conflit toujours en cours. La main de Yoongi sur mon bras m'intime de ne pas insister.

- Nous reviendrons demain, me suggère-t-il en m'obligeant à prendre le chemin de la sortie.

Nous descendons les marches de l'administration pour retrouver un soleil timide dont la lueur n'égaye que partiellement les ruelles de la ville.

- Comment ne peut-il se soucier de ses Seigneurs ?

- Ne nous attardons pas, répond mon ami. Nous viendrons nous enquérir de la situation tous les jours s'il le faut mais ne restons pas là à tergiverser, ajoute-t-il un brin agacé.

Son pas s'accélère en direction de l'établissement où se reposent nos montures. Repus et soigneusement brossés, Blanche et le Pur Sang de Yoongi semblent nous accueillir dans un hennissement synchronisé. Je caresse encore l'encolure de ma jument alors que mon ami est déjà en scelle prêt à quitter les lieux. Je m'empresse de lui emboîter le pas sans bien comprendre son revirement d'humeur.

- Veux-tu bien m'expliquer ton soudain mutisme ? l'implorais-je.

- Je suis agacé ... rien de plus !

- Et par quoi, je te prie ?

Il tire sur les rennes pour immobiliser le canasson, je m'arrête à sa hauteur. Son air renfrogné me rappelle nos premières rencontres. Il a la fâcheuse tendance à ne plus communiquer lorsque quelque chose le chagrine et en l'occurrence un événement semble le perturber. Son regard rivé sur l'horizon, il parait être à des années lumière de cette campagne dans laquelle nous chevauchons.

- Quelle idée as-tu en tête ? demande-t-il abrupte.

- Je ne vois pas de quoi tu parles ...

- T/P ... je commence à bien te connaitre et ton attitude me fait penser que tu trames quelque chose.

Je dévie mon regard pour ne pas avoir à soutenir le sien qui depuis sa dernière question semble vouloir percer à jour cette idée naissante.

- Ayun a-t-elle trouvé une nourrice ?

Ravie qu'il change de sujet je lui réponds que la jeune gouvernante prévoit de me présenter une dame à la réputation irréprochable.

- Et ensuite ?

Je ne suis pas la logique de son raisonnement.

- Et après qu'elle t'ai présenté cette nourrice ? s'énerve-t-il. Quand comptes-tu t'enfuir ? crie-t-il.

Mes yeux se baissent, je les rive au sol poussiéreux. Trop honteuse de n'avoir su garder secrète ma décision de me rendre moi-même sur le front.

- Depuis quand l'envisages-tu ?

- Yoongi ... soufflais-je.

- Cela suffit ! hurle-t-il en posant sur moi un regard noir que je ne lui connaissais pas.