Chapitre douze

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- Tu ne l'as pas croisé ? Je pus lire sur l'écran de mon téléphone. La réponse était négative, bien entendu. Monsieur Hassan m'avait laissé finir plus tôt au vu du désert qu'était le studio aujourd'hui. J'étais donc rentrée chez moi peu avant treize heures. J'avais mis ce temps libre à profit pour rédiger deux lettres. Deux enveloppes remplies de lignes retraçant ma vie, mes hobbies et pleins de questions auxquelles je devais répondre. Cela m'avait pris toute l'après-midi mais ça en valait le coup. Eros en valait le coup.

Flashback de l'écriture des lettres

Chère Eros, c'est à mon tour d'attraper ma plus belle plume et de t'écrire plus que quelques mots. Je ne sais pas si mes lignes seront aussi parlantes, aussi justes que celles que tu m'as rédigées. En tout cas, je vais faire de mon mieux pour t'atteindre à l'aide de la langue de Shakespeare. Tout d'abord, comme tu dois t'en douter, je ne dévoilerais pas mon prénom, cependant, je vais te donner un surnom. Quelque chose qui te permettra de m'identifier. Tu as mentionné dans l'une de tes lettres que le mythe d'Eros et de Psyché était cher à ton cœur, je t'invite donc à m'appeler dorénavant Psyché. Alors que puis-je te dire sur moi... Et bien, je suis fille unique. Je vis seule dans un petit appartement dans un charmant petit patelin de Greencastle, j'ai récemment déménagé de chez ma maman, souhaitant prendre mon envole. Et si tu te poses la question, non, je n'ai pas de père enfin... Je ne le connais pas mais ce n'est pas grave. Vraiment ! Je suis sûr que tu ne me croiras pas si je te dis ça mais, comment veux-tu que je ressente le manque de quelque chose que je n'ai jamais eu et que je n'aurais jamais ?

Je relevais mon stylo de la feuille de papier. Trop dur. Trop abrupte de parler d'un sujet tel que celui-ci. Je n'avais jamais vraiment parler de mon père. Que ce soit à des amis ou avec ma maman à vrai dire. J'ai toujours eu un semblant de doute quant à son existence. Aucun de mes proches n'avait daigné me donner quelques maigres informations comme par exemple, de qui héritait-je cette crinière rousse ? Qui m'avait permis de lui emprunter ses iris ambrés ? Des questions qui peuvent paraître futile voire d'une utilité désuer. Mais dans ce qui me servait d'esprit, ce genre de question m'aurait sûrement permis d'éviter toutes ses soirées, seule, cachée sous ma couette, étouffant mes sanglants, ces derniers hurlant à l'agonie de savoir un peu plus sur mes origines incertaines. J'aurais aimé que ma naissance soit le fruit d'un amour sincère et éternel. Il n'en était pas moins qu'un flirt, un amour non réciproque et d'un abandon tout aussi brutal. Je balaya ce remue-ménage cognitif et reprit mon élan.

Revenons à nos moutons ! Je suis donc fille unique, célibataire et totalement névrosée à vingt-deux ans. Bon et bref résumé en soi. Je suis passionnée de littérature en tout genre même si les romans parlant d'amour, ceux qui parlent du véritable amour, dégoulinant de sentiments et de douceur restent mes préférés mais chut ! Ne le dit à personne. J'aime aussi beaucoup la musique, la photographie mais ça, ça coule de source. Tu l'as remarqué également ! Je suis du genre à parler beaucoup. Pas parce que j'aime avoir le feu des projecteurs sur moi mais parce que ça me permet de ne pas entendre les hurlements de mon cœur car lorsqu'il n'y a pas un bruit, ce dernier aime crier à s'en époumoner, à s'en arracher le myocarde car ce qu'il veut, c'est juste que quelque part, quelqu'un entende sa mélodie et la complète.

Je fais une pause dans l'écriture de ma lettre et la relus. Je craignais de passer pour une fille dénuée de vie, vide de toute âme et habitée par les fantômes d'un passé triste. La vérité est que mon cœur, mon âme et mon esprit était similaire à une pluie fine. Le genre de pluie qui rafraîchit l'air d'une belle et chaude journée d'été. Une bruine clairsemée par les rayons du soleil la traversant, laissant entrevoir un magnifique arc-en-ciel. Le genre de pluie sous laquelle les amoureux échangent leurs premiers baisers, leurs premiers regards, leurs premières danses.

Quand j'y pense,... Ça ne fait pas longtemps que l'on correspond ensemble mais... Je commence à penser que j'apprécie notre amitié naissante. Un univers, neuf planètes, sept mers et océans, deux cent quatre pays, huit-cents îles et j'ai la putain de chance que tu sois tomber sur ma photo dans ce vieux photomaton. Alors, hâte de lire ton prochain mot Eros. Signée Psyché.

Fin du flashback de l'écriture des lettres

Alors...Place Kingdover...Trouvée ! Alors, je dois y aller...Là-bas ! Me dis-je à moi-même en regardant l'itinéraire pour me rendre jusqu'au fameux point de rendez-vous. Après quinze minutes de marche à travers un dédale de petites ruelles animées, j'arriva enfin sur la grand place de Charleston. La grand place était remplie de monde, encerclés par de grands bâtiments de style art nouveau. La fête foraine était énorme, délimitée par des barrières et une sorte de large arche où se tenait un vigile qui s'assura de la sécurité de l'entrée de l'évènement. J'arriva à l'abord de l'entrée et sourit au garde. J'ai pu voir qu'il n'était pas seul. Un jeune homme, la chevelure rousse claire, une vingtaine d'années se tenait timidement derrière l'homme chargé de laisser entrer les visiteurs dans la zone. Je m'approchai du « corps de garde » et remarqua que le rouquin portait une sorte de barrette avec écrit dessus à l'indélébile Hermès. Je souris instantanément et alla à sa rencontre.

- Bonjour ! Oui, toi ! Tu es un ami d'Eros ?

Il me dévisagea de la tête au pied, ne comprenant pas ce que je lui voulais puis se frappa la tête du bout des doigts.

- Oui, désolé ! J'ai failli oublier qu'il se faisait appeler comme ça dans ses lettres. Tu es sa correspondante ?

- Oui ! Tu peux m'appeler À... Psyché ! Dis-je donnant quasiment mon vrai prénom, rougissant de la bourde que j'ai failli commettre.

- Psyché ? Je note. Tiens, Eros m'a demandé de te donner ceci si je te croisais. Me dit-il en me donnant une enveloppe.

Je pris l'enveloppe entre mes mains, le remerciant du regard et entra dans la fête foraine. Non loin de l'entrée, je trouvai un banc ou je mis assis avant d'ouvrir l'objet donné par le rouquin. Je sors un cliché et une feuille de papier.

Bonjour mon inconnue ou plutôt Psyché. J'espère que tu n'as pas trop galéré à trouver la fête foraine. Alors, sur ce mot, tu trouveras quelques indications pour trouver d'autres mots de ma part. On va dire que c'est un jeu de piste trésor. Ton premier indice est que vu l'heure, tu dois être affamé, je te conseille de suivre l'odeur des Hot Dogs. Ils sont extra à ce qu'il parait.

Je me suis levé donc, il a raison, rien de mieux que de jouer à un petit jeu de piste ! Mais avant, j'ai un appétit à assouvir.

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