Chapitre vingt-deux

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- Tu sais que tu ne pourras pas continuer comme ça longtemps ? Cracha Charlie à son interlocuteur. Le jeune coréen n'arrivait pas à digérer ce qu'April lui avait dit. Comment Eros avait-il loupé une si belle occasion de rencontrer celle qui depuis maintenant presque quatre mois était devenue sa correspondante et plus en l'espace de plus de cent soixante jours.

- Je sais... Je sais. Dis-je nonchalamment. Je bu une gorgée de ma bière et la repose sur le comptoir en hêtre du bar. L'endroit était sombre, seuls quelques plafonniers jaunâtres éclairaient les abords de la pièce. Ces derniers étaient placés sur le dessus du bar, à l'entrée et près de la scène. Le pub était quasiment désert en ce début de soirée. Dix-huit heures indiqua ma montre. Je soupire. Quel con... Qu'est-ce-qu'il m'a pris d'embrasser psyché ? Il y a encore quelques heures ma relation avec psychée était de l'ordre de l'amitié. Enfin, c'est ce dont je me suis persuadé. J'en étais encore convaincu lorsque j'ai su que je n'étais pas seul dans cette pièce fourre-tout. J'ai vrillé quand elle a buté contre mon torse. Quand j'ai entendu pour la première fois sa voix. Elle était douce comme le miel. Cette voix douce, posée et légèrement aiguë par moment m'a rendue fou. Je l'ai embrassé, j'ai encore les mains qui tremblent rien que d'y penser. Charlie tapa de sa main droite sur le bois du meuble de bar. Le bruit de sa paume et de ses bagues me firent sursauter.

- Tu n'en a pas marre ? Tu as des sentiments pour elle, tu la trouves enfin et lorsque tu as l'opportunité de découvrir qui elle est, tu fais quoi ? Tu l'embrasses et tu te barre en disant je cite "Je te retrouverais mon inconnue, je te le promet". Je te tue quand du con ? Cracha nerveusement Charlie tout en se massant la main droite. Je savais que si Charlie n'avait pas été mon ami, il m'aurait tué pour être aussi con. Il n'avait pas tort, je n'avais pas réfléchi. J'avais eu peur. Peur d'admettre que mes échanges n'avait rien d'amical. Peur d'avouer au monde entier et surtout à moi-même que j'aimais April. Peur de faire face à ma plus grande peur : Et si je l'aime, je risque de la perdre, elle aussi ?

- Je... Ma voix se brisa sous un violent raz de marée qui me secoua. Je me sentais ridicule de ne pas pouvoir confier mes craintes à mon meilleur ami.

- Tu ? On ne va pas faire un cour de conjugaison là ! Qu'as- tu à dire pour ta défense ? Hein ? Disa Charlie de son ton le plus venimeux qui soit possible d'utiliser.

J'avais l'impression que mes poumons n'arrivaient plus à se gonfler d'air. J'essayais de me concentrer sur les battements de mon cœur, sur la sensation du sang affluant dans mes veines, de la chaleur de mes paumes mais rien n'y faisait. Mes joues étaient maintenant noyées sous mes larmes, j'étais plier en deux, mes mains sur le ventre. J'étais en train de faire une crise de panique. Je relevais la tête vers Charlie, un regard et mon ami compris dans quelle détresse j'étais. Il descendit de son tabouret de bar et m'entraîna hors du bâtiment. Le froid, le vent et l'oxygène me sortaient un peu de ma torpeur.

- Respire mon pote ! Putain respire ! Charlie était en panique totale. La respiration sifflante de son ami était lourde et bruyante. Mon corps tomba lourdement au sol, mes genoux contre le bitume du trottoir. Puis trou noir. Seuls les cris de peur de Charlie animait la rue.

17 h 30

Un bruit robotique accompagnait mon réveil. J'étais encore sonné, mes poumons étaient douloureux comme s'ils étaient tapissés de papier de verre. Chaque inspiration m'arracha un gémissement de douleur. Ma vue était légèrement floue, je déglutis et ferma les yeux un instant. Lorsque j'ouvris les yeux, je remarquai alors où j'étais. Une chambre blanche dépourvue de joie de vie et puant les produits d'entretien. Pas de doute, j'étais sûrement au Roper Memorial. Des bruits de pas s'approchant de ma chambre d'hôpital se firent de plus en plus entendre.

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