Comme tous les ans

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Thème 53 : C'est arrivé un 23 août

26 août 1944 : Te Deum pour la Libération de Paris

Les troupes d'occupation allemandes de la capitale française capitulent le 25 août 1944. Paris libérée !... Dès le lendemain, le 26 août 1944, le général de Gaulle, chef de la France Libre, descend en triomphe les Champs-Élysées, suivi du général Leclerc et de ses fidèles de la première heure. Acclamé par deux millions de Parisiens, il arrive à la Concorde puis gagne la cathédrale Notre-Dame de Paris. Rien de plus symbolique pour fêter la victoire que ce Te Deum joué au sein du vaisseau de pierre.

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Comme tous les ans

Comme tous les ans, Steve se tenait en uniforme sur le quai de Pearl Harbor pour rendre hommage aux soldats ayant perdu la vie lors de cette terrible attaque du 7 décembre 1941.

Comme tous les ans, Steve pensa tout d'abord à tous les soldats, civils, juifs, tziganes, homosexuels, résistants qui avaient perdu la vie durant la seconde guerre mondiale ou qui en avaient été marqués à vie. Lui qui avait combattu lors d'autres guerres ne pouvait empêcher sa gorge de se serrer lorsqu'il découvrait des images du débarquement de Normandie ou d'Hiroshima.

Comme tous les ans, il pensait aux victimes des attaques japonaises les 6 et 7 décembre 1941, bien sûr à celles de Pearl Harbor, mais pas que. Ses pensées allaient aussi aux victimes de Singapour, de la Malaisie, de Hong-Kong, de Guam et des Philippines qui avaient été bombardés en même temps que Pearl Harbor et envahis dans les jours ou semaines qui avaient suivi l'attaque. Si les crimes de guerre commis par les nazis étaient connus de tous, il n'en était pas de même pour ceux commis par les japonais. Les morts et les traumatisés de ces années de terreur étaient nombreux et Steve en était bien conscient suite à ses années de service en Asie.

Comme tous les ans, ses pensées passaient de toutes ces victimes qui étaient des inconnus pour lui à son grand-père qui avait péri lors de l'attaque. Près de 2 400 américains avaient perdu la vie en ce jour tragique. Même après toutes ses années de service, ce chiffre donnait toujours le tournis à Steve. Les histoires qu'il avait pu entendre sur son grand-père, dont il portait le prénom, le touchaient toujours beaucoup, surtout celles des personnes qui avaient partagé ses derniers instants.

Comme tous les ans, il se rappela que les soldats japonais servaient leur pays lorsqu'ils avaient largué leurs bombes ou envahi d'autres pays. Il se rappela les offensives qu'il avait lui-même mené durant ses missions, les hommes et les femmes qu'il avait blessé ou tué, ceux qu'il avait condamné par une de ses actions ou de ses décisions. Tout cela lui avait toujours semblé juste et justifié car il défendait son pays, mais ces soldats japonais avaient dû avoir les mêmes sentiments.

Comme tous les ans, ses yeux se remplirent de larmes qui ne coulaient pas. Le cœur lourd des morts qu'il avait causés, mais protégé d'une armure si épaisse que ses sentiments ne pouvaient pas s'exprimer sous la forme de perles salées. Son visage resta de marbre, fermé dans le recueillement et par le cheminement de ses pensées.

Comme tous les ans, il admira les vétérans, ceux qu'il considérait comme des héros pour avoir survécu à l'attaque, d'avoir été se battre dans une des guerres les plus horribles que leur histoire ait connu et d'avoir repris leur vie dès celle-ci finie pour subvenir aux besoins de leurs familles. Ces héros discrets qui ne se vantaient pas de leurs faits d'armes, bien au contraire, qui préféraient ne pas parler de ce qu'ils avaient vécu au cœur de l'enfer.

Comme tous les ans, Steve enfouit toutes ses émotions en lui dès que la cérémonie fut terminée et vêtu de son bel uniforme blanc, se leva pour quitter les lieux. Il marcha seul jusqu'à sa voiture et rentra chez lui où il observa les quelques souvenirs de son grand-père qu'il possédait. A nouveau, il se recueillit, se permettant quelques instants de ressentir de la tristesse face au fait qu'il n'avait jamais connu cet homme qu'il admirait et que s'il avait lui-même des enfants un jour, ils ne connaîtraient pas leur grand-père eux non plus. Il ne quitta ces émotions et ces pensées que lorsqu'il retira son uniforme.

Cette année, il ne se changea pas pour reprendre le travail, c'était un dimanche et il n'avait aucune enquête en cours. Il passa un short de bain dans l'idée d'aller surfer, mais du bruit au rez-de-chaussée le mit sur ses gardes. Arme au poing, il descendit les escaliers et se dirigea vers la source du bruit : la cuisine, où il découvrit Danny en train de préparer des brochettes.

¨On avait prévu de se voir ? demanda le militaire avec un sourire.

- Non, mais je sais comment tu fonctionnes et je sais que c'est mieux si tu ne restes pas seul toute la journée aujourd'hui, alors j'ai opté pour des brochettes.¨

Steve observa son invité surprise un moment avant de répondre.

¨Je vois.

- Tu vois.

- Oui, je vois.

- Bien, bah dans ce cas, donne-moi un coup de main ! Va mettre le barbecue en marche !

- Tu as ramené des bières ?

- Dans le frigo.¨

Avec un grand sourire, Steve sortit deux bouteilles du frigo, les décapsula, en posa une sur le plan de travail pour le cuistot du jour, et partit s'occuper du feu. Avoir Danny chez lui en ce jour n'était encore jamais arrivé, mais il n'était pas contre l'idée d'en faire une habitude.


Après l'explosionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant