FALL

𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟹𝟺 : 𝚁𝚎𝚝𝚘𝚞𝚛 𝚖𝚘𝚞𝚟𝚎𝚖𝚎𝚗𝚝𝚎́

𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟹𝟺 : 

𝚁𝚎𝚝𝚘𝚞𝚛 𝚖𝚘𝚞𝚟𝚎𝚖𝚎𝚗𝚝𝚎́

"J'ai plus peur de nos propres erreurs que des plans de nos ennemis." - Périclès

Quand je suis rentrée à la fac, j'étais heureuse. Loin de Georgetown, loin de mon passé. J'étais loin de me douter de ce qui allait m'arriver. Cette année est de loin la plus décisive pour mes études. Et elle a été réduite en cendre.

— Pendant que tu dormais, j'ai établi une liste de tous les événements qui se sont passés depuis la mort de Marcus.

Amanda rentre dans la chambre et ne se soucie pas du fait que je sois assise à même le sol. En tailleur, j'examine toutes les notes qu'on a prises à notre retour de Newark. On n'a pas dormi plus de trois heures cette nuit et, d'un commun accord, on a décidé de rester dans notre chambre aujourd'hui pour tenter de comprendre ce qui nous arrive.

— Tiens, je t'ai pris un café.

Je la remercie d'un sourire et attrape le gobelet. Un café noir, exactement ce dont j'avais besoin. La chambre est sens dessus dessous, il y a des feuilles grossièrement arrachées partout sur le sol, devant moi, et tout ce qu'elle a acheté hier a déjà été bien entamé. Les pâtisseries du Sip'n Savor n'ont pas fait long feu et il y a encore cinq minutes, je m'enfilais une poignée de Pringles au paprika.

8 h 00. Est-ce que c'est normal ?

— J'ai envoyé un message à Alison, dis-je en prenant une gorgée de café. Elle arrive dans vingt minutes.

— Dans vingt minutes ? Je sais pas ce que tu lui as dit, mais tu gères !

À vrai dire, je n'ai pas eu besoin d'être plus insistante que ça. Quand je lui ai envoyé un message il y a dix minutes, elle m'a aussitôt répondu. J'ai juste eu à lui proposer qu'on se voie dans ma chambre et c'est elle qui a imposé l'heure.

Ça ne me rassure pas vraiment, pour être honnête. Car si elle est si réactive à mes messages, ce n'est peut-être pas pour rien. Et j'ai bien peur qu'elle nous apprenne des choses qu'on aurait, finalement, préférées ne jamais savoir.

— J'imagine qu'il va falloir qu'on fasse un peu de ménage, soupire-t-elle.

— Sauf si ça ne te dérange pas qu'elle voie ça, dis-je en secouant un papier avec écrit dessus « on aurait dû tuer Caleb ». En rouge. Et souligné.

Son petit rire diabolique me fait sourire. Amanda m'arrache des mains le papier et le froisse rapidement. Ouais, c'est bien ce qui me semblait.

— Elle t'a pas posé de questions ?

— Du genre ? Froncé-je les sourcils en la regardant s'installer à côté de moi.

— Bah, du genre « pourquoi tu veux me voir à 8h du matin ? » !

— Non, rien du tout. Et si tu veux tout savoir, c'est même elle qui a proposé de venir aussi tôt.

— C'est bizarre... Tu penses que Paul lui a parlé de nous ?