Chapitre dix

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Charlie me lança un regard désapprobateur avant d'exploser de rire. Je devais bien l'amuser. Cinq heures. J'ai passé cinq heures à faire des recherches sur internet, plus précisément sur Facebook et Instagram. Je me suis cantonné aux plus basiques. Évidemment, je me suis heurté à un mur et pas un petit. Je ne connais pas son nom de famille. Et manque de bol, les horaires de travail sont individuels donc aucun indice pour savoir à quel compte appartient Arthur. Évidemment en bon ami qu'est Charlie, il n'a pas vendu la mèche et ne m'a pas dit le nom de famille du musicien. Le blondinet restait dans un coin de ma tête.

Je n'étais encore au stade ou sa présence dans mes pensées était signe d'une obsession. Mais son nom était dans le top trois des choses qui traversait ma tignasse quand j'étais occupée à rien faire. Il avait en quelque sorte pris le contrôle de ma psyché depuis que je l'ai croisé au Pulse Bar. Son sourire, son aisance sur scène et ses yeux pétillants hantaient mes rêves et j'en avais marre. Tombée amoureuse au premier regard n'est clairement pas le genre de qui m'est déjà arrivée et je n'y crois pas vraiment à cette théorie qu'en un regard, on peut tomber fou amoureux de quelqu'un. Pour moi, ça ressort plus de l'attirance physique que du véritable amour.

Celui avec un grand A, celui qui est sain, qui ne s'explique pas. Le genre d'histoire d'amour ou les dieux et l'univers ont conspiré pour le voir naître. Je ne pouvais pas m'empêcher de chercher des informations à son sujet, espérant trouver un moyen de le revoir, de le connaître davantage, car même si je ne crois pas en l'amour au premier regard, au Zing, je me devais de savoir qui il était.

Plusieurs heures de torture supplémentaire sous le regard hilare de Charlie, je commençai à me résigner, malgré tout mes efforts à scruter les profils Facebook et Instagram à la recherche d'Arthur, je ne suis pas plus avancée. Comment est-il possible d'admirer quelqu'un aussi intensément sans même connaître son nom de famille ? La réalité m'était venue en plein visage, comme un coup de poing dans le ventre. Il me fallait une autre stratégie, un autre moyen de découvrir qui était ce fameux Arthur qui hantait mes pensées car, je faisais une prière enquêtrice et au vu de l'aide donnée par mon acolyte, noter l'ironie, J'allais devoir me remuer les méninges...

Un sourire triste se dessina sur mes lèvres alors que je me rendais compte que j'étais peut-être en train de devenir ridicule. Après tout, qui perdrait autant de temps à chercher des informations sur quelqu'un simplement parce qu'ils avaient échangé un regard ? Moi, apparemment. Je devais trouver un moyen de passer à autre chose, de reconstruire ma vie sans cette obsession. "Lubie" pardon, ce n'est pas une obsession, me dis-je, à moi-même en repensant à lui. Mais chaque fois que je fermais les yeux, son visage ressurgissait dans la brume de mes souvenirs de la veille, me rappelant à quel point cet instant partagé avait su m'éveiller.

Et peu m'importe. Il n'y avait aucun moyen d'échapper à ce qu'il avait fait naître en moi. Sûrement qu'un jour, j'aurais le fin fond de cette histoire. Mais pour l'instant, je devais faire face à la réalité : sans son nom de famille, mes recherches étaient inutiles. La seule chose que je pouvais faire était d'aller lui parler demain au travail. Bien sûr, cela ne serait pas drôle si je n'étais pas une vraie trouillarde et que le mot est faible.

- Tu abandonnes ? Dit Charlie en arrivant dans mon salon avec deux tasses de chocolat chaud fumant. Insinuant que ma tentative de devenir le nouveau Sherlock Holmes était tombée à l'eau. Il n'avait pas tort.

- Hum. Je soupirai de lassitude abandonnant mes recherches. J'ai pris la tasse en forme de citrouille que me tendait Charlie. Il s'assoit près de moi, pris une grande gorgée de sa boisson avant de me regarder avec un regard de chien battu.

- Tu ne vas quand même pas m'en vouloir hein ? Me dit-il avant de reprendre une gorgée.

Je resserre ma prise sur ma tasse, prends une longue gorgée et réfléchis un instant. Étais-je contrarié contre Charlie ? Non. Cela aurait été puéril de lui en vouloir même s'il est peu commun d'oublier le nom de famille de son meilleur ami ou plutôt de ne pas vouloir de dévoiler.

- Non, tu as de la chance que tu sais faire un bon chocolat chaud. Dis-je en essuyant la mousse qui s'était déposée sur le haut de mes lèvres.

Le jeune homme aux cheveux bouclés se leva lorsqu'il eut fini de déguster sa boisson. Il prit son sac à bandoulière, tenta d'enfiler ses vieille Doc martens recouvertes de stylos et de feutres manquant plus d'une fois de tomber au sol de l'appartement, se tourna vers moi lorsqu'il fut totalement habillé. Charlie était venu très tôt ce matin tambouriner à ma porte, fou d'inquiétude. Il avait sonné à la dernière personne qui m'avait vue. C'est -à -dire Arthur. Le blond lui avait tout expliqué de ce qu'il s'était passé hier soir. De son altercation avec le junkie à notre balade à moto.

Il a même évoqué le fait qu'il m'avait raccompagné jusqu'à la porte de mon appartement. Le jeune Canadien avait donc voulu s'assurer que j'allais bien et tenait à s'excuser. Même si Charlie n'avait rien fait pour que je parte de la boite et me fasse harceler, le jeune homme continua de penser qu'il était en quelque sorte responsable de cette série d'évènements.

- Je vais devoir y aller, ma mère m'attend. Tiens-moi au courant demain quand tu auras vu Arthur. Si tu stresses, n'hésite pas à m'envoyer un message ou deux. Je serai là pour te rassurer. Me dit-il avant de me faire la bise et de sortir de l'appartement. Le jeune homme sortit son téléphone de sa poche arrière. Une notification.

- "Comment va-t-elle ?" pu lire le jeune homme. Il pianota rapidement un bref message à son correspondant.

- "Plutôt bien. Elle aimerait te remercier, tu sais." lui envoya Charlie. Il ne put s'empêcher de lui envoyer un second message, souhaitant clarifier la situation.

- "Tu as envie de la revoir ? Je veux dire, hors du taff ?"

- "Maybe". Lui répond son interlocuteur.

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