FALL

𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟸𝟽 : 𝚅𝚎́𝚛𝚒𝚝𝚎́

𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟸𝟽 : 

𝚅𝚎́𝚛𝚒𝚝𝚎́ 

"Parfois le mensonge exprime mieux que la vérité ce qui se passe dans l'âme." - Maxime Gorki

* * *

Après l'appel du corbeau, il m'a fallu plusieurs minutes pour m'en remettre. Allongée à même le sol sur un trottoir, nombreuses sont les personnes qui sont venues à mon secours. Si je n'avais pas envie de me donner en spectacle de la sorte, j'ai tout de même eu grand besoin d'aide pour me relever.

Complètement perdue, comme si je venais d'atterrir sur Terre, il a fallu que j'insiste pour que les personnes qui m'entourent n'appellent pas les pompiers. J'ai bredouillé plusieurs mots incompréhensibles et une jeune femme est restée avec moi, comprenant que j'étais « seulement » en train de faire une crise d'angoisse.

C'est d'ailleurs elle qui m'a conduit jusqu'à cet hôtel. Je me rappelle lui avoir demandé de m'amener à l'hôtel le plus proche et le moins cher de là où je me trouvais. Je ne sais même pas combien j'ai payé pour la nuit. Je ne sais même pas si j'ai payé tout court. Je suis seulement là, allongée dans un lit qui ne paye pas de mine, dans une chambre sans fenêtre et avec pour seule issue, la porte d'entrée.

J'attrape sur la table de chevet mon portable. Il n'y a aucune notification. Ni du corbeau, ni de Seth, ni de Warren ou d'Amanda.

23h et je relis encore, encore et encore ce dernier message que m'a envoyé Seth. Cette adresse où a lieu ce soir, la soirée organisée par Caleb.

Je ne crois pas que ce soit une bonne idée que j'y aille, mais je n'en peux plus de vivre dans cette situation. Je n'en peux plus de vivre dans le mensonge.

Alors, je lance l'application Uber et y rentre l'adresse. Trente minutes, trente-sept dollars. Est-ce une bonne idée de faire ça ? Évidemment que non. C'est, très certainement, la pire idée que je puisse avoir dans ma vie.

Et pourtant, j'accepte la course et un chauffeur valide dans la seconde ma prise en charge. Il sera là dans trois minutes. Tout juste le temps pour moi d'aller me passer un coup d'eau sur le visage et de descendre d'ici.

Il faut que je pense à noter l'adresse de l'hôtel sur un papier. Quoique, je ne pense pas y rentrer. Mes bagages sont en lieu sûr et je ne sais pas comment va se dérouler la soirée.

Peut-être que ça va être bien. Ou peut-être pas.

La logique veut que ça ne se passe pas bien. Après tout, je vais retrouver Caleb après six ans. Six ans que je le crois mort et voilà maintenant que je vais l'affronter seule. Du moins, je vais le confronter à cette réalité. Il est en vie. Il a menti à tout le monde, a probablement tué un homme pour quitter définitivement la ville. Mais surtout, il m'a pourri ma dernière année de lycée.

À cause de lui, tous mes amis m'ont tourné le dos. Parce que j'ai fait l'erreur de coucher avec cette pourriture. Il m'a tout pris. Ma virginité, ma dignité et mes amitiés.