𝚃𝟸 | 𝙲𝙷𝙰𝙿𝙸𝚃𝚁𝙴 𝟷𝟼 : 𝚃𝚛𝚘𝚞𝚟𝚎𝚛 𝚕𝚎 𝚌𝚘𝚞𝚙𝚊𝚋𝚕𝚎

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𝙲𝙷𝙰𝙿𝙸𝚃𝚁𝙴 𝟷𝟼 : 

𝚃𝚛𝚘𝚞𝚟𝚎𝚛 𝚕𝚎 𝚌𝚘𝚞𝚙𝚊𝚋𝚕𝚎





"Un fait hors de l'ordinaire est plutôt un indice qu'un embarras." - Arthur Conan Doyle





𝔹 ℝ 𝕆 𝕆 𝕂 𝔼


Allons manger. Voilà les derniers mots qu'il a prononcés avant qu'on entre dans ce restaurant, l'air de rien. Chez Joe, j'ai entendu parler de cet italien où la nourriture y est divine, mais jamais je n'aurai cru y venir avec Seth. Encore moins dans ces conditions, après m'avoir dit que j'étais son monde.

Mon monde, mon monde, mon monde.

Je tente de masquer ma respiration qui s'accélère.

Mon monde, mon monde, mon monde.

Ses mots repassent en boucle dans ma tête. J'aimerais les extraire, j'aimerais qu'ils partent et qu'ils ne reviennent jamais. Mais c'est trop tard. Seth a prononcé ces deux mots d'une façon si naturelle. Comme si ma question pour savoir ce que j'étais pour lui était insensée. Comme si la réponse était logique, déjà toute faite dans son esprit.

J'ai compris qu'il ne voulait pas me le dire, qu'il avait franchi la barrière qu'il s'était interdit de franchir. Mais il l'a fait.

Je suis son monde.

Et je ne sais pas comment réagir face à ça. Je ne sais pas ce que je dois lui répondre ni s'il attend vraiment une réponse de ma part. Car je ne saurai décrire Seth et ce qu'il représente pour moi. C'est au-delà de tout ce que j'ai vécu jusqu'à présent.

Autour de moi, le monde continue de tourner. Pourtant, le mien s'est arrêté. Les discussions ne s'arrêtent pas, les éclats de rire persistent et moi, je suis plongée dans cette torpeur sans savoir dans quelle direction je navigue. Au milieu des abysses, je suis perdue.

Au milieu de son monde, je m'anime.

— Brooke.

Sa voix est lointaine alors que je peine à reprendre le contrôle de moi-même. Ma respiration saccadée est masquée par le bruit environnant. Le tintement des verres, le rire de ses femmes assises à quelques tables de nous, la bouteille de champagne qui vient d'être ouverte par ce serveur d'une quarantaine d'années peut-être. J'entends tout, mais je ne vois plus rien.

— Brooke, je te parle !

Comme si j'ouvrais les yeux pour la première fois, la lumière m'éblouit. Je porte à mes lèvres le verre d'eau devant moi et déclare dans un long soupir :

— Pardon, tu disais ?

— Qu'est-ce que c'est chiant de traîner avec toi, lève-t-il les yeux au ciel. Je disais qu'après on irait à Newark. Je dois récupérer des affaires dans mon appartement.

— Récupérer des affaires, ouais... Ok, hoché-je vivement la tête en tentant de reprendre mes esprits.

— Warren y sera sûrement déjà. Enfin, s'il veut bien répondre à mes messages.

FALLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant