Thème 42 : Terminus
Votre personnage est assis dans une gare ferroviaire ou routière, un aéroport, un quai d'embarquement pour un bateau. Il est seul et n'a pas de bagages. Est-ce le début de quelque chose ? Une fin ? Qu'est-ce qu'il vient faire là ? Est-ce qu'il le sait lui-même ? Et où va-t-il ? Pour quelles raisons ? Il fuit ? Il va retrouver quelqu'un ? Est-ce qu'il prendra cet avion ou ce train ? Racontez-nous son histoire, 1000 mots minimum
Steve était assis sur une caisse de bois, au milieu de nombreuses autres. Il n'avait ni sac, ni bagages, cela faisait longtemps que tout ce qu'il possédait tenait dans les poches de sa veste et de son treillis militaire élimés par le temps et l'usage. Il regardait l'horizon depuis le quai d'embarquement du bateau qui allait le ramener chez lui... chez lui, voilà des années qu'il n'avait désigné aucun endroit ainsi, quinze ans, quatre mois et sept jours pour être précis. Il était parti pour faire le point sur lui-même, pour se guérir de tous les traumatismes qu'il avait vécu, pour faire la paix avec lui-même. Il avait atteint ses objectifs, mais cela lui avait pris tellement de temps, si longtemps qu'il se sentait presque timide à l'idée de rentrer.
Il n'avait pas réellement changé durant ces années, bien sûr il avait vieilli, accueilli quelques rides et de nombreux cheveux blancs, mais il restait un homme athlétique à la peau hâlée et dont l'assurance se voyait au premier regard. Il fallait dire que plus de quinze ans à marcher à travers le monde lui avait permis de conserver sa musculature, il avait même séché un petit peu, perdant les quelques kilogrammes de gras qu'il avait gagné durant ses dix ans à la tête du 5-0 à Hawaï. Il avait mis cette prise de poids, minime, sur les bières partagées bien trop souvent avec Danny et leur Ohana ainsi que sur les plats bien trop gras de Kamekona, mais chaque gorgée, chaque bouchée lui revenait en mémoire avec la sensation d'être aimé par ses proches autour de lui et de les aimer en retour. Il lui avait fallu partir et errer à travers les continents pour réaliser l'amour qu'il y avait autour de lui à Hawaï et c'était bien quelque chose qui l'attirait autant qu'il le redoutait à présent.
Retrouver sa Ohana et leur amour le faisait rêver, il n'avait cessé de penser à eux et d'imaginer ce qu'ils devenaient grâce aux quelques nouvelles qu'il avait reçues par email de Danny ou Mary. Il n'avait pas beaucoup eu l'occasion de se connecter à internet et n'avait que peu échangé avec eux, mais chacun de leurs mots l'avait touché en plein cœur. Mary s'était réinstallée à Hawaï avec sa fille, mais avait refusé de retourner dans leur maison familiale arguant que c'était à présent celle de Steve et qu'elle était de toute façon occupée. Danny y était en effet toujours, à la demande de Steve, et y attendait le militaire de pied ferme pour lui rendre les clés. Danny était celui qui lui avait le plus manqué durant toutes ses années, surtout au début. Le blond lui en avait d'abord voulu d'être parti et avait mis presque six mois à répondre à l'email de Steve qui lui disait commencer son voyage introspectif au Canada. Suite à sa première réponse, ils avaient échangé le plus possible, mais pour Steve qui n'avait parfois pas pu se connecter pendant quatre mois, ça n'avait pas été facile. Il avait même dû rassurer Danny en lui expliquant qu'il était en Afrique, se déplaçait en transports publics ou à pied et pouvait passer des mois dans des zones sans électricité.
Oh oui, il avait hâte de rentrer et de les retrouver, de leur dire combien ils lui avaient manqué et combien il les aimait, mais c'était bien ce qui le terrorisait. Si jamais ils l'avaient oublié, si leur amour pour lui avait disparu, s'ils étaient mieux sans lui, il serait dévasté. Il revenait à Hawaï pour eux, parce qu'il savait à présent qu'ils étaient indispensables à son équilibre et à son bonheur. S'ils ne l'accueillaient pas, il repartirait, il reprendrait son errance vide d'amour et d'attaches.
Sa vie n'avait pas été malheureuse durant ces quinze ans, il n'avait pas toujours été seul, il avait partagé ces années avec des compagnons de route, des partenaires de jeux, des interlocuteurs le temps d'un repas ou d'une bière, des amants ou des maîtresses, des mentors ou des guides spirituels, mais ça n'avait jamais été pour plus que quelques semaines. Steve avait voyagé sur les cinq continents, découvert des centaines de lieux, rencontré tout autant de personnes il n'avait jamais ressenti la solitude, mais il n'avait jamais retrouvé cet amour et ce bien être qu'il avait connu auprès de sa Ohana.
Il avait donc pris la décision de rentrer chez lui, de retrouver sa Ohana et espérait retrouver sa place au sein de celle-ci. Il attendait, impatient, l'autorisation de monter à bord du voilier sur lequel il ferait le voyage de Sydney à Honolulu. Il avait rencontré lors de ses pérégrinations en Australie un français qui faisait le tour du monde en bateau et qui acceptait de prendre des passagers à son bord à condition qu'ils l'aident à la navigation. Cet échange de bon procédés avait beaucoup plu à l'ancien militaire qui en plus s'était bien entendu avec l'homme. Après une semaine à se côtoyer, le départ avait été acté et les provisions achetées. Jérémy, le français était parti chercher son bateau qui était arrimé à distance du port.
Lorsque le voilier fut en vue une impatience saisit Steve, il savait qu'il en avait encore pour deux à quatre semaines de voyage, si tout allait bien, mais c'était la dernière étape avant son retour chez lui. Ces semaines allaient lui sembler durer une éternité et seraient certainement trop courtes, dans le même temps ce serait la fin d'une étape de sa vie. Il n'avait jamais aimé les fins qui s'éternisaient, il avait toujours préféré partir rapidement, les au revoirs sans effusions d'émotions, mais là, il avait plutôt l'impression que ce bateau allait le mener vers le début d'une nouvelle étape de sa vie plutôt que de la fin de sa période d'errance. Une nouvelle aventure. Il avait hâte.
Avec entrain, il aida Jérémy à monter le matériel et les provisions à bord, à préparer le voilier au voyage qu'ils s'apprêtaient à effectuer jusqu'à ce qu'enfin, ils lèvent les voiles.