Chapitre quinze

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J'avais donc récolté durant ce qui semblait être une quête un grain de riz, un brin de tissu doré semblable à de la laine, de l'eau dans une petite fiole et une petite boite. Je n'avais pas encore ouvert la dernière lettre. Mon estomac était comme crispé de ma consultation avec la dénommée Perséphone. Ma discussion avec cette dernière m'avait confirmé que ce jeu de piste n'était autre qu'une représentation des épreuves qu'avait données la déesse Aphrodite. Je n'étais pas très loin d'une buvette. Je commande quelque chose à boire, prends place sur l'une des tables de camping mise à disposition et ouvre la dernière lettre.

Bonjour mon inconnue, J'espère que ta descente aux enfers s'est faite sans trop de soucis. Cette lettre sera la dernière de la journée, mais pas la dernière surprise. Je me doute que tu as dû deviner à quoi correspond chaque "trésors" gagner aujourd'hui. Garde-les en souvenirs de cette drôle de journée. Cela te fera penser à moi d'une certaine façon. Au fait, n'ouvre pas la boîte tout de suite. Ouvre-la quand tu seras chez toi et seulement quand tu auras un moment de blues. Promis ? Je t'invite à te rendre au carrousel. Il se trouve non loin de la grande roue. Je te conseille d'aller y faire un tour. La lune risque d'y être belle ce soir... Au Revoir psyché.

Je soupirai d'aise. Ces mots avaient le même goût à chaque fois. Doux et reposant, similaire à du nectar voire quelques fois à l'ambroisie. Cela faisait bientôt quelques semaines que ces échanges avaient commencé et je commençais doucement à en ressentir un besoin viscéral des prolongés. Ma conscience me hurlait qu'il s'agissait que d'une amitié. D'une relation rationnelle, platonique basée sur un besoin dénué de tout désir d'avoir un ami. Quelqu'un à qui on peut parler sans peur ni crainte d'être jugée. Mais mon cœur, quant à lui, ne voulait même pas polémiquer sur ce sujet. Surtout vu l'échange animé avec la diseuse de bonne aventure. Je rangeai la dernière enveloppe écrite par Eros et repris ma balade, tenant toujours, à la manière d'une enfant, le lièvre en peluche.

Après quelques minutes de marche, je fis face à un immense carrousel. Il était peint en un beige clair, tirant sur le blanc crème. Le haut du manège était un rouge pourpre. L'attraction avait comme véhicule plusieurs chevaux. Tout blanc nacrés. Je montai sur la plateforme et vit au loin ce qui ressemblait à une rose blanche accrochée à l'une des montures. Je m'avançais et m'asseyais à sur l'une des créatures d'acier. J'attrapai la rose et regarde si cette dernière était accompagnée d'un quelconque mot. Il y avait une photographie. Elle avait l'air de sortir d'un appareil instantané à en juger la qualité de celle-ci. J'ai pu y voir un jeune homme, pris en photo de la tête aux hanches. Le visage du jeune homme était caché par les pétales de la rose. Seules quelques mèches de cheveux étaient visibles. Ses cheveux étaient surexposés, l'image était sûrement cramée par la lumière. J'ai tourné la photo et j'ai pu y lire une phrase.

La lune est belle, n'est-ce pas ?

Elle l'a toujours été.

"Sôseki Natsumé" (1867-1916)

Je souriais. Cette phrase ne m'est pas inconnue, mais je ne puis mettre la main sur la provenance de cette dernière. Le soleil était en train de se coucher petit à petit. Cette après-midi de quête avait été plus longue que je ne l'aurais pensé. Je souriais et ferma les yeux. Me concentrant sur l'air caressant ma peau, sur la musique qui animait l'attraction. Je me demandais si Éros était ici. À aucun moment, ce dernier n'a mentionné sa présence. D'un côté, j'aimerais qu'il soit là. D'un autre, j'avais la trouille, car nos lettres me suffisaient pour le moment. Mais qu'arrivera-t-il si j'en veux plus et que la voyante dit vrai ? Je fermai les yeux, plus fort que nécessaire. Tentant désespérément de chasser ses pensées. Je suis presque sûr de ce que je veux et mon cœur ne veux pas m'aider à y voir clair.

Love story

Il, il n'est pas fou

Il l'aime c'est tout

Il la voit partout

Il l'attend debout

Debout une rose à la main

Non, non plus rien ne le retient

Dans sa love story

Dans sa love story

C'est en fredonnant la musique du manège que j'ai pris le chemin vers mon appartement. Cette journée m'avait ouvert les choses sur plusieurs points. Tout d'abord, Eros est sadique, autre point important, j'ai découvert qu'il est possible de créer des liens, des relations sans même être proche physiquement de l'autre. Ces photos inutilisables étaient à la base un moyen de me changer les idées. C'était devenu un passe-temps, d'habiller l'un des murs de ma chambre avec des dessins, poèmes, paroles de chansons. Mais maintenant, ce photomaton est devenu le point de départ de ma relation avec Eros.


*                                                 *                                               *


Bonsoir,

Voici un chapitre plus court que les précédents mais pas d'inquiétude !

Je sortirais chaque semaine un chapitre de minimum milles mots chaques semaines.

(Alors... Oui j'ai pas vraiment écrit un chapitre par semaine mais je vais me remettre à l'écriture... Promis !).

Bonne lecture.


Ink and PaperOù les histoires vivent. Découvrez maintenant