FALL

𝚃𝟸 | 𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟷𝟽 : 𝙻'𝚊𝚖𝚘𝚞𝚛 𝚘𝚞 𝚕𝚊 𝚑𝚊𝚒𝚗𝚎 ?

𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟷𝟽 : 

𝙻'𝚊𝚖𝚘𝚞𝚛 𝚘𝚞 𝚕𝚊 𝚑𝚊𝚒𝚗𝚎 ?

"Nous étions au bord de l'abîme, mais depuis, nous avons fait un grand pas en avant." - Pierre Daninos

🌶️ 𝕊 𝔼 𝕋 ℍ 🌶️

Debout, à deux mètres de moi, se tient la femme la plus belle, la plus courageuse et sûrement la plus redoutable que j'ai rencontrée dans ma vie. Si cette image d'elle devrait me suffire, elle vient de tirer la carte la plus forte du jeu.

Au jeu de la bataille, c'est l'As qui surpasse les autres. Dans ses mains, Brooke tient l'As de Pique. Noir comme mon cœur, tranchant comme mes mots. Pourtant, il y a une forme de douceur qui émane de cette carte. Une forme de tendresse, de pudeur, une dose d'amour noyée dans la noirceur.

Brooke ne connaît pas le gris, pourtant aujourd'hui, son cœur l'est. À moitié pur, à moitié obscurci, il s'ouvre à moi dans ce murmure. Le regard pétrifié qu'elle me lance me donne envie de l'enlacer, de la serrer si fort contre moi que je récupèrerai ses ombres que j'ai laissées sur son âme.

Dans ses yeux, ce brasier qui me consumait autrefois et en train de m'enflammer. Sur la table, elle ne vient pas de poser de l'argent. Non, elle vient de poser son cœur et son âme. La vague de chaleur qui m'envahit est déroutante et si je n'étais pas solidement appuyé sur mes deux pieds, je pourrais m'effondrer.

— Dé-désolée, je...

Elle s'excuse et en perd même ses mots. J'ai envie de lui hurler de ne pas le faire, mais je suis à présent muré derrière cette barrière invisible. Une barrière qui me sépare de son monde à elle. Un monde où les gens comme moi n'ont pas le droit d'y accéder. Alors, je repasse ses mots en boucle dans ma tête.

Et les miens s'effacent peu à peu dans les abysses qui se cachent derrière moi.

Je n'ai pas le droit de la laisser m'aimer, pourtant j'en meurs d'envie. Je n'ai qu'un pas à faire pour basculer dans son monde, qu'un pas à faire pour l'avoir près de moi.

Quelque chose s'allume en moi.

Il n'y a jamais eu de barrière.

Il ne peut pas y en avoir. Car Brooke est mon monde, celui que je me suis construit après l'avoir rencontré. Celui qui me maintient la tête hors de l'eau et qui me permet de respirer.

Alors, non, il n'y a pas de mur, pas de barrière. Il n'y a rien qui me retient sauf peut-être ma conscience. Mais je me fous des bonnes choses, je me fous des bonnes manières. Je suis un homme égoïste qui ne vit que par pulsion.

D'un pas précipité, je la surprends à m'approcher d'elle. Son sourire que j'aime tant n'est pas présent sur ses lèvres et j'ai le sentiment qu'elle aussi, pourrait s'effondrer à tout moment.

Le rappel à la réalité nous frappe de plein fouet quand mon portable se met à sonner sur la table basse. Je sais qui m'appelle, pourtant pour la première fois de ma vie je n'ai pas envie de lui répondre.