Aujourd'hui, la boutique était animée par l'agitation estivale. La rue commerçante était arpentée par de nombreuses personnes, quelques-unes faisant halte au studio photo, souhaitant savoir si comme chaque année la boutique photo allait honorer ses promesses : Participer au bal d'été, et cela, avec son fameux photomaton. Monsieur Hassan n'avait pas encore placardé d'affiche sur la devanture. Charlie et Aria m'avaient indiqué que chaque été, Riad réalisait une dizaine d'affiches accrochées en ville et au studio. Ces posters servaient à indiquer les événements ou le studio "Souvenirs", sera présent durant les festivals d'été. Un bruit me sortait de mes pensées. Une pile de cartons s'était dérobée, s'écrasant sur Aria qui sortait des vestiaires.
- HAAA ! S'écria Aria, tombant à la renverse sous la surprise.
Je cours rapidement vers Aria, suivis de près par Ian. Tous deux, nous aidâmes notre collègue. Plus de peur que de mal. Sur les cinq cartons, seul un était rempli de papier glacé. Aussitôt relevés, nos regards se croisèrent. Quand mes yeux confrontent ceux d'Aria, un fou-rire nous envahit, mais, quand ce furent ceux d'Ian, une étincelle de curiosité anima mes iris ambrés. Pour la première fois, j'ai pu analyser ses traits. Il avait la peau halée, habillé par des traits marqués, dont une mâchoire carrée. Cela ne faisait que ressortir l'iris de ses yeux... Ces derniers étaient bleus pétant, la même nuance qui décore les villes côtières de la Riviera Italienne. Je ne distinguais pas d'étincelles.
Pas de malice comme je l'imaginais dans mes songes. Je n'y vois pas de vagues, de mer déchaînée. Je n'y vois qu'une mer chaude, calme et tangible. Mon cœur ne ratait pas un seul battement. Je devrais en discuter avec Charlie. Soit la piste était fausse, soit je devais creuser plus que dans le regard d'Ian... Moi qui pensais que l'âme était trahie par les yeux, avais-je tort ? Depuis que j'avais partagé ma piste sur la potentielle identité d'Eros, je n'ai pu m'empêcher d'attendre patiemment de travailler au magasin le même jour qu'Ian, espérant trouver de maigres indices concernant mon inconnu.
Éclipse de la matinée
- Il fait si bon... Dit Aria en soupira d'aise, L'air frais du ventilateur caressant sa chevelure blonde.
Hassan nous jeta un coup d'œil avant de regarder sa montre à deux reprises. Il part et revient quelques minutes plus tard, son gilet sur les épaules et son sac à dos dans une main.
- Je dois m'absenter... J'ai un rendez-vous important cet après-midi. Profitez pour rentrer, il fait bon et vous devez être en forme pour la semaine prochaine. Le grand bal d'été de l'académie d'art arrive rapidement. Dit Riah avant de sourire et d'inviter d'un geste de tête à récupérer ses affaires et quitter le studio.
Nous prîmes rapidement nos affaires, les miens se réduisant à un tote bag. Alors que j'allais me diriger vers la gare de Charleston, Ian tapota mon épaule gauche. Je me tourne et vis que mes collègues se rassemblent en un petit groupe. Ces derniers attendaient visiblement quelque chose.
- Cela te tente de venir avec nous à la plage ? Demanda Ian, me tenant fermement l'épaule.
Je jette un coup d'œil derrière lui. Je vis Charlie, Aria et Arthur. Si ma piste est bonne, Qu'Eros est bien Ian, alors Charlie pourra l'observer aujourd'hui et donc confirmer mes suspicions.
- Avec plaisir ! Dis-je enthousiaste.
Nous nous dirigeons vers le van d'Ian. Quant à Arthur, il chevauche sa moto. À la vue de la Yamaha, les souvenirs de la soirée au Flash me viennent en tête. La sensation du vent dans les cheveux, l'odeur de son eau de Cologne et le sentiment d'avoir le cœur qui bat à mille à l'heure me frappa. Charlie me bouscula et me fit un signe de tête. Je n'avais toujours pas eu l'occasion de remercier Arthur et j'aurais dû le faire depuis bien longtemps. Je m'avançai vers l'engin et demandai timidement si je pouvais faire le trajet jusqu'à la plage avec Arthur. Il releva la tête, surpris de me voir aussi proche de sa moto. Il se tourna vers les autres et leur fit signe de démarrer.
- Mets mon casque. Dit-il, me tenant la seule protection qu'il possédait.
- Et toi ? Tu n'auras rien pour te protéger... Dis-je, me rendant compte qu'il était imprudent de conduire sans casque.
- Ce n'est pas la première fois que je conduis sans casque et... Ce ne sera pas la dernière. Allez, mets mon casque.
Sans plus attendre, j'enfilai le casque qu'il me tendait depuis une bonne dizaine de secondes et tenta de monter sur la moto sans son aide. Sans succès. Sans que je puisse réagir, il assit mon bassin et l'une de mes hanches et me fis m'asseoir à l'arrière de sa moto. Un cri de surprise échappa de mes lèvres et cela eut l'air cocasse au vu de son ricanement. Il eut fière allure au sourire qu'il arborait. Il chevaucha l'engin de métal à son tour sans souci avant d'attraper mes mains et de les poser sur son torse.
- Tu te rappelles des règles que je t'avais données la dernière fois ? Me demanda-t-il.
- Non... Répondis-je.
- Quand je me penche d'un côté, tu suis le mouvement, n'ai pas peur de me serrer, si tu as peur, ferme les yeux et prend une grande inspiration. Et bien sûr... Pas de mains baladeuses ! Compris ?
Je rougissais à l'entente de ses mots. Avais-je eu un contact trop insistant lors de notre dernière balade ? Sans attendre, il démarra en appuyant sur l'embrayage. La moto vrombit doucement alors qu'Arthur vérifiait que mes mains étaient fermement accrochées à lui, j'ajustais mon casque, souriant d'excitation face aux sensations que cette balade à moto allait me procurer. Je pouvais d'ores et déjà sentir l'adrénaline imbiber mes veines. Le moteur rugit une énième fois et soudainement la moto fonça, filant à toute allure sur la rue commerçante.
Shut up and drive
'Cause I'm 0 to 60 in three point five
Baby, you got the keys
Now shut up and drive (Drive, drive, drive)
Shut up and drive (Drive, drive, drive)
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Ink and Paper
RomanceEt si l'amour ne se trouvait pas sur un trottoir mais sur un ticket de cinéma et derrière de multiples clichés provenant d'un photomaton ? Et bien, c'est comme ça que l'amour frappa à la porte d'April, une jeune fille travaillant chez un photographe...