16. Embrasser les Souvenirs

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AARON

Je lâche un grognement et récupère mon oreiller en sentant la lueur dorée du Soleil sur mon visage. L'inconvénient de cet hôtel – et il est relativement gros –, c'est qu'il n'y a pas de rideaux, ce qui me laisse à chaque fois les rayons du matin en pleine face alors que je pourrais rester dormir plus longtemps.

Néanmoins, je ne cherche pas à retenter ma chance et finis – à contrecœur – par sortir de mon lit. En un an, je suis loin d'être devenu une personne matinale ; toutefois, j'ai pris l'habitude de m'entraîner pour le football. Le coach m'a donné quelques exercices qui devraient me maintenir en forme pour la saison qui approche, alors je ne perds pas de temps pour les faire, une fois après avoir bu un peu d'eau.

Avec le temps, ça devient de moins en moins difficile de faire tous ces efforts à peine réveillé. Je dirais même que cette routine s'est installée en moi et, qu'à présent, c'est naturel. Et j'en suis fier parce que, même si rester ici, dans cette bulle, est tentant, je suis toujours aussi excité à l'idée de reprendre le football.

Une fois ma séance terminée, je me lave, mange un peu et me prépare pour cette dernière journée en Argentine avant de repartir droit dans l'Indiana. J'essaie de ne pas penser à ce que ça implique lorsque je referme ma valise déjà prête – il faut aussi dire que je n'ai pas réellement pris le temps de la vider.

Mon esprit repense malgré tout à ma brunette, celle dont je suis à la fois pressé et inquiet de retrouver. Aujourd'hui, c'est ma dernière occasion de savourer un instant avec elle et de peut-être créer quelques derniers souvenirs avant de revenir à la dure réalité où nos chemins se séparent. Parce que même avec sa proposition, je sais que rien ne sera pareil aux États-Unis ; tout sera tellement différent et ce moment en Argentine ne sera rien d'autre qu'un lointain souvenir.

J'ai l'impression que tout ce que nous avons vécu ici est à part et, qu'une fois de retour à la maison, on se rendra tous les deux compte que ce n'était qu'une erreur et que tout était mieux lorsque nous étions éloignés loin de l'autre.

J'ai tellement peur de me rendre compte que ce séjour n'était qu'une illusion et que rien n'a changé. Pourtant, lorsque je franchis la porte de ma chambre, je crois surtout que ce temps, éphémère ou non, en est un dont je veux profiter jusqu'à la dernière seconde. Alors je ne recule pas. J'avance droit vers la voiture, droit vers la maison de sa famille, droit vers elle, qui doit sûrement m'attendre.

Je me gare à ma place habituelle et lui envoie un rapide message avant de descendre de la voiture. Comme à chaque fois, la maison devant moi est accueillante et remplie de vie. Mes jours ici m'ont plutôt surpris. Je ne pensais pas autant m'attacher à ce pays et à cette petite ville, près de Buenos Aires. Mais c'est bien le cas, et ça doit être en partie parce qu'elle est tellement accueillante et joyeuse. Je suis incapable de me sentir triste, entouré par tellement de bonne humeur.

— Oh, tiens, Aaron !

Appuyé contre la voiture, je m'attends à voir Alison, mais c'est Camila que j'aperçois, un sourire aux lèvres. Avec des affaires en main, elle s'approche de moi.

— Tu viens chercher Alison ?

— C'est ça, oui. Tu sais si elle est prête ?

Elle hoche les épaules.

— Elle devrait bientôt arriver, ne t'inquiète pas.

Je hoche simplement la tête, le regard déjà de retour sur la porte d'entrée que j'observe avec grande attention.

— Tu sais, elle t'aime vraiment beaucoup.

Je la regarde dans les yeux, intrigué par ce qu'elle a à me dire.

Sensitive Love V : RemontéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant