𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟷𝟽 :
𝚃𝚎𝚗𝚜𝚒𝚘𝚗 𝚎𝚝 𝚝𝚛𝚊𝚑𝚒𝚜𝚘𝚗
"Des plus profond désir, naissent souvent les haines les plus mortelles." - Socrate
. . .
Assise dehors, face au lac, je ne ressens même plus le froid s'écraser contre ma peau. Je suis en train de me perdre dans un cauchemar, je laisse mes pensées obscures m'affaiblir. Les yeux rivés vers l'horizon, je ne regarde rien en réalité. Les seules choses que j'arriver à voir sont les images de cette nuit d'horreur.
Elles tournent en boucles, encore, encore et encore. J'ai beau fermer les yeux, j'ai beau essayer d'imaginer autre chose, je ne peux rien faire. Elles sont là et elles sont en train de ronger chaque micro-parcelle de mon être. C'est comme un feu de forêt. On éteint les flammes, pourtant la terre, elle, continue de brûler. Là, c'est la même chose.
En apparence, les flammes ne sont pas visibles. Pourtant, à l'intérieur, le crépitement de la braise me brûle et m'entraîne un peu plus profond dans les limbes.
Il pleut ce soir. Pourtant, je suis là. Les gouttes s'éparpillent sur mon corps, sur mon visage et, bêtement, j'espère qu'elles pourront faire taire cette douleur que je ressens au fond de moi.
– Tu devrais rentrer.
Sa voix ne me fait que soupirer. Je n'ai pas envie de rentrer. Pas maintenant, du moins. J'ai encore besoin de prendre un peu l'air et d'essayer de faire taire toutes ses voix dans ma tête.
La fête bat son plein, Oliver, Zack et Amanda ont même fini par se laisser tenter et doivent être en ce moment en train de faire je ne sais quel jeu d'alcool stupide. Mais moi, tout ça, je n'y arrive pas. Faire semblant que tout va bien dans le meilleur des mondes, je ne peux pas.
Enfin, je ne peux plus.
Alors, non, Seth, je ne rentrerai pas.
– Brooke, souffle-t-il.
– Laisse-moi tranquille, Seth.
J'entends ses pas sur le ponton en bois se rapprocher de moi et, bientôt, Seth est à ma hauteur. Il ne dit pas un mot. Il reste debout, bras croisés, à côté de moi.
– Un accident me suffit, dit-il simplement. Tu as bu et je préférerais que tu rentres plutôt que tu restes au bord du lac.
Je comprends tout de suite à quoi il fait référence et je ne peux pas m'empêcher de ressentir un pincement au cœur à l'entente de ses mots. Il a dit ça de façon tellement détachée, comme s'il avait fini par accepter ce qui s'était passé.
– Est-ce que tu t'en veux ?
Ma question est stupide, mais je n'ai pas réussi à la retenir. C'est évident qu'il doit s'en vouloir. Comment pourrait-on ne pas le faire ?
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FALL
Mystery / ThrillerÀ Princeton, Brooke, étudiante en biologie, voit sa vie chamboulée lorsqu'un meurtre survient le soir d'Halloween. Les soupçons se portent sur Seth, le frère jumeau de son petit ami Oliver, qu'elle déteste. Mais toute sa vie bascule quand un mystéri...