02. La Proposition

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ALISON

La journée d'hier a été riche en émotion.

Après avoir discuté avec mon abuelaj'imagine que je vais devoir peu à peu m'habituer à l'appeler comme ça –, j'ai fini par saluer tous les autres. Tous ces oncles et ces tantes que mon père n'a jamais souhaité que je voie. Tous ces cousins et cousines avec qui je n'ai jamais eu l'occasion de parler. Tous ces membres de la famille de mon père que j'ai tant espéré rencontrer un jour. Je l'ai enfin fait.

Je ne peux pas cacher le fait que j'en étais dépassée, au début. Dépassée par tous ces prénoms à apprendre, à toutes ces relations à retenir, mais surtout à cette nouvelle famille à laquelle je dois me faire.

Après avoir passé autant seule, sans plus aucune famille, en retrouver une aussi nombreuse a le don de me faire légèrement flipper. J'ai pu compter le nombre de personnes et autant dire que je peine à réellement réaliser la chose. En tout, j'ai dénombré cinq oncles, six tantes, dix-sept cousins, vingt-et-une cousines ainsi que dix autres membres un peu plus éloignés.

J'imagine que ç'aurait pu être pire.

Tournant sur le côté, je tombe sur le réveil qui affiche six heures trente ; j'ai pu dormir cinq heures, ce qui est un exploit, ces derniers temps. Autour de moi, j'observe les autres enfants avec qui je partage une chambre. La maison possède énormément de pièces, mais c'est loin d'être suffisant pour une famille aussi grande.

Nous sommes six dans la chambre et j'ai pu récupérer le lit bas d'un des lits superposés. Les petits présents ont discuté jusqu'à tard la nuit et le fait qu'ils le fassent en espagnol m'a pas mal épuisée puisque j'ai dû fournir un effort pour suivre la conversation, mais j'ai rapidement fini par dormir, comprenant que ça ne servirait à rien. Ce matin, ils ont l'air plongés dans un profond sommeil, ce qui m'indique qu'ils ne se sont pas couchés si tôt que ça. Mais ce sont les vacances d'hiver pour eux, alors j'imagine qu'ils ne font que profiter de l'occasion.

Plongée dans l'obscurité, j'ai le réflexe de saisir mon téléphone afin de vérifier mes dernières notifications. Me redressant sur le lit, j'essaie de ne pas le faire grincer tout en cliquant sur le dernier message que j'ai reçu : Takeshi.

TAKESHI :

J'espère que tu vas mieux.

Je souris légèrement à ce message qui me serre malgré tout le cœur. Il est toujours aussi concis dans ses paroles, mais ça n'empêche pas de me toucher. Je sais qu'il est toujours inquiet pour moi après ce qui s'est passé et, pour être honnête, je le suis tout autant.

Je suis encore incertaine, encore faible et perdue. Bien sûr que j'essaie d'aller mieux, mais l'espoir et les actes sont deux choses bien distinctes.

MOI :

Tu sais bien que ce sera le cas.

C'est tout ce que je lui réponds avant d'éteindre mon écran, étant consciente que je n'ai rien d'autre à répondre. Rangeant mon téléphone dans la poche de mon jogging, je bascule sur le côté afin de sortir du lit le plus discrètement possible. À travers cette nuit profonde, j'ai du mal à me repérer, mais je parviens à le faire avec le simple appui de mes mains.

Une fois dans le couloir, je dois également faire attention à bien m'orienter dans le but d'atteindre le rez-de-chaussée, ce que je fais en quelques minutes et après m'être trompée trois fois – je n'ai jamais été bonne en orientation.

En bas, tout est aussi silencieux qu'à l'étage. Après avoir passé la soirée entière ensemble, les adultes sont retournés chez eux ou dans des hôtels alentours tandis que seuls les enfants sont restés ici ainsi que ceux qui habitent dans cette maison. J'ai cru comprendre que c'était la maison familiale dans laquelle tout le monde se retrouve à chaque vacance.

Sensitive Love V : RemontéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant