Chapitre seize

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"Il avait le regard de ceux qui ont vécu plus de douleurs que leurs âges n'aurait pu le permettre. Ses iris, d'un bleu froid comme l'acier, portait les traces d'une enfance secouée par des tsunamis, qui avaient délavé ses beaux yeux saphirs. De ces trésors, ne surgissait de la surface de l'eau qu'un regard envahi par l'absence, le deuil et la rage de perdre sa bonne étoile".

C'est ce que mon père à dit à la psychologue pour expliquer pourquoi je n'allais pas bien. Il y a de cela huit ans, j'ai perdu ma mère. Ça faisait depuis trois ans qu'elle se battait contre un cancer. Un sarcome de l'utérus, d'après les oncologues. Tout à commencé quand elle à fait une mauvaise chute, après une radio, pour s'assurer qu'elle n'avait pas de fracture au niveau du bassin, les médecins ont décelé une tâche noire. Ça à été le début de la fin... Elle ne cessait de me dire que ce n'était rien. J'étais jeune et je pensais qu'elle disait vrai, je voulais la croire car l'idée de la perdre me rendait fou. Je me rappelle encore de ses long cheveux blond qu'elle coiffait en un chignon décoiffé, tenant seulement grâce à deux crayons utilisés à la manière d'une pince. De son sourire, timide mais toujours chaleureux. De sa voix... Elle avait la douceur d'une mère dans chaque paroles qu'elle prononçait. C'est elle qui a su éveiller mon coeur avec ses mythes et légendes.

Elle aimait raconter que lorsque je suis née, elle m'a laissé emprunter ses yeux. Ses magnifiques yeux couleur bleu égyptien. J'aurais souhaité les garder mais au fil du temps, ces derniers se sont couverts d'un épais brouillard, les rendant terne comme un ciel après un orage . Malgré le fait qu'elle n'était plus de ce monde, que seul les souvenirs partagés en sa compagnie témoignent de son passage, j'aimais raconter qu'elle vivait encore. Que son regard n'avait jamais quitté ma peau. Laissant à mes proches, le sentiment que les yeux de ma mère sont toujours là, pour veiller sur eux. J'avais l'âme délavé à la javel d'avoir trop pleurer. Des cernes étaient venu habiter mon visage dû au trop grand nombre de nuit que j'ai passés à supplier qu'on me rendre ma mère, rendant mon visage plus vieux et morose qu'il n'aurait dû l'être. J'étais devenu le portrait craché de mon père mais pas de la manière que je l'aurais souhaiter. J'avais le cœur brisé.

Non pas en morceau mais en cendre car lorsque la personne qui m'a mise au monde est morte, c'est comme si mon cœur s'est désintégré, une pluie de cendres tombant à mes pieds. Pas de résurrection cette fois-ci. Plus jamais je n'ai lu de livre après ce jour. Mon amour pour la littérature m'a lâché la main. Le conte qu'elle appréciait tant me lire a fini enfouis sous une pile de livres et de poussière. Perdu dans un passé que je cherchais désespérément à fuir. Ce trou béant ou fut un temps reposait mon cœur s'était cicatriser mais jamais je n'ai oublié. Je refuse de mentir, dire que mon quotidien n'était qu'ombre et brouillard serait mentir... Mais cette étincelle, celle qui me faisait sourire, n'a plus jamais vu le jour. J'aurais tout donné pour que ma famille soit comme avant. Je suis toujours convaincu que mes parents étaient fait l'un pour l'autre.

Ma mère, comme à son habitude aimait laisser entendre que mon père et elle étaient des âmes sœurs. Des êtres que Zeus avait séparés par peur de leur amour. mais dont leurs unions était plus fort que la volonté même du dieu du tonnerre. Son décès avait brisé mon père. Il aura fallu deux ans pour que l'homme que je connaissais remonte la pente. Il n'avait pas le choix. J'étais trop jeune pour subvenir aux besoins de ma sœur et les miens.

Mind over matter :

... And if the world don't break

I'll be shaking it

'Cause I'm a young man after all

And when the seasons change

Will you stand by me?

'Cause I'm a young man built to fall

Une larme s'échappa, coulant dans une course effrénée sur l'une de mes joues. Je relevai le regard vers la dame qui se tenait en face de moi. Ses lunettes rouges carmin, toujours vissé sur le bout de son nez, m'analyse du regard avant de porter ce dernier sur son bloc note. A en juger l'état du carton du carnet, il devait dater de l'époque des pharaons, pensais-je moqueusement. Cette scène était répétitive voir ennuyante à mourir. Cette sellette se produisait deux fois par semaine et cela, une heure durant depuis plus de cinq ans. Madame Berlys recoiffa rapidement sa frange avant de me pointer avec son stylo bille.

- C'est intéressant... Cette rencontre, je veux dire. Vous vous échangez autre chose que des messages "photos" ? Demanda la quadragénaire.

En plus de poser énormément de question, la psychologue semblait être une grande fan de ragots en tout genre et les diverses péripéties que ma vie personnelle avait pu connaître depuis ces dernières semaines n'échappaient pas à la règle. Je grogne dans ma barbe naissante. Qu'est-ce-qu'elle pouvait m'énerver avec ses questions... Franchement... Malheureusement, je savais qu'elle me tirait les vers du nez d'une manière ou d'une autre.

- Non. Enfin si... On s'est écrit des lettres. Et... Je... Je lui ai écrit plusieurs lettres.

Je rougissais. Cette relation était vraiment bizarre. Depuis que j'ai mis la main sur ce cliché, je ne cesse de vouloir savoir qui se cache derrière ces mots. Au départ, quand j'en ai parlé à mon meilleur ami, il n'a pas arrêté de me charrier. Il sait de qui viennent ces photos et me fait "gentillement" du chantage. Je n'aurais aucune aide ni information qui pourrait m'aider dans mes recherches. J'ai bien essayé de l'acheter avec diverses propositions mais rien n'a faire. Il a même refusé mon invitation à manger, je cite "le meilleur plat sur terre" aka un ramen. Piètre meilleur ami, j'ai aussitôt pensé.

- Pas très écologique tout ça... Marmonna la professionnelle avant de sourire, non pas honteuse que j'ai pu entendre ses réflexions.

- Et alors ? Ça avance comment ? Comment vous appelle-t-elle encore dans ces lettres déjà... ? Apollon ?

Je soupirais. En plus de parler énormément, d'être extrêmement curieuse, il fallait qu'elle soit une buse en mythologie grecque... Je me redressai dans ce canapé vert ordure et la toisait du regard, la méprisant le temps d'un instant.

- Eros... Elle m'appelle Eros. Dis-je en sifflant.

À vrai dire, c'est moi qui me suis nommé comme ça. Par la suite, elle m'a appelé ainsi. Ça s'est fait tout seul pensais-je après avoir dévisager ma thérapeute.

J'étais honteux... Pourquoi ? Et bien, il se pourrait que j'ai arrêté momentanément de correspondre avec mon inconnue. Moi-même, j'ai eu envie de me gifler. Et ça, pour une simple raison. Je crois que j'apprécie psyché. Car oui, mon inconnue s'est trouvée un surnom plus qu'adorable. Au fur et à mesure de nos échanges, j'ai commencé à tisser quelque chose. Cette amitié si fragile repose en une seule règle. Ne pas couper contact. Je suis déjà en train d'enfreindre ce principe... Mais j'ai peur. Et si... Et si elle aussi, elle venait à disparaître ?

*                                      *                                        *

Bonsoir,

Ce soir, j'ai souhaiter aborder le point de vue d'un autre personnage qu'April. J'espère que les indices que j'ai pu vous laissés vous permettront facilement de découvrir l'identitée de notre mystérieux narrateur.

J'espère que cela te plaira autant que cela m'a ravis d'écrire ce chapitre. 

Bonne lecture et bonne tasse de café.

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